Tu seras un saumon, mon fils... - Actualité manga
Dossier manga - Tu seras un saumon, mon fils...

Quelques ouvertures

On peut considérer Tu seras un saumon, mon fils... clôt par la manière dont les thèmes forts de la série trouvent une issue. En effet, l'élément déclencheur du premier volume trouve une fin qu'il est difficile de remettre en question, ce qui permet de refermer le dernier tome de la série en ayant l'esprit satisfait. Pourtant, à bien y regarder, Shôhei Sasaki aurait pu étoffer son œuvre d'un tome ou deux de plus puisque certaines pistes demeurent non exploitées, ou manquent de développement. En premier lieu, la relation entre Shion et Iku, déléguée de sa classe et demoiselle dont il est amoureux, aurait pu trouver un aboutissement plus convainquant, notamment parce que la jeune fille court après le lycéen depuis le premier volume. Au terme de la lecture, on restera alors avec cette frustration d'une idylle qui aurait pu aller plus loin, plutôt que servir l'humour avant toute chose.

Enfin, le mystère de papy Hachirôgata constitue une véritable énigme. Ce dernier, presque mystique au début de la série, se dévoile progressivement sans qu'on comprenne vraiment ses origines. Il y a presque une mythologie qui se développe dans la conclusion de l’œuvre, et il faut reconnaître que la nature mi-homme mi-poisson de ce papy Hachirôgata pique l'intérêt du lecteur... sans que de résolution véritable soit proposée.

Toutefois, étant donné la fin de la série qui achève l'ambition phare de l’œuvre, difficile de penser à une fin expédiée. Shôhei Sasaki s'est volontairement concentré sur les aspects symboliques de sa série, certains éléments comme papy Hachirôgata servant l'humour et n'étant pas voués à être pris au sérieux.

Shôhei Sasaki au sommet de son art

Depuis Virgin Dog Revolution, l'auteur a donné beaucoup de profondeur à son trait. Nous l'avons évoqué précédemment, son coup de crayon garantit le grotesque de sa série, ce parce que Shôhei Sasaki cherche un certain réalisme qui aboutit très souvent à des faciès improbables et des minois complètement ahuris. A ce titre, l'auteur crée parfois un certain décalage dans sa mise en scène, où le dramatique se trouve chamboulé par la construction hilarante des personnages, ce qui contribue aussi à l'humour du titre. On se surprend même à revenir quelques pages auparavant et contempler cette manière si brillante de créer des visages aux airs abrutis, ce qui tend aussi à rendre les personnages moins lisses et souvent proches du réel. En effet, difficile de se montrer élégant quand on pleure à chaudes larmes, bien au contraire.

Outre les personnages, il y a aussi la construction globale des planches qui épate dans Tu seras un saumon, mon fils... En effet, Shôhei Sasaki développe la moindre de ses cases et ne laisse presque pas de place aux vides. Chaque page est construite par des environnements et des décors, tant d'éléments visuels qui facilitent notre immersion dans le titre. L'un des objectifs de la série est de nous propulser dans le quotidien de Shion, Sauman et Ginji, un quotidien qui se construit la plupart du temps chez le fameux Ginji. Insister sur les environnements rend crédible notre expérience de lecture, si bien qu'on se croirait parfois, nous même, à l'intérieur du domicile des Itô. Et quand les décors se font discrets, c'est pour davantage insister sur les trames et autres effets visuels qui garantissent le dynamisme de l'action, ce qui tend à mettre en mouvement la série à chaque instant et ne pas la rendre statique.


© Shohei Sasaki / Kodansha Ltd.

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