Graphismes et Adaptation
Transparent est la première série de l’auteur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette inexpérience se ressent malheureusement sur son dessin. On ressent également l’influence de Yumiko Suzuki, son trait tirant parfois vers un style josei. Ainsi, dans les premiers temps, on dénote de nombreuses maladresses. Les visages ne sont pas très bien équilibrés, ont des expressions involontairement grimaçantes, et quelques problèmes de proportions sont également à déplorer. Au fur et à mesure, l’auteur prend le pli du rythme mensuel et une certaine régularité commence à se ressentir dans le graphisme qui s’améliore quelque peu, sans toutefois atteindre des sommets.
Toutefois, une fois habitué au trait si particulier de l’auteur, la série se suit agréablement. Il faut dire que la réflexion primant sur l’action, on savourera la lecture du manga comme celle d’un roman. Quant au syndrome de Transparence en lui-même, il est explicité par des phrases sortant de la tête des héros, en lettres majuscules et en caractères gras, surchargeant le dessin. De ce côté-ci, si l’édition proposée par Glénat est correcte, on dénote parfois quelques idéogrammes mal supprimés, ou à l’inverse, des dessins non retravaillés après effacement. Il ne s’agit là néanmoins que d’un défaut mineur qui ne gêne que très peu la lecture.
Autour de Transparent
Si Makoto Sato a livré une œuvre très intimiste
et personnelle, le manga Transparent a tout de même connu un certain
succès d’estime au Japon. En outre, le potentiel scénaristique du sujet
de départ, le réalisme du monde décrit par l’auteur et la profonde
psychologie des personnages étaient une base très solide pour
l’adaptation de l’œuvre sous la forme de fictions en prises de vues
réelles.
Le film
Il n’aura pas fallu
bien longtemps pour que l’idée du projet cinématographique naisse dans
l’esprit des responsables éditoriaux de la série. Ainsi, en 2001, alors
que le second tome du manga n’était même pas encore sorti, le film
Satorare : Tribute a Sad Genius apparaissait dans les salles
obscures nippones.
Le
scénario du film reprend l’histoire des premiers chapitres du manga, en
fusionnant habilement certaines situations. Ainsi, l’agent Yoko Komatsu
est assignée la surveillance d’un jeune médecin, Ken’Ichi Satomi,
travaillant dans un hôpital isolé, et qui se trouve être le septième
transparent recensé au Japon. De ce fait, à la réflexion sur
l’introduction d’un tel phénomène dans le milieu hospitalier (violation
du secret médical, annonce de maladies graves) se mêle l’intrigue
amoureuse qui concernait Nishiyama dans le manga. Les différents lieux
clés de la série (le Bureau, la Terre des transparents, l’île)
apparaissent également et on ne peut être que comblé devant le respect
de l’esprit de l’œuvre originale. A la réalisation, on retrouve
Katsuyuki Motohiro, réputé pour son talent à la mise en scène et à
l’amour qu’il porte généralement à ses acteurs. Le casting comprend
d’ailleurs quelques célébrités, avec dans le rôle du docteur Satomi :
Masanobu Ando (Battle Royale, Sukiyaki Western Django, Sakuran,…), et
dans celui de l’agent Komatsu : Kyoka Suzuki (qui a remporté le prix de
la meilleure actrice en 1998 au Festival du Film de Yokohama). Loin de
la surenchère habituelle de sentiments auquel le cinéma japonais peut
nous habituer, les différents acteurs ont un jeu très juste et portent
cette histoire avec beaucoup de simplicité et de sensibilité. Même si
l’on peut regretter le caractère grandiloquent de certaines scènes, on
retrouve le même esprit que dans le manga, ce mélange d’humour
burlesque, de mélancolie à fleur de peau et porté par un esprit
résolument optimiste malgré la critique conséquente du monde qui est
apportée. Espérons qu’un jour ce chef d’œuvre bénéficie d’une sortie
française !
La série télé
C’est
au cours de l’été 2002 qu’est apparu la série télévisée Satorare,
passant alors du grand au petit écran. Ce drama en dix épisodes s’appuie
sur une trame semblable au film sorti un an plus tôt, se focalisant sur
le même héros, Ken’Ichi Satomi. Pourtant, l’ambiance est sensiblement
différente : ici, on joue d’avantage sur le registre de la comédie
sentimentale légère et humoristique dans un milieu hospitalier, à la
manière d’un Grey’s Anatomy, mais avec beaucoup moins d’efficacité. La
réalisation pâtit en effet d’un côté trop mièvre et les scènes
burlesques sont trop appuyés. Le docteur Satomi est cette fois incarné
par Joe Odagiri (Kamen Rider Kuuga, SHINOBI, Blood and Bones,…) mais
peine à l’incarner aussi bien que Masanobu Ando, multipliant les
mimiques trop appuyées. Mais si elle ne fait que survoler la thème de
l’œuvre originale, la série reste toutefois fort sympathique à suivre et
constitue une entrée en matière intéressante.
Le guide
Cerise
sur le gâteau, en mars 2004 le manga est complété par un livre consacré
au background de Transparent : Sekushi Satorare. Un honneur
ordinairement réservé aux séries très populaires et aux grands
dessinateurs, mais le succès des supports filmiques a du contribuer à
l’élaboration de cet ouvrage. A la rédaction, on trouve Yuki Yuu, un
illustre professeur en psychologie auteur de nombreux essais très
populaires, publiés dans de nombreux pays. On devine alors que la
réflexion psychologique autour du phénomène de transparence doit y être
analysée de fond en comble, et prouve, une dernière fois, toute la
richesse de cette série !
Conclusion
Partant d’une idée terriblement originale, mais
amenée avec une grande crédibilité grâce au réalisme de la narration,
Transparent nous propose de suivre le destin d’êtres hors du commun qui
n’ont pas conscience de leur génie, et qui apparaissent comme le miroir
d’une société contemporaine basée sur le mensonge et le politiquement
correct. De par la diversité des personnages et des situations, tout
lecteur parviendra à trouver son compte et à s’identifier à l’une ou
l’autre des situations. Le titre est à l’image des héros maladroits
qu’il décrit : la narration est parfois maladroite, le trait hésitant,
mais on accepte ces petits défauts très facilement. Traité avec une
grande profondeur et un certain recul, le ton résolument enjoué de
l’œuvre permet de s’y replonger à plusieurs reprises sans jamais
éprouver de lassitude. On referme ainsi chaque tome l’humeur légère,
tout en gardant à l’esprit la douce morale que nous propose l’auteur,
sur notre rapport aux autres et sur nos propres sentiments refoulés.
Même si, au final, une seule question habite notre esprit : et si
c’était vrai ?
Mise en ligne le 04/09/2009.
Mise à jour le 18/05/2012.
Fiche de la série: Transparent
Fiche de la série VO: Satorare
Fiche de l'auteur: SATO Makoto
Dossier réalisé par Tianjun
De Chamine [1437 Pts], le 07 Septembre 2009 à 11h42
Bravo pour le dossier lu en diagonal comme tout les autres dossiers !
Oui je me pencherais sur ce cas... Bientôt... =D
De Tianjun [5081 Pts], le 04 Septembre 2009 à 18h55
Merci à vous pour vos commentaires ! ^^
Effectivement, cette série est une de mes favorites, et pour un premier dossier ça me tenait à coeur de la faire découvrir. Apparemment ça a l'air d'avoir fonctionné chez certains ! ^__^
De Neya [467 Pts], le 04 Septembre 2009 à 17h58
Un dossier vraiment bien structuré (apparement c'est une première, alors bravo! ^u^) et qui donne envie de découvrir la série!
De NiDNiM [912 Pts], le 04 Septembre 2009 à 15h53
Petit Tianjun est devenu grand *.* Bravo pour tout le travail que tu as fourni, j'aime beaucoup le résultat. C'est un très bon dossier, efficace et sans fioritures inutiles. Bref, que du bon. Félicitations pour ton premier ^^' (Et si je veux vraiment paraître chiante, je dirais qu'il reste les petites répétitions et maladresses de tout exercice d'écriture, mais rien de bien méchant au contraire). J'ai eu beaucoup de plaisir à te lire, et maintenant j'attends beaucoup de la série (que je lirai, je te promets ! Un jour ...) :D
De Steph121 [1069 Pts], le 04 Septembre 2009 à 12h01
Un bon dossier digne du manga, j'espère qu'il donnnera l'envie de le découvrir à d'autres. Je me souviens quand je dévorai chaque tome à sa sortie, et et des émotions ressentis. Un chef d'oeuvre scénaristique trop méconnu.
De shinob [127 Pts], le 04 Septembre 2009 à 11h31
Effectivement, c'est un dossier qui donne envie de découvrir la série... Bravo à son auteur ^^
De Sheejhaumn [2177 Pts], le 04 Septembre 2009 à 11h02
Bon dossier, ça donne envie ! Alors que jusqu'à présent, les graphismes me rebutaient totalement (vraiment pas mon style...)