Sweet Relax

In touch with your emotions

   
La prémisse de départ repose sur la passion de la jeune Chiaki pour le shiatsu, et ce dernier n’est jamais éclipsé, même si parfois un peu mis à l’écart. Relativement méconnu chez nous, le shiatsu présente des vertus thérapeutiques indéniables et surtout naturelles par rapport à nos médecines occidentales. Ainsi, sans s’assimiler à un style du genre « le shiatsu pour les nuls », le manga s’en sort très bien dans son côté didactique, nous faisant découvrir certaines facettes et exigences de cette pratique, notamment quelques-uns des différents tsubos (point d’énergie du corps) qui jouent un rôle primordial dans notre vie et dans notre santé. On apprend de cette manière quelques points de pression et quelques petits trucs afin de pouvoir apaiser des petits bobos de la vie de tous les jours, tels maux de tête, frilosité, etc. Plus fort et plus sain que de se bourrer de médicaments, en tous les cas. Les informations sont souvent complétées par des mots de l’auteure ou bien des bonus de l’éditeur  en fin de tome, très instructifs et intéressants, comme toujours chez Akata. Après lecture, on a réellement envie de se rendre chez un de ces praticiens aux doigts de fée. Même s’ils ne sont certainement pas aussi mignons/mignonnes que les personnages du manga.

En dehors d’un aspect purement pratique et de circonstances pour mettre en scène des situations parfois un peu bizarres et loufoques, le shiatsu est aussi une part importante de ce bien-être qu’on ressent à la lecture du manga. Dans nos sociétés actuelles qui visent à aller toujours plus vite et à toujours plus de productivité sous peine d’être laissé à la traîne rapidement, ce mode de vie génère un stress important. Et avec les nouvelles technologies qui plus est (Gsm et internet), le contact humain véritable peut se perdre très rapidement, même entre amis proches. Difficile de ressentir une réelle empathie quand on n’a plus les personnes en face de nous et qu’on est caché par son écran d’ordinateur. Le shiatsu dans ce titre peut être vu comme un moyen de rapprocher les gens entre eux, de les soulager un peu de leur fardeau pour quelques temps, et surtout, de recréer un vrai contact humain, que certains auraient eu bien du mal à trouver ailleurs.

Le shiatsu apporte également une énergie et un contraste intéressant dans la relation entre Chiaki et Yôsuke, la jeune fille par exemple n’hésitant pas à se jeter sur le corps de son aimé quand il s’agit de le masser, mais le moindre geste amoureux, même aussi banal que de se prendre la main, semble parfois insurmontable. Le massage amène ainsi des tas de petits moments drôles, touchants, et qui parfois, en disent longs sur les difficultés dans la vie quotidienne de ceux qui le pratiquent.
Quelque part, le manga nous demande d’écouter nos émotions, de ne pas se cacher, et d’être à l’écoute des autres, car il y aura toujours quelqu’un, quelque part, pour nous accepter. Alors courage Mihime, Ryu et Sakurano ! Et Yuna et Takeshi aussi, tant qu’à faire !
 
 

 
 
 

Douceur de vivre

 
L’impression qu’on retiendra certainement d’un tome de Sweet Relax, c’est une sensation de bien-être et de paix, malgré quelques petits moments plus sombres. L’auteure est très douée pour les séquences émotion, pour mettre à nu les sentiments de ses personnages, d’autant plus que le contexte de son univers y est favorable. Une sensation que les propos viennent du cœur, renforcée par le découpage parfaitement maîtrisé, et qu’il se dégage une forme de pureté de l’ensemble. Que ce soit dans les dialogues, dans le découpage des planches, dans l’ambiance générale, dans les yeux des personnages et leurs réactions. Izumi Tsubaki a un style bien à elle, très efficace dans les regards ainsi que dans les séquences dynamiques, parfois un peu maladroit au niveau des proportions dans les deux premiers volumes, mais qui va sans cesse en s’améliorant, et dégage un quelque chose d’indéfinissable et très agréable et prenant. 

Je reviens encore sur cet exemple, mais le tome 4 représente réellement un des moments les plus touchants de la série et illustre parfaitement ce que l’auteure est capable de faire dans l’émotion douce et amère. La relation entre Natsue et Harumi est tout en tendresse et en subtilité, peut-être trop en acceptation devant les réalités de la vie, mais c’est une bonne chose également d’avoir un autre point de vue de ce qui fait une relation. D’autant plus qu’ils sont bien décidés à ne pas laisser la vie les séparer, et si ils ne peuvent être ensemble maintenant, ils le seront certainement dans l’avenir.
On peut aussi évoquer la relation entre Sanae et Takeda, deux personnages complètement secondaires qu’on voit très peu, mais dont la seule scène du moment où ils se dévoilent l’un à l’autre reste dans les mémoires. D’ailleurs, les deux personnages sont bien classés dans le classement de l’auteure dans l’ordre de préférence de ses personnages secondaires préférés, ce n’est pas anodin.
La fin contient également son moment d’émotion. L’impression que l’auteure a réellement vécue aux côtés de ses personnages, et au moment de les quitter, elle est sans doute aussi triste que ses lecteurs qui se seraient attachés à cette formidable galerie.

Bien sûr, l’humour fait partie de ces émotions indispensables au bien-être humain, et de ce côté-là, la mangaka n’est pas en reste (si on accroche à son style, mais c’est comme pour tout), avec un tempo très dynamique, basé sur les particularités et les névroses de certains de ses personnages, où bien justement leur trop grand flegme face à certaines situations survoltées, mais tout en restant très crédibles dans les sentiments ressentis, même si rarement exprimés dans la vraie vie (à tort parfois).
Sans conteste, on ressent l’implication et la personnalité de l’auteure, qui a su s’imposer sans rien bouleverser dans l’absolu, ce qui est admirable à bien des égards pour une première œuvre, et n’augure que du bon pour l’avenir.