Sorcière et Ténèbres - Actualité manga
Dossier manga - Sorcière et Ténèbres

Un parcours compliqué et une fin en demi-teinte


Sorcière et Ténèbres est une lecture assurément divertissante et pleine de jolies idées. Et pourtant, à l'arrivée, il paraît difficile de ne pas rester un peu sur sa faim.

En effet, comme expliqué dans la postface du deuxième volume, on sent malheureusement que la série a connu au Japon un parcours un peu chaotique dans sa dernière phase : après avoir dû laisser de côté pendant 7 ans la série après deux tomes (et alors que le troisième volume était déjà bien avancé), ce n'est qu'avec la réédition au Japon que Hiroko Nagakura a pu boucler son récit en lui créant des années plus tard une simili-conclusion. "Simili", car concrètement il y a bien une fin, mais elle laisse pas mal de choses en plan au niveau de la quête principale de Kokuyô, et n'exploite finalement que très peu certains personnages pourtant prometteurs (on pense notamment aux trois grands-mères de Hitsuji).

Il ne faut donc pas s'attendre à une conclusion très satisfaisante, mais faut-il bouder la série pour autant ? Hé bien peut-être pas, car jusqu'au bout, celle-ci reste divertissante, bien rythmée, dotée de héros hauts en couleur, et intéressante pour voir se poser les bases de ce qui fera le charme de la patte Nagakura sur sa série suivante, Rudolf Turkey.





La patte de Nagakura


En dehors de la narration qui est franchement bien menée pour une première oeuvre, le style de Nagakura sur Sorcière et Ténèbres respire quand même la jeunesse et le manque d'expérience, surtout au début. Globalement, son coup de crayon est plutôt simple et est assez inégal. Pourtant, on y voit déjà un style se forger peu à peu, avec quelques planches beaucoup plus jolies, un travail intéressant sur le look de certaines créatures, et des personnages qui, comme les trois mamies, peuvent avoir de la gueule. Dans tous les cas, Nagakura sait très bien adapter son trait aux ambiances voulues, et peut même soudainement installer une atmosphère profondément plus dramatique, à l'image de la première page du chapitre 6 qui installe avec émotion, en seulement quelques cases, tout le drame de la vie du brave Morio.

L'autre grande qualité du récit est de mêler à merveille les ambiances. Sombre de par les desseins des sorcières noires, les mésaventures de certains personnages secondaires où le passé de Kokuyô, l'ambiance peut soudainement changer via quelques gags légers ou débiles, ou être aérée par les bouilles exagérément adorables de Hitsuji. Le cocktail marche étonnamment bien, et reste l'une des marques de fabrique de Nagakura puisqu'il sera aussi bien utilisé dans Rudolf Turkey. Et là aussi, la couverture tout en contrastes (la maison et le titre colorés, alors que le fond est noir uni) symbolise bien ces changements de ton.

Même si le look des personnages reste globalement assez basique et inégal, Nagakura parvient toujours à bien les démarquer et à les rendre expressifs. Toutefois, ce sont bien son sens du rythme et du rebondissement ainsi que ses trouvailles visuelles plus originales qui captent l'attention. Sur ce dernier point, Nagakura livre plus d'une fois des designs et décors bien trouvés, bien encrés, qui participent efficacement à l'atmosphère.
  
  
  


© 2015 Hiroko Nagakura / PUBLISHED BY KADOKAWA CORPORATION ENTERBRAIN

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