Atelier des fées (L') Vol.1 : Critiques

Yōsei no Okyaku-sama

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 21 Octobre 2025

Le mois de septembre a vu la collection Le Renard Doré des éditions Rue de Sèvres lancer en France un nouveau court manga en deux tomes avec L'atelier des fées, toute première publication française d'Akane Wakita, une mangaka qui poursuit tranquillement sa carrière dans son pays d'origine depuis 2011. De son nom original "Yōsei no Okyaku-sama", cette oeuvre fut initialement lancée au Japon en 2019 sur le site Kurage Bunch des éditions Shinshocha, avant d'être stoppée et reprise en 2020 par les éditions Futabasha via leur site Web Action, pour finalement s'achever en 2022.

Cette histoire nous immisce dans une petite ville calme du Japon, auprès de Kyôko Fujino, une couturière qui, au sein-même de sa maison, gère son atelier-boutique de couture: l'Atelier Mauve, où elle associe jour après jour le travail et la passion pour la couture. Bien qu'elle suscite l'admiration de son entourage par son grand talent, elle préfère rester dans son quotidien paisible, loin de l'esprit de compétition de la ville qui n'est sans aucun doute pas fait pour elle. Certes, parfois l'inquiétude est là sur la subsistance de l'atelier, mais quasiment toujours ce sont la gaieté, la joie et surtout le plaisir de créer qui l'emportent. C'est ainsi que la jeune femme parvient à séduire ses clientes, notamment en s'inspirant beaucoup des fleurs et des insectes pour concevoir les motifs de ses modèles, tant elle les trouve gracieux... alors, que se passera-t-il lorsque, surprenamment, elle reçoit la demande d'une toute petite cliente qui ressemble à la fois à un belle abeille et à une jolie fleur ?

Kyôko reçoit effectivement, un jour, la visite d'une fée, qui dit se nommer Princesse, et qui aimerait qu'on lui taille une robe dans une fleur d'ipomée ! Derrière la surprise initiale, la jeune femme, touchée par cette rencontre hors du commun et toujours nourrie par sa passion pour la couture et par son envie de faire plaisir, accepte gratuitement la demande de ce tout petit être qu'elle est visiblement la seule à percevoir, les autres la voyant comme une abeille. Ravie, la petite fée revient alors régulièrement à l'atelier, à la fois fascinée par la couturière, et désireuse de rendre la pareille à celle-ci, jusqu'à même devenir son assistante...

Tranche de vie fantastique qui baigne majoritairement dans une ambiance très positive, paisible et bienfaisante avec son parfum de partage et d'amitié entre les deux héroïnes, L'atelier des fées voit Akane Wakita, sur ce premier tome, beaucoup s'appliquer à mettre en valeur les deux principales caractéristiques de son oeuvre, à savoir bien sûr l'immersion dans l'univers de la couture et la nature féérique de la petite Princesse.

Sur le premier plan, peut-être aurait-on pu imaginer un peu plus de détails "techniques" sur la couture et sur la conception par Kyôko de ses modèles, néanmoins le résultat reste très plaisant non seulement grâce à l'ambiance agréable où l'on sent vraiment que la couturière allie le travail et la passion sans trop de pression et toujours avec le désir de rendre ses clientes heureuses, mais aussi grâce au dessin qui, s'il manque parfois de détails dans les décors et de motifs dans les tenues, dégage toujours quelque chose de ravissant, le style clair et très expressif/communicatif de la dessinatrice n'étant pas du tout étranger à cette belle impression.

Et sur le deuxième plan, il semble très difficile de ne pas s'attacher à Princesse car, au-delà de sa toute mignonne silhouette gracile qui est propice à quelques tenus adorables, la petite fée montre à la fois une personnalité très curieuse et très reconnaissante, ce qui l'amène à vouloir ensuite aider du mieux qu'elle peut à Kyôko qui, naturellement touchée et attendrie par sa nouvelle amie si peu commune, lui confie des petites tâches correspondant à son gabarit de fée. Et bien que celle-ci soit parfois maladroite car elle doit apprendre, l'humaine ne lui en tient pas rigueur, l'encourage même à sa manière avec bienveillance, si bien que Princesse a toujours à coeur de faire de son mieux, en prenant même des notes pour mieux apprendre. Et ça, on le ressent notamment très bien quand la mangaka a la bonne idée de cadrer son récit à l'échelle de la petite fée, où tout semble si grand depuis son point de vue !

Les choses pourraient facilement s'arrêter là dans cette tranche de vie, et pourtant la mangaka, dans la dernière partie du tome, finit par montrer un désir d'aller un peu plus loin, dès lors que certains problèmes plus sérieux arrivent concernant Princesse, sa vraie condition et son avenir: non seulement cela donne un nouveau sens au fait qu'elle soit prise pour une abeille au départ, mais en plus cela pourrait permettre à l'autrice, par la suite, de proposer un certain message d'émancipation face à la rigidité de certains diktats. Mais pour voir si ce sera pleinement le cas, il faudra patienter jusqu'au deuxième et dernier tome ! En attendant de voir ça, on a droit ici à un premier volume très charmant et agréable dans l'ensemble !

Du côté de l'édition française, enfin, on reste dans la lignée habituelle de cette collection avec un grand format, une sobre jaquette soigneusement et fidèlement adaptée de l'originale japonaise par Cerise Heurteur et Rue de Sèvres, une bonne qualité d'impression sur un papier souple, assez épais et suffisamment opaque, quatre belles premières pages en couleurs, un lettrage propre, et une traduction très agréable de la part de Fédoua Lamodière.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.75 20
Note de la rédaction