Sleeping Charon - Actualité manga
Dossier manga - Sleeping Charon

Un récit marqué par l'ambiguïté


Et c'est précisément le passé et la nature initiale du jeune garçon qui offrent à Sleeping Charon l'un de ses autres gros points d'intérêt: son ambiguïté. Et à partir de là, sachez qu'il faudra spoiler certaines révélations (qui arrivent dans le tome 1, donc assez vite quand même) pour mieux parler du sujet.

Petit à petit, la vérité se dessine donc concernant le petit garçon à la bouille ronde surnommé le "Prince" par Charon, mais aussi sur l'adorable petite fille elle-même et sur le monde à mi-chemin entre rêve et cauchemar dans lequel ils sont: le "Prince" était dans la réalité un serial killer sanguinaire, et son corps sans vie a été récupéré par une victime qui, ivre de vengeance, a connecté directement son cerveau à "Charon", un système reproduisant l'enfer où la candide fillette est avant tout celle qui est chargée de lui offrir une sentence pire que la mort...





Face à sa culpabilité


Dans le tome 2, le "Prince", conscient qu'il est pris dans cette folie, et sur conseil de la mystérieuse Mary, tente alors de fuir Charon en se dirigeant vers le sous-sol où il pourrait en apprendre plus, lui qui ne se souvient de rien. Le tout, en croisant la route de nombre de victimes oubliées...

Après un premier volume où elle séduisait beaucoup dans sa peinture d'un univers recelant quelque chose de très macabre derrière ses apparences mignonnes, Sayaka Mogi prend dans le deuxième tome de son oeuvre une voie assez linéaire, qui est donc marquée par la fuite du Prince vers le sous-sol. Là-dessus, la recette est classique: au fil de son périple, de sa fuite pour échapper à Charon, notre héros recroise la route de nombre de figures du passé qu'il a autrefois assassinées, mais sous des allures mêlant le mignon et l'inquiétant. C'est bien sur ce dernier point que l'autrice séduit le plus, en offrant des petites idées de design efficaces ainsi que quelques variations de style intéressantes.

Le lecteur suit donc ce périple avec un sentiment de léger malaise, tandis que se dessine également pas mal d'interrogations sur la double-facette du "Prince": autrefois tueur sanguinaire, il apparaît ici comme un petit garçon qui ne se souvient même plus de ce qu'il a fait, et en prime on en apprend un petit peu plus sur son passé à travers les dires de certaines victimes.





Dès lors, jusqu'à quel point peut-il mériter le vengeance cauchemardesque qui s'exerce sur lui ?


Ni tout blanc, ni tout noir


Et au fil des pages, au-delà du simple conte macabre, et au gré de nouvelles avancées faisant quelue peu basculer notre vision des choses, il y a alors bel et bien tout autre chose que l'autrice, cherche assez fortement à nous faire ressentir : le fait qu'aucun des deux « camps » humains ne soit vraiment bon.

Le « prince », au départ mignon petit garçon amnésique, s'est révélé être en réalité un tueur sanguinaire, et est redevenu inquiétant dès lors qu'il a retrouvé la mémoire.

Quant à l'instigatrice du système « Charon », elle a beau être au départ « une victime », sa manière de se venger témoigne là aussi d'une profonde cruauté et d'une soif de meurtre et de faire souffrir, chose encore plus prégnante une fois que l'on a découvert son passé...





Dans ces conditions, le lecteur observe la dernière ligne droite de l'histoire en ne pouvant prendre parti pour aucun de ces deux êtres, et la mangaka dépeint alors en filigranes certaines des facettes les plus sombres de l'humain, encore plus au vu de la conclusion assez maligne, ouverte juste comme il le faut afin de laisser une impression assez marquante, et laissant sur une constatation plutôt habile : à force de se confronter dans leur jeu cruel et macabre, les deux meurtriers risquent bien de donner naissance à une troisième entité encore plus inquiétante...
  
  


NEMURERU MORINO KARON © Sayaka Mogi / Kodansha Ltd.

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