Shaman King Flowers

Hana, un héros différent

Derrière l'archétype qu'il représente, il y a des choses à dire que Hana Asakura, protagoniste de cette suite de Shaman King. L'un des premiers réflexes quand on le découvre, c'est de le comparer à Yoh, le héros de la première série, et père du garçon. Yoh, à l'image que l'on peut se faire d'un bouddha, avait un caractère paisible. Altruiste, il avait à cœur de combattre pour autrui plus que pour lui, bien qu'il aspirait à la tranquillité en guise de rêve. Chacun de ses combats majeurs a eu lieu pour sauver l'âme de son adversaire plus que pour le vaincre. D'ailleurs, il n'était jamais question pour lui de tuer, mais plutôt de ramener vers la lumière. C'est un leitmotiv qui a construit toute la trame de Shaman King, mais que certains ont quelque peu oublié en découvrant la fin du manga et en pointant du doigt sa trop grand simplicité.

Pour écrire une suite à Shaman King, l'un des enjeux était certainement de ne pas répéter ce schéma de héros, afin de raconter quelque chose de différent. Et très clairement, Takei a tenté autre chose avec Hana, un adolescent têtu et solitaire, plutôt bagarreur et impulsif, soit tout le contraire de son paternel. S'il est associé à Amidamaru, devenu son esprit protecteur, l'alchimie est bien moins flagrante qu'avec Yoh, et pour cause : Leurs tempéraments semblent inadéquat. Chose dont l'auteur avait conscience puisque la trame va aller jusqu'à déconstruire ce binôme, et orienter Hana vers une autre voie en phase avec son caractère.

Difficile alors d'avoir un quelconque envie d'empathie pour ce garçon tête brûlée et qui n'est habité par aucune valeur vraiment remarquable. Hana n'est pas méchant, mais il ne suscite rien de réellement attachant. Quand on connaît Takei, on sait que la démarche est volontaire. L'auteur a autrefois établi Yoh avec réflexion, cherchant quelque chose de nouveau et donnant un sent à son protagoniste. Avec Hana, sa démarche n'est pas si éloignée. Il tente ici une approche différente, toujours éloignée des standards du récit d'aventure pour adolescent, mais développe un parcours un peu différent pour cette nouvelle tête d'affiche. Dans les premiers tomes, Hana enchaîne les combats et les erreurs. Son côté fonce-dans-le-tas lui apporte plus d'ennuis que de réussite, menant en partie à la situation des deux volumes finaux. Hiroyuki Takei inaugure alors un début de voyage spirituel pour Hana, presque rédempteur. Le sixième tome marque la fin de la série, ce qui était la conclusion de l'ensemble de Shaman King jusqu'en 2018, année de lancement de The Super Star. Alors, si l'auteur n'avait pas la possibilité de conclure son histoire, il achève de nouveau son manga par la symbolique. Le Flower of Maize est à peine effleuré quand se termine Flowers, mais une phase importante du chemin de Hana trouve un point conclusif. La morale développée derrière semble simple mais, eu regard de l'arc que forment les volumes cinq et six, revet un sens fort : Après avoir expérimenté la mort et la guerre, et par conséquent les absurdités mortelle de la guerre, et en repensant au chemin parcouru depuis l'amorce du nouveau tournoi, le héros trouve un sens à son existence, un véritable motif pour continuer de vivre, et de vraies raisons pour lutter. Shaman King Flowers s'achève sur ce joli message comme compensation. Aujourd'hui, cette conclusion d'arc symbolique permet d'entamer la lecture de The Super Star avec des optiques nouvelles, car on sait que le Hana que nous retrouverons ne sera pas exactement le Hana d'autrefois.

La future adaptation animée

A l'heure actuelle, évoquer la future adaptation animée de Shaman King Flowers relève plus de l'ordre de l'hypothèse qu'autre chose tant le projet demeure abstrait.

Le 21 avril 2022, le 52e et dernier épisode de la seconde adaptation animée de Shaman King, celle appelée « Shaman King 2021 » par beaucoup, se termine. Bien qu'elle semble avoir eu son petit succès au Japon, celle-ci ne convainc pas forcément à l'international, la faute à une réalisation assez limitée, un rythme très expéditif, et peut-être une diffusion par blocs sur Netflix qui invisibilise la série par rapport à une proposition hebdomadaire chez nous. Si on ne s'attendait pas à grand chose sur la fin du projet, dans le sens où seule la série principale semblait sujet à une adaptation, la fin de la diffusion surprend en dévoilant une seconde série en préparation. Pas de titre pour celle-ci, mais un simple teaser dévoilant Hana, en référence à la première planche couleur de Flowers, et les visages des personnages apparaissant dans la suite de l'histoire.

En résumé, Shaman King Flowers sera adapté en anime. Mais tandis qu'une série de 52 épisodes a adapté l'équivalent de 35 volumes, que peut-on attendre du nouveau projet ? En jouant sur les hypothèses, on peut affirmer que Flowers sera intégralement adapté, mais les champs des possibles sont assez vastes. L'adaptation pourrait empiéter sur The Super Star mais, la série étant en cours, une fin ouverte ou l'invention d'un segment nouveau, comme ce fut le cas pour le tout premier anime, sont envisageables. Une douzaine de tomes sont à adapter à première vue, mais ce chiffre augmente si on tient compte des deux spin-off dessinés par Jet Kusamura : Shaman King – Red Crimson et Shaman King – Marcos. Ceux-ci ont pour particularité de ne pas être que de simple dérivés anodins, mais de se déroulant en parallèle à Flowers et The Super Star, en ciblant davantage les personnages d'autrefois. L'équipe Yavis, grande antagoniste des suites, y joue un rôle tandis que certaines figures introduites dans ces spin-off apparaissent dans The Super Star. Les séquelles de Takei et les récits de Jet Kusamura se font écho, ce qui multiplie le matériel exploitable pour un nouvel anime. Si tel est le cas, retranscrire cet ensemble sera un vrai jeu d'équilibriste pour le futur réalisateur. Quoi qu'il en soit, parce que le cas Shaman King a ses particularités, l'attente de cette future série se fera avec curiosité pour bon nombre de fans, et ce malgré les lacunes du récent anime reconnues assez unanimement (ce qui ne l'empêche pas d'avoir été apprécié par un certains nombre).