Shaman King Flowers - Actualité manga
Dossier manga - Shaman King Flowers

Des airs de faux remake


Quand bien même Shaman King Flowers soit la continuité de 299 chapitres auxquels s'ajoute des épisodes bonus d'épilogue, les premiers temps de la séquelle ne manquent pas de rappeler des schémas narratifs déjà bien connu. Le phénomène a de quoi s'amplifier pour un lecteur francophone qui découvrait cette deuxième série lors de sa parution, puisque la réédition du manga principale dite Star Edition avait lieu à cet moment. Reprenant son univers, Hiroyuki Takei choisit de planter les premières aventures de Hana Asakura, son nouveau protagoniste, par une forme de péripéties qui nous sont connues. Le tout premier adversaire du héros est introduit dès le premier chapitre : Héritier de la branche illégitime des Asakura descendant de Hao, Yohane Asakura a d'abord des airs de Ren Tao par son design et sa nature revancharde. Dans ce même épisode d'introduction, nous faisons la connaissance de Ryûji Ichihara, leader d'un groupe de marginaux qui se veut l'héritier de Bokutô no Ryû. C'est d'ailleurs dans le même cimetière où Manta rencontre autrefois Yoh qu'une première confrontation éclate entre ce Ryû numéro deux et Hana, en amorce de chapitre. Par la suite, un match retour aura lieu entre les deux figures, tout comme Bokuto no Ryû fut propulsé malgré lui dans les combats de Yoh, au début de Shaman King, lorsque le fantôme du bandit Tokagerô pris la possession de son être. Les quatre premiers tomes (sur six) qui composent Flowers sont donc jonchés de courts arcs qui renvoient très souvent au cycle introductif du Shaman King principal. Dans cet ordre d'idées, un autre personnage viendra rappeler Horohoro par son caractère foufou et son esprit aux allures féminines : Gakko Ibuki et Namaha Namahage.



On peut alors s'interroger sur cet aspect redite. Lors de l'écriture des débuts de Flowers, Hiroyuki Takei avait-il vraiment l'inspiration pour se lancer dans une suite ambitieuse, ou y a-t-il été contraint ? Penser que l'auteur s'appuie sur la facilité pour construire cette deuxième série serait naïf quand on connaît sa capacité à innover, s'écarter des sentiers battus, surprendre au moment où il faut, mais aussi centrer son histoire au moment opportun. Tout comme il revenait parfois à des schémas classiques durant Shaman King, Flowers rassure d'abord son lectorat en plantant petit à petit, sur quatre premiers tomes, ses enjeux principaux et ses personnages qui doivent être introduits et développés. Derrière ces allures de remake, Flowers parvient à planter un décor et un nouveau casting qui prend un peu d'envergure, bien que faisait parfois écho à des figures auxquelles nous tommes attachés. Il serait pourtant dangereux de les comparer ou de mettre en dualité leurs prestances car là où Ren, Horohoro ou Lyserg ont eu parfois près de 300 chapitres pour être développés, Flowers ne comporte que six tomes.


Hiroyuki Takei nous place donc en terrain connu par ce schéma rudimentaire, mais vient nous désarçonner quand on ne s'y attend pas. Au fil des chapitres, il fait sortir son protagoniste du lot avec un pouvoir aussi dangereux qu'efficace visuel. Et tandis que notre attention se porte sur la possession démoniaque de Hana, don d'ultime recours conféré par le shaman king actuel autrefois, voilà que ce dernier entame un voyage dans le Great Spirit qui occupera les deux derniers tomes. Sortis de notre zone de confort, on assiste à une épopée initiatique spirituelle dans laquelle l'auteur revisite l'époque de la Seconde Guerre Mondiale. Takei étant un auteur qui aime aussi se faire plaisir, l'amateur d'engins et de modélisme qu'il est a forcément éprouvé un plaisir jouissif à dessiner cette phase où se mêlent pouvoirs shamaniques et combats aériens. A ce moment, une chose est sûre : On ne peut pas repprocher à l'auteur une facilité narrative, mais un lectorat qui aurait oublié la capacité de l'artiste à sortier des sentiers battus et prendre quelques détours sera décontenancé. Pour autant, est-ce que cette phase, durant laquelle le mangaka se fait plaisir, ne mène nulle part ? Surtout quand Flowers se termine sur une « non fin » avec son sixième tome ? Nous tenterons de répondre à cette question dans les parties suivantes.



Une mythologie en expansion


Toujours dans la fausse idée d'une simple redite du Shaman King originel, Flowers apporte son lot de développement de l'univers mis en place de Hiroyuki Takei. Le risque était de contredire ce qui était établi précédemment, la prépublication du manga d'origine remontant alors à plusieurs années. Mais force est de constater que l'auteur a su se remettre dans le bain, et titille notre intérêt par l'une de ses premières trouvailles : L'idée d'une branche illégitime des Asakura qui émane directement de Hao. S'il est curieux qu'aucun héritier n'ait cherché à se hisser dans le Shaman Fight qui comptait pourtant son lot de concurrent à la puissance modérée, c'est peut-être l'une des seules petites incohérences que l'auteur glissera dans ce premier morceau de suite.


La thématique des Asakura illégitime n'est finalement qu'une intrigue d'amorce, avant de faire de Yohane et Luca des alliés intégrant l'équipe de Hana, tout comme Ren et Jun Tao devinrent des camarades de Yoh en leur temps. Dans l'expansion de l'univers, la plus grande trouvaille de Flowers vient du concept même du Flower of Maize. Dans la première série, c'est la désignation du nouveau shaman king qui était narré, un événement qui n'a lieu qu'une fois tous les 500 ans. Mais après ? Suite à la finalité de la série principale, Hao n'a pas mis à éxécution sa volonté d'éradiquer l'humanité. Ayant choisi de donner sa chance au genre humain qu'il observe depuis son trône au sein du Great Spirit, le voilà lui-même confronté à l'opposition des anciens monarques. Voilà donc l'idée astucieuse de Flowers : Quand l'autorité du nouveau roi des shamans est remise en question, une compétition entre les souverains a lieu par l'intermédiaire d'équipes qui les représentent. Le Flower of Maize, bien que jamais évoqué jusque là, n'est pas quelque chose d'inédit. C'est un autre pan du monde des shamans qui trouve sa place dans cet univers où le monde est régit par un être reliant le lieu des mortels et l'au-delà, chacun ayant une philosophie qui pourra impacter le cours de l'humanité. Si aucune véritable raison quant à l'opposition face à Hao n'est vraiment développée, son passé a de quoi justifier un tel événement.



Il convenait alors de développer ces autres shaman king, parler de ce qu'ils ont apporté au monde et à la société. Pour l'heure (et c'est toujours le cas actuellement dans The Super Star), seul l'un d'entre eux est mis en exergue : Yavis. Prédécesseur de Hao, ce dernier a établi la société capitaliste telle que nous la connaissons. Par cette idée simple, en plus d'articuler l'œuvre sur plusieurs divinités suprêmes plutôt qu'une seule, les messages cher à Takei commencent à se mettre en place. L'ennemi de Flowers est ni plus ni moins que le capitalisme, l'enrichissement individuel en opposition aux héros d'autrefois qui ont appris à se séparer de leurs ambitions personnelles pour le bien commun. Pourtant, cet aspect n'est pas vraiment symbolisé par Hana, héros fanfaron qui aime foncer dans le tas, et n'aspire pas vraiment au bien-être collectif comparé à son père. Là est un intérêt de Flowers que nous développerons dans la partie suivante : Profiter de son échance pour développer un premier segment de suite qui fait office d'origin-story pour ce nouveau héros.


Aussi, cette séquelle profite de renouer avec l'univers pour en montrer plus sur certains de ses aspects. Parmi eux, le fameux Great Spirit, la réunion de l'ensemble des âmes dominé par le shaman king, où résident un au-delà façonné par un Enfer et de multiples communautés. Outre le furtif entraînement de Yoh, Ren, Lyserg, Horohoro et Chocolove, les fameux Cinq Soldats, dans la deuxième partie de l'œuvre originale, cette entité demeurait assez abstraite. Hiroyuki Takei l'aborde davantage avec les volumes 5 et 6 de Flowers dans lesquels Hana est projeté dans l'une de ces communautés pour accomplir une quête personnelle. C'est ce qui permet à l'auteur de n'en faire qu'à sa tête et de partir sur un style assez différent, flirtant avec le récit guerrier en pleine Seconde Guerre Mondiale, tout en croquant à pleine dents le mystique de son univers. Dès lors, on le comprend bien : Shaman King Flowers n'a rien d'une redite, et il ne tient qu'à nous d'accepter et apprécier ou non les choix scénaristiques et stylistiques de Hiroyuki Takei pour cette suite.


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