Dossier manga - Quand la culture asiatique et la littérature occidentale s'emmêlent, partie 1: Les auteurs anglophones

Les monstres de papier, l’univers à la Ghibli


"Les monstres de papier" de Ann Sei Lin (Lumen éditions) nous plonge dans un monde de fantasy où nous allons suivre Kurara, une jeune pliomage amnésique travaillant sur le Midori, une sorte d'auberge géante volante. Alors qu'un Shikigami attaque l'auberge et manque de les tuer, elle et son meilleur ami, voilà qu'Himura, un autre pliomage, va les sauver de la catastrophe. Sauf que ce sauvetage révèlera une vérité bien cruelle vérité à Kurara...

Difficile de ne pas penser au "Voyage de Chihiro" quand l'histoire démarre dans cette auberge céleste qu'est le Midori. Ce lieu tentaculaire, les différents étages selon qu'on est bien placé dans la société, le statut de servante de notre héroïne et cette petite dose de fantaisie... C'est une référence à du Miyazaki où je ne m'y connais pas ! Bien évidemment, on va rapidement s'en éloigner et partir plus sur un récit de voyage et de sauvetage surtout. Kurara va partir à la recherche d'une princesse mystérieuse qui "collectionne" les pliomages. Tout ça pour sauver son meilleur ami qui, après la destruction du Midori, c'est révélé être un shikigami. Ce voyage sera aussi les premiers pas sur la trace de ses souvenirs, qui semble être la clé de tout. Celui du mystère des pouvoirs de Kurara, de la nature de shikigami de son meilleur ami, mais aussi de l'état des shikigamis "sauvages" de ce monde. La plupart sont devenus fous, mais pourquoi ? Un savoir a-t-il été perdu ? Ce premier tome ne suffira pas à avoir des réponses à ces questions.



On va parler ici de la valeur de l'amitié, de loyauté, d'abnégation. Kurara est une héroïne perdue, mais qui va se concentrer sur sa seule constante : son ami, et son sauvetage. Elle apprendra à maitriser sa pliomagie avec Himura pour pouvoir séduire la princesse. Elle démontrera un talent certain, qui va perturber son maître. Notamment l'empathie qu'elle ressentira pour les shikigamis. Lui qui les considère comme de simple outils, il ne comprendra l'attachement de sa comparse pour son ami qu'elle veut ramener. On sent que les deux prochains tomes se concentreront sur cette problématique : les shikigamis ont-ils une âme ? Faut-il les considérer comme des être vivants à part entière ? D'où vient leur folie ? Encore beaucoup de mystères et peu de réponses.

Comme le précédent roman, celui-ci est tout à fait accessible à partir de 12 ans, et on peut donc lui faire les mêmes reproches. L'histoire est souvent assez prévisible et va droit au but, sans forcément prendre le temps d'approfondir tous les protagonistes. C'est un "défaut" récurrent de la littérature jeunesse/ado. Les personnages sont parfois un peu caricaturaux, notamment les antagonistes. A voir comment la suite développera tout ça, mais sachant que nous avons affaire à une trilogie, l'autrice prendra sans doute plus son temps dans les prochains tomes. "Les monstres de papiers" est, en tout cas, un récit enchanteur, mystérieux et rudement efficace. Il m'aura un peu moins transporté que "Six Couronnes écarlates", mais il reste quand même un très bon cru que je vous recommande chaudement.

Le deuxième tome de la trilogie sortira aux éditions Lumen le 7/03/2024.

Petit Bonus : vous pouvez rapprocher "Les monstres de papier" de la filmographie d'Hayao Miyazaki, notamment "Le voyage de Chihiro" et "Le château dans le ciel".


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