Dossier manga - Ookami Rise

La Tragédie de trois amis


Alors que nous avons abordé les différents aspects du manga, nous avons volontairement omis ses trois protagonistes : Ken, Akira et Isaku. Trois amis, chacun se situant dans l'un des trois camps centraux de l'oeuvre, qui ont évolué ensemble avant de se séparer, puis se retrouver sur l'ignoble terrain de la guerre.


L'idée a déjà été vue mille fois, et ne surprend pas lorsqu'on énonce le synopsis d'Ookami Rise. Pourtant, en cinq tomes seulement, Yû Itô fait sien un tel drame, en y apportant sa propre touche qui se connecte aux thématiques centrales du manga.


Mais pour comprendre pleinement l'histoire de ces trois amis, il faut passer outre l'impression déconcertante que procure la structure narrative des premiers épisodes. Lorsque l'histoire commence, ce sont des ennemis déjà établis que l'on découvre, avant que la suite ne revienne sur leur rencontre, et comment ses camarades ont noué une entente soudée, avant de se séparer dans les larmes et la douleur. Encore une fois, il y a du sens à relire le manga, tant l'arc du flashback des trois compères donne une densité folle à l'histoire. Ce que le lecteur voit en première lecture, c'est un Akira qui déteste Ken au point de le tuer. Deux ennemis ordinaires, en sommes. À la seconde lecture, ce sont ses douleurs passées qui résonnent dans ses envies de meurtre, là où Ken reste dans une certaine incompréhension, et une envie de préserver ce qu'il reste de leurs liens passés. La démarche est un poil différente avec Isaku, qui n'apparaît que plus tardivement, tout en restant fidèle à lui-même en tant qu'entre-deux qui cherche à canaliser les tensions.



OOKAMI RISE © 2018 by Yu Ito / SHUEISHA Inc.


Tout le long de son déroulé, Ookami Rise revient donc sur la jeunesse de ces trois amis, dans des moments durs comme dans leurs élans d'amitié plus proche de la famille qu'autre chose. C'est même une idée admise de leur relation, qui aboutira à un moment aussi lourd de sens que charnière pour l'évolution du scénario. Et c'est bien là l'intelligence de l'écriture de Yû Itô, ne pas faire de l'histoire de Ken, Akira et Isaku un simple drame où l'idée de famille est juste symbolique, mais en faire un ressort scénaristique du climax, justifiant certains retournements de situations. Des rebondissements qui prennent eux aussi une autre forme de symbolique, comme un dialogue éternel entre ces deux notions d'écriture qui se répondent sans cesse.


Mais par ces raisonnements, nous ne faisons qu'effleurer la force et la profondeur du récit de Yû itô, qui s'apprécient pleinement dans la lecture, couplée au trait caractériel de l'artiste et à sa narration sauvage. Ce qu'il faut retenir, c'est que Ookami Rise propose des idées classiques pour créer une histoire forte par ses drames et ses développements, dans une structure déroutante, mais adaptée, aux côtés de personnages qui gagnent en complexité au fil de notre découverte de l'oeuvre. Une intrigue de conflits et de guerre, certes, mais aussi d'humanité et d'amitié, marquée par les liens solides entre ces trois compères que sont Ken, Akira et Isaku. La question concerne alors la possibilité d'un retour à la pureté de leur relation d'antan, ce à quoi le climax répond avec sincérité, comme s'il s'agissait de briser le cycle de la haine et notre impossibilité à nous comprendre mutuellement.


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