Nos Yeux Fermés - Actualité manga
Dossier manga - Nos Yeux Fermés

Une sérénité visuelle


Le style graphique d'Akira Sasô va parfaitement de paire avec l'ambiance qu'il cherche à instaurer dans son titre. Dans Nos yeux fermés, le coup de crayon de l'auteur, en ce qui concerne les personnages, pourra donner une impression de simplicité et de manque de détails. Ce n'est clairement pas le souci premier du mangaka, le style de ce dernier n'est pas pointilleux sur le détail et ne cherche jamais à reproduire la réalité. Au contraire, ce style est au service d'une représentation de la quiétude, une ambiance plus que palpable dans le one-shot.

Les personnages de Nos yeux fermés ne paraissent jamais désagréable, bien au contraire, et ce grâce au travail graphique de l'auteur sur eux. Chaque figure du récit a un visage bien marqué expressif à la manière de l'auteur, et ce qui se dégage le plus d'eux et cette impressions de sérénité, cette absence d'excès d'expression qui, au lieu de figer le récit, lui confère une grande bonté. Il est donc important d'observer les visages de Chihaya et Ichitarô tout le long de l’œuvre, tant il s'agit de marqueurs importants de leurs évolutions et de ce qu'ils cherchent à transmettre.



Graphiquement, les paysages jouent un rôle important dans le style du récit. Si les personnages laissent l'impression d'un manque de détail, les environnements sont tout à l'opposé : décortiqués avec soin. Et ça n'a rien d'anodin tant il était nécessaire de représenter le cadre dans lequel évolue Ichitarô et Chihaya, afin de donner plus de légitimité à leurs actions. Par exemple, la demoiselle est une habitués des coins modestes où la richesse n'est jamais présente, que ce soit à son domicile ou sur son lieu de travail. Son quartier, lui, va briller d'une richesse moins tangible et davantage marquée par la nature. Ce lieu de vie est bien loin des métropoles japonaises et s'apparente plus à une campagne chaleureuse, tout à fait dans les tons de l’œuvre donc. La nature agira d'ailleurs plusieurs fois dans la mise en scène, pour marquer le rapprochement entre Ichitarô et Chihaya, par exemple, lors de la scène de la rivière où l'eau semble caractériser un montre de quiétude au sein duquel les deux protagonistes peuvent se réfugier, et effacer leurs sens pour mieux se retrouver.

Le dernier travail graphique de l'auteur concerne les tenues vestimentaires, surtout en ce qui concerne Chihaya. Les accoutrements de la demoiselles sont synonymes de son évolution et apparaissent rapidement. Aussi, de son jean et ses baskets aux semelles qui se détachent, la jeune fille se montre plus élégante, plus féminine aussi. Loin d'Akira Sasô l'idée de stéréotyper Chihaya en la rendant inutilement aguicheuse, bien au contraire même. Il s'agit là d'une marque d'ouverture du monde, sans trop en faire justement, et une manière de mieux la représenter à côté d'Ichitarô qui, lui, se montre toujours vêtu de manière élégante. Si le manga est en noir et blanc, on peut penser que les tenues de Chihaya sont comme des couleurs pour cette dernière : plus le récit avance, et plus les teintes se montrent chaleureuses. Du gris au début de la série, le personnage serait davantage bleu ciel, voire le rouge vivant du rouge à lèvre de la mère d'Ichitarô, à la dernière page.

Et parce que l'aspect visuel est on ne peut plus important dans Nos yeux fermés, il n'y a rien d'étonnant à ce que Pika ait cherché à créer une édition noble pour ce titre, en l'intégrant à sa collection Graphic.


Édition et adaptation


Nos yeux fermés a intégré la collection Graphic de Pika. On peut y voir une sorte d'équivalent à la collection Latitudes de Ki-oon, à savoir un format plus grand où sont privilégiées des séries loin d'être des blockbusters, et qui ont surtout une certaine portée graphique. L'éditeur propose donc un ouvrage de qualité ici, marqué par un grand format qui permet d'apprécier pleinement l'esthétique de l’œuvre, ainsi qu'un papier épais agréable en mains. Loin du manga poche habituel, Nos yeux fermés est donc à ranger du côté des ouvrages plus nobles dans leur fabrication. On notera aussi quelques petites notes sur l'auteur et la publication de la série, des petits infos plutôt appréciables pour quiconque s'intéresserait à l'édition japonaise de cette histoire.

C'est Aurélien Estager qui s'est chargé de traduire le texte depuis le japonais. En résulte un travail tout à fait convaincant puisque le traducteur a compris l'essence même du récit : Le parler d'Ichitarô est rendu on ne peut plus doux et du côté de Chihaya, malgré son caractère, ses propos ne partent jamais dans le vulgaire, histoire d'ancrer le titre dans une légèreté permanente.

  
  
  

HANA NI TOHITAMAE © AKIRA SASO 2014 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD.

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Exydius

De Exydius [762 Pts], le 29 Septembre 2017 à 14h00

Un dossier qui donne vraiment envie de lire le manga :D

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