Dossier manga - Niddheg
Lecteurs
20/20

Seigneurie chevaleresque, Vikings et mille et une nuits

 
 
Plongeons un peu dans le Moyen-Âge, voulez-vous ? Avec « Le chevalier noir », on a l’impression de retourner en arrière. Mais dans un passé qui n’est pas le nôtre, un passé d’un univers fantastique. Peut-être bien celui du monde créé par le studio, la présence d’Armand aidant à soumettre cette hypothèse. C’est en effet lui qui nous propose cette histoire, arguant que c’est un conte. Quelle est la part de vérité dans l’historique créé par Niddheg ? Mystère. Toujours est-il que le sujet se prête bien à la romance et aux contes racontés au coin du feu. On découvre la puissante passion qui va unir un sorcier et un chevalier au tempérament aussi noir que son armure. Schwarz incarne merveilleusement bien le personnage torturé, que son passé rattrape peu à peu. La rage de ne pas savoir le dévore, et il évacue comme il peut, en faisant son œuvre et en laissant ses pulsions envahir son âme. La cible en est rapidement Ciaran, sorcier aux forts pouvoirs, hypnotisé par le chevalier. Il va être attiré par sa force, son charisme, sa dangerosité même. Deux êtres très différents vont donc se rejoindre le temps d’une quête, puis d’une autre et encore une autre. Cette série compte trois tomes et est terminée. C’est une œuvre signée Berylia pour la plume, et elle y aborde tous les thèmes classiques dans l’homo romance. Le désir avant l’amour, ce qui est une vision intéressante et loin des approches fleurs bleues que l’on retrouve dans les mangas yaoi traditionnellement en vente. Mais aussi la parentalité, le mariage, la vie en couple… L’auteur prend soin de nous donner une petite vision assez élargie d’un amour entre ce sorcier et ce chevalier. Les drames ne sont pas rares, et l’on souffre de les savoir séparés. La vengeance, l’oubli, les coups du destin vont jalonner leur route mais ils se retrouveront toujours. Que ce soit l’un ou l’autre, ils sont prêts à tout pour nous offrir ce Happy End qui compte tant. C’est sans doute un des écrits les plus épiques et les plus complexes du studio, qui nous offre alors une trame bien construite d’événements indésirables et de résolutions. Le temps est pris en compte, tout comme les passés respectifs de nos héros. Bref, rien n’est laissé au hasard pour une narration qui s’est bonifiée au fil des tomes pour notre plus grand plaisir. Les styles de dessins de Cahethel et Fufu se mélangent pour nous offrir des visions des héros et pouvoir les imaginer, donner vie aux mots de l’auteur. Ils sont tantôt crayonnés, tantôt encrés, et la différence de style nous offre un peu de changement au fil des pages.
 
 
 
 
 
Perdons-nous à présent dans des terres lointaines, là où les Vikings prennent leurs quartiers. « Et délivre nous du mal » est une parfaite occasion pour mettre en relief les différences entre Cahethel et Fufu, puisque les deux dessinatrices du studio s’allient dans une collaboration qui nous donne une bande dessinée en trois opus. Globalement au rythme d’un chapitre chacune, elles alternent leurs styles pour remettre perpétuellement au goût du jour personnages et décors. Le trait de Fufu est moins viril, a un aspect plus statique et il nous ravit dans les moments les plus légers de l’histoire. A l’inverse, Cahethel se place davantage dans le mouvement, et les scènes d’action ont une réelle dimension quand elle prend les commandes. Les visages sont plus carrés, les nez plus droits, et si elle permet plus d’expressions, Fufu a un sens du sourire sarcastique et cynique absolument inimitable. Que dire de « Et délivre nous du mal » ? Que comme d’habitude, on croit savoir où aller, vers quoi on avance, et le studio nous surprend en nous amenant ailleurs. On se questionne cette fois-ci sur nos valeurs, notre devoir et ce que l’on est prêt à sacrifier pour être fidèle à nous même. On plonge contre toute attente dans le monde des démons et au Paradis, en compagnie de Lucifer et de grands démons comme Mammon. Cette libre interprétation d’une religion qui nous est bien familière aura de quoi nous ravir. Un Lucifer avant sa chute mais déjà corrompu, et au milieu de tout cela, des êtres pleins d’amour ou de désirs qui ne réussissent pas à abandonner l’être aimé même au profit de leurs intérêts ou de leurs croyances. De jolies prises de tête en perspective, qui vont séparer nos héros et les faire s’attacher à d’autres personnages bien plus incongrus.
 
 
  
 
 
Après les terres gelées de Rafn, direction le désert aride de « Au nom du frère ». C’est également une bande dessinée réalisée en duo, par Fufu et Cahethel. Le premier tome est totalement centré sur la vie d’un homme qui, ayant perdu son frère, le cherche dans un souvenir, chez un homme qui lui ressemble. Il délaissera sa femme pour se faire piéger peu à peu dans les affres du désir et d’une fraternité trop vite terminée qu’il veut voir revivre par tous les moyens. Dans les vapeurs orientales du désert, ses envies et son passé vont se mêler pour le faire chuter peu à peu. Et comme à l’ordinaire, surprise, le second opus nous plonge en enfer là où les démons se côtoient et jouent avec leurs proies. Leçon est faite sur la dangerosité d’une obsession, les pièges qui peuvent se terrer au sein d’une famille, la jalousie d’une femme et le traumatisme d’un enfant. Les auteurs offrent une concordance démoniaque aux pêchés de Shaytan et Baal, à leurs désirs et regrets. Le plus surprenant étant encore la direction que prendra la narration, sans prévenir. C’est ce que l’on peut reprocher peut-être, certains lecteurs pouvant alors être déçus du tournant choisi par le studio. Pourtant, cela nous permet de retrouver un univers développé dans « Et délivre nous du mal », de remettre en lien, encore une fois, différentes œuvres entre elles.
   
 
 
   

© NIDDHEG

Commentaires

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ume

De ume [712 Pts], le 17 Janvier 2014 à 20h18

20/20

Salut!

Coincidence, j'ai justement fini le week-end dernier "Le chevalier noir" que j'ai fermé avec un pincement (toutes les bonnes choses ont un fin)

Cela m'a rappelé les bons moments de lecture que j'ai passé avec "Le chat, le nerdz et le bussinessman" ou encore "l'ombre du dragon".

Merci pour ce dossier complet et j'espère qu'il éveillera la curiosité de ceux qui ne connaissent pas Niddheg.

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