Monster X Friends - Actualité manga
Dossier manga - Monster X Friends

Une ode au « pouvoir de l’amitié »


L’amitié est un thème fort dans le shônen d’une manière générale. Et si Monster X Friends est un seinen, le fait qu’il fasse le parallèle avec les séries de monstres comme Pokémon ou Digimon place le sujet comme une évidence au sein même de l’intrigue. Mais alors que l’auteur aurait pu s’amuser avec cette thématique très convenue en la traitant de manière violente, par exemple en dépeçant tous les amis de Wataru devant ses yeux, il est surprenant de voir avec quel sérieux Yoshihiko Inui exploite l’idée, dans le but de faire de l’Amitié un thème central et fort au sein de Monster X Friends.

Au cours de l’œuvre, notre jeune héros se forge une petite bande de compagnons, mais c’est surtout avec son buddy, Biff, que le lien qu’il tisse sera le plus fort, au point d’être l’élément déclencheur d’un twist final pour justifier l’escalade dans les échelles de puissance des monstres. L’auteur se sert de cette mécanique pour décortiquer le protagoniste, le rendre un peu plus tragique mais aussi fort émotionnellement, ainsi que la pirouette scénaristique qui mènera le grand combat de la série vers sa fin. En somme, il relie l’amitié au concept même des buddy, une bonne idée dans le sens où l’écho avec Pokémon est encore plus évident, le mangaka exploitant même le thème de manière plus forte en faisant de ce lien un enjeu puissant. Néanmoins, lui qui souhaitait développer une intrigue plus mature, nous n’en sommes pas au point de déclarer que l’écriture de l’auteur soit particulièrement adulte, au mieux un peu plus mature que dans la série animée Pokémon, plutôt destinée aux tout-petits.

Et c’est là que l’idée pourrait se révéler un peu gênante : l’Amitié est exploitée sans véritable audace, certes pour apporter quelques développements au protagoniste, mais sert surtout à justifier quelques facilités scénaristiques. Pourtant, le champ des possibilités était vaste, on pouvait notamment jouer avec un pareil thème pour donner un opposer à Pokémon ou toutes les séries de monstres où l’amitié serait montrée sous ses aspects les plus négatifs, ce qui aurait coincidé avec l’envie de l’auteur de proposer une œuvre plus crédible et ancrer dans notre réalité qui n’est ni toute noire, ni toute blanche. Ici, c’est utopique qu’est la relation entre Wataru et Biff, sans compter qu’il est difficile de croire à l’existence d’un lien si puissant puisqu’en trois tomes seulement, la série donne l’impression de se dérouler sur un très court laps de temps, ce malgré la présence de quelques ellipses.




Une intrigue en roue libre


Dès ses premiers chapitres, Monster X Friends plante des pistes scénaristiques qui créent chez le lecteur des attentes plutôt haute. Qui sont les buddy ? Pourquoi Biff est si puissant ? Et dans quel but agissent ces enfants qui sont prêts à tuer avec leurs créatures ? La série se montre donc rapidement passionnante puisqu’elle prouve que son intérêt ne réside pas seulement dans le gore mais bel et bien derrière des enjeux dont on attend les résolutions avec une certaine impatience.

Dans le second opus, ces pistes s’épaississent, Biff devient plus puissant tandis que les enfants tueurs sont plus nombreux et se cachent derrière une organisation qui a pour nom le « Carnaval des Enfants », d’ailleurs dirigé par un adulte énigmatique qui répond au pseudonyme du « Professeur ». Si la crainte d’une intrigue expédiée de par sa fin imminente au troisième n’existait pas, il y aurait de quoi être excité par un tel scénario qui fait ce que des séries animées pour enfants comme Pokémon ou Yo-Kai Watch ! ne font pas assez, à savoir apporter de vrais enjeux et une tension régulière. Car comme nous l’a montré Digimon, série pour enfant ne rime pas toujours avec abrutissement constant, il est tout à fait de possible de créer un dessin-animé pour le jeune public qui montrerait un scénario maitrisé et des thèmes qui se développeraient correctement… tout ce que commençait à montrer Monster X Friends sur ses deux premiers volumes !




La fin de la série laisse cependant croire que l’auteur s’est perdu dans toutes ses idées, si bien que ce qu’il propose trahit les promesses faites au début de la série. Le récit s’éparpille progressivement et au fil des révélations, il apporte quelques moments d’action spectaculaire mais on sent bien qu’il peine à aller jusqu’au bout des choses. Des personnages importants sont totalement absents du final tandis que les objectifs de l’ennemi, dont on attendait de choquantes révélations, semblent finalement sortir d’une série B… L’explication sur les buddy, elle, peut facilement diviser. D’une part, difficile de ne pas voir un plagiat du concept des Stand de Jojo’s Bizarre Adventure tandis que de l’autre, le choix de l’auteur se marie très bien avec ses intentions initiales, lors des débuts de Monster X Friends. Par son idée, Yoshihiko Inui laisse paraître un message, celui que ces créatures n’appartiendront jamais à notre réalité et que l’attachement que nous avons pour elles vient de notre cœur et surtout de notre esprit. Comme l’a série l’a démontré par les horreurs présentées, il serait alors dangereux de se bercer de toutes ces licences qui nous ont émerveillées comme si elles appartenaient à notre réalité, à notre société… En ce sens, malgré toutes les directions incohérentes qu’emprunte la série sur sa fin, cette idée du mangaka reste peut-être la plus juste au regard qu’on pouvait avoir des premiers chapitres de la série.

Mais une question subsiste : Pourquoi cette direction soudaine pour le dernier tome et cette fin expéditive ? Etant donné le système éditorial japonais et le fait que Monster X Friends est loin d’être la seule série à avoir changé de route en cours de parution, on ne peut garder en tête qu’une seule explication : la fin forcée et précipitée.
  
  
  


© Yoshihiko Inui 2014 / Futabasha Publishers Ltd.

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