Dossier manga - Kasane
Lecteurs
18/20

Des graphismes précis et obscurs



Un dessin extrêmement percutant


Le dessin est probablement la plus grande qualité du manga. Il sert le scénario et l’intrigue, mais est excellent déjà par lui-même. Dans les grands moments de tension, l’auteur réduit peu à peu le nombre de cases par pages pour aboutir à une double-page, gros plan sur un personnage et c’est là qu’on s’aperçoit des qualités de dessinateur de Gou Tanabe. Les dessins sont extrêmement précis et sont tout simplement saisissants. C’est ce genre de détails qui permettent à des œuvres horrifiques tels que Kasane d’être qualifiés de récit de qualité.

Lorsque l’auteur réduit le nombre de cases pour en laisser paraître de plus grandes avec un gros plan sur les traits exacerbés des personnages, il permet de générer plus de tension et plus de focus de la part du lecteur sur les visages de ses personnages. Et ses visages sont le reflet de leur âme : obscures et viles. Quand en plus il s’agit du visage tuméfié de Madame Toyoshiga, l’effet fonctionne d’autant plus. On retiendra surtout cette formidable double-page vers la fin du premier tome.





Jouer sur l’obscurité


Une des principales caractéristiques du dessin de Tanabe, qui sert à merveille son ambiance pesante, est le jeu avec l’obscurité. La plupart des décors sont plongés dans les ténèbres, alors que les personnages sont plutôt lumineux de visage. Excepté un cas : lorsqu’ils se montrent sous un jour monstrueux, comme Madame Toyoshiga à bien des recoins de case. Dès lors, une grande partie de leur visage est masquées d’une ombre qui fait d’autant plus contraste avec le reste de leur visage.

L’obscurité est aussi utile au récit, car elle ne disparait jamais et colle avec l’enfoncement progressif des personnages dans l’horreur. Les trames grises foncées que Tanabe utilise pour ses décors sont visibles à tout moment du manga.


Japon visuel


En fin de compte, en corolaire au scénario typiquement nippon, Kasane est un manga qui peut être principalement décrit comme un manga très visuel et très calqué sur les éléments visuels traditionnels japonais. Kasane est avant tout une esthétique formidablement réussie, une esthétique sui sert un scénario à suspense, ou plutôt une atmosphère glaçante. En ce sens, Gou Tanabe se rapproche étrangement de certains auteurs européens, qui placent le dessin au centre du 9ème Art. Tanabe utilise cette qualité tout en mettent en lumière un panorama visuel et scénaristique dans la plus pure tradition de son pays.




Des personnages reptiliens


Le duo de personnages principaux du manga, Shinkichi et Madame Toyoshiga, ont les trait fins et le teint pâle, si l’on croit les couvertures du manga (il doit s’agir en réalité d’une référence au maquillage du théâtre kabuki). Ils sont tels des serpents, fourbes et dangereux. Chez Madame Toyoshiga, c’est encore une fois sa déformation physique qui matérialise cet aspect de sa personnalité. C’est clairement énoncé dès la jaquette du premier tome : elle présente un relief rugueux, comme une peau de reptile.

En suivant l’intrigue, on constate rapidement que la jalousie maladive de Toyoshiga pèse sur l’atmosphère du manga, et qu’il y a un côté prédateur dans sa présence.

  
  

© 2007 Gou Tanabe First published in Japan in 2007 by ENTERBRAIN, INC., Tokyo.

Commentaires

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JohnDoe

De JohnDoe [599 Pts], le 04 Septembre 2015 à 20h33

18/20

Un dossier qui m'a donné envie de découvrir ce manga et cet auteur !

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