Junjo Romantica - Actualité manga
Dossier manga - Junjo Romantica
Lecteurs
16/20

L’extrême en tous points

  
 
C’est sans doute le moment de rappeler que l’on peut souvent adorer quelque chose qui, objectivement, n’a rien de transcendant sans pour autant devoir le regretter. Eh bien, il semblerait que ce soit le cas ici. La série possède ainsi des qualités certaines, mais aussi de grands défauts. On apprécie son humour, un peu moins sa légèreté. On s’amuse de toutes les péripéties, mais parfois on s’essouffle. On vibre devant l’émotion de certains couples, on s’ennuie sur d’autres qui prennent trop leur temps. Bref, dans chaque point de Junjo Romantica il y a du bon et son pendant négatif. Un peu comme le ying et le yang, la série se permet de jongler entre réussite et déception en une page à peine, parfois.

En premier lieu, l’humour. C’est une des grandes qualités du manga, qui se permet d’être toujours drôle et de ne dramatiser que rarement, allégeant la narration et permettant au tout de rester plutôt agréable à lire et jamais prise de tête. Pourtant, le revers de la médaille, c’est que l’exagération est parfois … exagérée. Les caractères des protagonistes sont ainsi poussés à l’extrême, tout comme leurs réactions. Ils s’enflamment pour un rien, font une montagne de pas grand-chose et partent facilement dans de grandes déclarations enflammées. On ne les retient plus et ils se confrontent, se rentrent dedans, tout ça par manque de communication ou tout simplement d’un minimum de bon sens. On a parfois l’impression que l’auteur ne connait que cela comme moyen de mettre en avant ses personnages, et qu’elle s’attache un peu trop à l’impact et au rôle de l’humour. Car celui-ci, même s’il amuse au début, finit par lasser quand on retrouve les mêmes situations, les mêmes malentendus qui créent un contexte favorable à la moquerie de ces héros trop maladroits et impulsifs. Dommage, puisque c’était réellement un des points forts du manga. L’humour dans l’amour, c’est plutôt rare et encore plus quand c’est raisonnablement bien fait, alors oui on regrette un peu que la mangaka s’y perde en s’y complaisant autant. Mais on aura quand même bien rigolé devant certains passages, même si d’autres nous laissent abasourdis. L’auteur part parfois dans des délires qui lui sont propres, comme les statuettes d’ours avec des saumons que le père d’Usami offre à Misaki, ou même quand ce dernier se fait kidnapper et que son amant fait tout pour le retrouver et le reprendre. Parfois, on a la sensation qu’il faudrait être dans la tête de la mangaka pour comprendre ce qu’elle veut exprimer, et c’est à partir de ce moment-là qu’elle nous perd et nous laisse en arrière, sans que l’on sache trop quand rigoler ou quand faire profil bas.

Ensuite, on apprécie que la série s’étende sur un nombre conséquent de tomes, défiant un peu la narration rapide et étriquée que l’on retrouve dans les one-shot. Là, les relations ont le temps de s’étendre, de se développer, de prendre tous leur sens. Et pourtant, la déception qui s’impose à nous, c’est que le manga n’en profite pas pour être original. On retrouve en effet tous les clichés du genre yaoi, toutes ses grandes lignes, ses ficelles. Si bien que beaucoup de choses sont prévisibles. La jalousie de certains, les réactions des autres ou encore certaines discussions que les personnages n’ont qu’à un moment plus avancé de l’histoire. C’est comme s’il n’y avait plus d’innovation possible en ce qui concerne le yaoi, comme si on avait déjà tout fait … Seulement, certaines œuvres nous prouvent largement le contraire, ou bien reprennent ce que l’on connait déjà pour le faire mieux, pour nous donner l’impression que c’est unique. Et malheureusement, Junjo Romantica n’a pas cette prétention ni cet objectif. La série se contente de reprendre à sa sauce des déroulements déjà bien connus et dont on se lasse doucement. Le meilleur exemple se situe dans la pauvreté des personnages, qui ont bien du mal à paraitre nuancés et profondément réfléchis. Ils ne font que ce qu’on leur demande de faire et sont ce qu’on attend qu’ils soient, rien de plus. L’auteur ne les as pas créés pour être complexes et mystérieux, loin de là.
  
 
  
 
 
Prenons donc comme exemple la relation « Romantica » du manga, à savoir l’amour ardent entre Misaki et Usagi. Les choses se passent de telle façon que l’on se contrefout totalement de la manière dont ils ont pu évoluer. Ce qui compte, c’est de les faire se côtoyer dans les dispositions qui conviennent à l’auteur et aux fans. En effet, lorsque Misaki dit qu’il connait maintenant Usami depuis plusieurs mois, on tombe des nues, un peu surpris. A vrai dire, on était pas vraiment au courant ... Mais on s’en fiche, tout ce qui compte c’est que les deux jeunes gens trouvent un terrain d’entente et parviennent à vivre ensemble tranquillement. Oui oui, vivre ensemble. Récapitulons le parcours émotionnel de Misaki et Usami : au bout de trois pages, l’un viole l’autre (on vous laissera deviner qui prend quel rôle) alors qu’il est supposé être amoureux depuis très longtemps d’un autre. Au bout de six pages, ledit violeur va pleurer sur l’épaule de sa victime alors qu’il n’a jamais accordé ce privilège à personne en lui déclarant par la même un semblant d’amour, que tout le monde aura perçu excepté le principal intéressé. Au bout de neuf, les deux tourtereaux emménagent ensemble. Et tout ça dans une logique implacable. C’est donc un peu rapide comme enchainement, et l’on aurait aimé connaitre la période durant laquelle ils se rapprochent, mais surtout que l’auteur ne saute pas du coq à l’âne et en les mettant dans le même lit alors qu’ils n’ont encore que si peu de choses en commun … Mais il y a encore mieux niveau psychologie de Misaki (sans parler des revirements émotionnels d’Usami) : la mort de ses parents ? Aucun traumatisme manifeste après dix ans, pourtant, ça marque. Un viol ? Aucun traumatisme manifeste, pourtant ça aussi ça marque, normalement. Partir vivre avec un inconnu alors que son frère adoré qui est comme une mère, un père et un meilleur ami pour lui s’en va loin de lui en deux temps trois mouvements ? Aucun problème. Outre la bousculade chronologique, qu’on ne vienne pas parler de la grande valeur psychologique de Misaki ... Ni d’Usami, du reste, qui n’avait pas l’air si attaché que cela au frère de Misaki puisqu’il oublie son amour pour lui en un rien de temps. Bref, les personnages manquent de profondeur et ça on l’a bien compris. Si cela sert le manga par sa légèreté, son humour, sa simplicité, cela l’enterre en ce qui concerne le sérieux de l’histoire et des émotions. C’est donc très rapidement ue Junjo Romantica devient un manga sympathique, amusant, mais rien d’autre, ayant perdu toute crédibilité sur le sérieux des sentiments.

Un point pourtant nous donne un peu d’espoir, au commencement des deux autres histoires qui s’annoncent plus sérieuses, plus poussés et avec des personnages davantage travaillés et taillés dans le réalisme. En quelques moins, moins bourrés de clichés un peu ridicule et répétitifs, donc prometteur et moins anarchique. De plus, Hiroki n’abandonne pas aussi facilement ses anciens sentiments, nettement plus crédible donc, et amusant dans l’obsession qu’il voue ensuite à son compagnon sans oser assumer son besoin de le voir. Ce couple, « Egoist », nous séduit au début par ce qui se joue entre les personnages principaux, mais finalement il rejoint Misaki et Usagi au rang des répétitions et des déceptions. La plus grande est sans doute le schéma inaltérable de la jalousie qui réveille l’amour. Toujours. S’il manque un peu de sentiments, hop on fait appel à la jalousie. Il suffit qu’un des personnages, souvent le uke rebelle du genre Misaki, Shinobu ou Hiroki, soit jaloux. Misaki l’est d’ailleurs souvent, et, oh, cela signifie peut-être qu’il est tombé amoureux de son bourreau qui le viole quasiment à chaque fois, qui s’inspire de lui pour ses romans érotiques et qui se joue de ses réactions comme un gamin devant une attraction de foire. Et pour éprouver tout cela, rien de mieux sans doute qu’une tierce personne, mettons une femme pour faire croire qu’Usagi, homosexuel affirmé, est éventuellement attiré par elle. Ce contre quoi Misaki ne pourrait pas lutter. Evidemment, si Misaki connaissait un minimum la personne qu’il n’avoue pas aimer mais aime quand même, peut-être aurait-il pu réfléchir. Le caractère d’Usagi est de se foutre des rumeurs et de préférer passer du bon temps avec celui qu’il estime lui appartenir. Alors oui sa réaction est exagérée sur ce plan là, juste pour montrer le peu de confiance qu’il a en lui et en eux. Un schéma qui se répète à l’infini avec éloignement, jalousie, incompréhension … Le festival classique est à la fête et on perd un peu de la fraicheur des couples, que parfois on aimait bien au départ. On se lasse donc vite des éternelles interrogations des uke, toujours identiques malgré les affirmations de leurs petits amis.

Dans un dernier temps, c’est le rytme de l’histoire qui pêche un peu. Dans une volonté de bien tout nous montrer et de tout développer dans les relations de nos héros, l’auteur s’y perd un peu et le rythme du manga en pâtit sérieusement. Parce que c’est lent, éternellement lent. Les scénarios se déroulent tranquillement, de façon linéaire, sans qu’on ait réellement de dynamisme à part quelques flash-backs et distorsion du temps à peine expliquées pour nous transposer ailleurs, comme entre Hiroki et Nowaki qui ne se voient pas pendant un an, mais nous on a à peine le temps de s’en apercevoir … Les situations du quotidien, souvent à l’honneur, marquent des sources de désaccords, malentendus, gêne … Tout ce qu’il faut, selon les tomes, pour pimenter la vie des protagonistes et mettre un peu de sel dans leurs amours. Mais c’est lent, lent, et les sentiments ne changent pas, les relations compliquées n’évoluent qu’à peine … Pour exemple, dans le premier tome, Misaki se demande ce qu’il ressent pour Usagi et on en a qu’une ébauche dans le tome 8 … Où on assiste donc –ENFIN !- à une réelle déclaration de la part de Misaki. Ce n’est pas trop tôt. Et en plus Usagi parait enfin intelligent, quand il lui dit qu’après s’être fait violé, il aurait des raisons de le détester. La réponse de Misaki ? Il avait oublié, donc au final ça n’a pas été un grand traumatisme. La faille principale de la série ressort ici, même si on apprécie que l’idée soit au moins suggérée. Mais au final, rien ne change vraiment et c’est sans doute encore ça le plus agaçant. Si au moins, après huit tomes, cela changeait quelque chose … Mais non. Parce qu’ils continuent de se courir après, Misaki fuyant son compagnon, mais au final c’est ainsi qu’ils sont heureux … Et si l’auteur veut prendre son temps et coller à la réalité d’une longue relation, cela ne correspond pas à sa volonté d’humour toujours, ni au style narratif d’un manga. Bref, il manque encore un peu de continuité dans l’œuvre de cette mangaka qui nous entraine un peu à droite à gauche sans trop savoir où aller et comment évoluer.
   
   

© Shinjuku NAKAMURA / KADOKAWA SHOTEN

Commentaires

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Kuris

De Kuris [972 Pts], le 22 Septembre 2012 à 11h08

15/20

Après avoir vu l'anime et lu le manga (version vo vu la lenteur en France), je peux dire que c'est très sympa et j'ai bien aimé la pluralité des histoires et des persos! Et c'est un peu bizarre je sais mais c'est le couple principal que j'aime le moins. Peut-être parce que le uke a une tête de gamin, va savoir...

OtaFrany

De OtaFrany [358 Pts], le 07 Septembre 2012 à 16h45

Pour ma part, j'adore junjo que ce soit en anime ou version papier. On se retrouve face à trois types de relations amoureuses avec leur passages drôles, mignons tout pleins et bien sur avec quelques épreuves à surmonter. Les personnages sont atachants, l'histoire est facile à lire et, personnellement, je compte bien investir dans les tomes jusqu'à la fin!

Oh! Et j'attends impatiemment la sortie de sekai ichi hatsukoi!!! ^///^

Alixa90

De Alixa90 [584 Pts], le 07 Septembre 2012 à 12h40

20/20

Jai surtout vu l'anime et jai commencé les mangas le dossier est bien présenté jai aussiaimer la varitété des couple qui sont lié mais a la fois différents javai eu un coup de coeur dans la catégorie des yaois 

YukikoNaoCosplay

De YukikoNaoCosplay [76 Pts], le 03 Septembre 2012 à 17h01

J'adore l'animé et le Manga ^^.
Super Dossier =).

clocliquot

De clocliquot [56 Pts], le 03 Septembre 2012 à 14h55

18/20

Enfin une critique qui n'encense pas junjo romantica !  c'est en effet un manga plus que moyen; C'est "mignonet" tout au plus..

ça fait du bien de lire ça !

makichan

De makichan [8 Pts], le 31 Août 2012 à 21h28

16/20

Bon dossier! Je me retrouve beaucoup dans ce qui est dit. J'ai réellement du mal avec Junjo même si j'ai beaucoup apprécié l'anime. Hiroki/Nowaki est finalement le seul couple qui m'a vraiment intéressé. Déjà parce que j'ai toujours du mal quand il y a une différence d'âge avec un des partenaires mineurs, mais aussi parce qu'ils paraissent un peu plus réalite comme dit dans le dossier. 

A côté de ca, j'adore son autre série, Sekaiichi Hatsukoi. Le fait que l'histoire est profondément ancrée dans un milieu professionnel où les personnages se donnent à fond (et dont on profite pour en apprendre les ficelles), et que chacun a un vrai background rendent la lecture intéressante. (Je parle que des deux couples du manga et non pas de celui des romans qui a été rajouté dans l'anime qui pour sa part est plus qu'ennuyeux...). Désolée pour le HS.

yumebykira

De yumebykira [1720 Pts], le 31 Août 2012 à 19h35

11/20

Franchement un dossier super dur sur jonjô. C'est juste un yaoi, on ne lui demande pas lune mais des relations drôles, émouvantes et touchantes.

Vous l'avez dit vous même dans le dossier que junjô n'a pas la prétention d'être "le yaoi" et qu'il ne ce prend pas la tête. C'est pour sa qu'on l'aime et qu'on le lit ^^ 

Personnellement un peu déçut du dossier que je juge un peu dur même si parfois il nous dit des choses vrai.

letty

De letty [623 Pts], le 31 Août 2012 à 17h52

17/20

j'adore junjo romantica je nai vu ke lanime et trop aimer et le dossier est simpa ^^

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