Jumbor - Actualité manga
Dossier manga - Jumbor

Œuvre prometteuse au destin funeste


Jumbor débute à une période particulière de la carrière de son auteur, Hiroyuki Takei. Le mangaka a connu un véritable succès après Shaman King, avant que son œuvre décline suite à un manque de soutien des lecteurs. Le système de popularité du Shônen Jump est ce qu'il est et malgré de bonnes ventes des volumes à leur sortie, la chute dans les sondages pousse le manga fleuve de Takei vers la porte de sortie. Une dualité de sentiments frappe alors le mangaka : Frustré de ne pas avoir pu aller jusqu'au bout de son histoire, il a néanmoins le soulagement de ne plus avoir à se battre pour maintenir son titre en honorant les attentes des lecteurs. C'est avec cette acceptation que le mangaka reprend du temps pour lui et pour sa famille, et passe même son permis de conduire avant de se relancer dans une parution avec Jumbor quelques temps après.


Mais si Shaman King a pu intéresser le lectorat et fédérer sur une longue partie, la nouvelle œuvre de l'auteur n'a pas cette chance. Sa proposition ne séduit pas, aussi le titre flirte rapidement avec les dernières places des sondages. Takei a beau avoir eu du prestige dans le Jump, son aura ne suffit pas, et Jumbor est stoppé au bout de 10 tomes à peine, ses épisodes étant ensuite condensés en un one-shot concernant la version reliée.


Alors, on est en droit de se questionner sur la qualité même du titre, avant même d'ouvrir le premier tome de notre version française. Jumbor est-il un manga si mauvais au point de mériter une annulation précoce ? Si cette question relève avant tout de l'appréciation du lecteur et donc de ses goûts, il convient de se pencher sur ce qu'est le récit, ce qu'il tente de développer en terme d'univers, et la manière dont il s'achève.


JUKI NINGEN JUMBOR © 2007 by Hiroyuki Takei / SHUEISHA Inc.


Car en vérité, Jumbor s'annonce rapidement comme un manga à la forme classique, mais dont l'originalité vient de sa manière à combiner des éléments mécaniques pour créer sa propre tambouille. A l'heure où la Terre est désolée suite à une surexploitation, des engins de chantier peuvent aussi faire office de robot de combat pour lutter contre la tyrannie exercée l'Empereur Genber. A ceci s'ajoute le mystérieux concept des Jumbor, de petits cyborgs aux facultés extraordinaires dont les spécificités seront décortiquées au fil des 10 premiers chapitres. Jumbor, c'est donc ça : Un titre d'aventure et d'action dans un monde en partie post-apo, où les affrontements à mains nues laissent place à des combats de machine. Avec sa série, Hiroyuki Takei renoue avec son amour des entités mécaniques et fait un shônen d'aventure à la sauce mecha, en établissant le concepts des Jumbor qu'il effleurera à peine avec cette première série. De là à penser qu'il plante ici quelques bribes qu'il exploitera aux côtés de Stan Lee avec Ultimo, autre série où les héros sont des entités mécaniques, il n'y a peut-être qu'un pas.


L'intrigue peut surprendre par ce parti-pris d'engins sous forme de robots de chantier, mais le choix ne manque pas de panache sur le plan visuel. L'histoire proposée, quant à elle, tourne de manière classique autour de la prise de pouvoir d'un tyran, du combat d'une princesse pour refaire sien son royaume, le tout couplé aux Jumbor nés des mains de l'intrigant Docult dont le plan marquera la véritable lancée du scénario... Un scénario qui n'aura malheureusement pas le temps de montrer son vrai potentiel puisque c'est essentiellement dans les deux derniers chapitres que Hiroyuki Takei dévoilera les enjeux forts, avant d'apporter un semblant de conclusion. Mais cette fois, cette fin improvisée sera mieux négociée que dans Shaman King tant celle-ci montre quelques bribes de l'avenir, comme pour mieux boucler la boucle. Mais contrairement à l'aventure de Yoh Asakura, peut-être que le mangaka n'avait pas pour ambition première d'y revenir ultérieurement. Car Jumbor renaîtra de ses cendres avec une seconde série sur laquelle l'auteur ne sera plus seul, accompagné cette fois d'un scénariste en la personne de XXX. Ce n'est pas une suite qui sera proposée mais un vrai reboot reprenant les concepts, les personnages et l'histoire, mais tout ceci revu depuis le départ. Si cette proposition séduira davantage (puisque 8 tomes paraîtront), un étrange destin attend cette version 2 .0 : Un hiatus qui perdure toujours aujourd'hui. Car depuis, Hiroyuki Takei travaille surtout pour l'éditeur Kôdansha, que ce soit avec de nouvelles séries comme Nekogahara ou bien entendu la suite de Shaman King (The Super Star) et ses spin-offs. L'avenir de Jumbor semble donc compromis...


JUKI NINGEN JUMBOR © 2007 by Hiroyuki Takei / SHUEISHA Inc.


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