Dossier Japan Touch 2011 - - Partie 1

A l'honneur...

Idoles des geeks

Véritable star du salon, le Joueur du Grenier était attendu comme le messie par le public lyonnais et fut le générateur malgré lui de la plus grosse émeute du festival. Arrivé le samedi à 14h, il se retrouva rapidement encerclé d'une horde de fans, au point que la sécurité crut atteindre le point de non retour ! Frédéric Morlas et son acolyte Sébastien Rassiat parvinrent avec beaucoup de difficultés jusqu'à leur stand... qui avait la mauvaise idée de se trouver en plein centre de la convention ! L'organisation des dédicaces se mit difficilement en place, avec un système de tickets numérotés qui tomba rapidement à l'eau. Tout le reste de l'après-midi, le salon fut donc coupé en deux par une immense file d'attente, composée d'adeptes prêt à attendre très longtemps (plus de six heures pour les plus malchanceux !). Comme à son habitude, le Joueur du Grenier essaya de satisfaire tout le monde, quitte à passer toute la journée à signer des cartouches de jeu NES sans interruption ! Son planning fut néanmoins plus relâché le lendemain, et son stand déplacé dans un coin du festival pour ne plus gêner la circulation.

Le duo de nostalgeeks réussit toutefois à accéder à la scène principale le dimanche, pour un évènement vidéoludique autour de jeux de combats à bonne ou mauvaise réputation. Ainsi, Frederic Morlas put railler, comme il sait si bien le faire, la piètre jouabilité ou les graphismes décadents de certains titres. La session réunit quelques testeurs du net à la notoriété grandissante, comme Usul, tenant une rubrique vidéo sur jeuxvideo.com, ou encore CoeurDeVandale et RealMyop, présentateurs de l'émission web 88 Miles à l'heure. Ce duo offrit également une session de présentation et de démonstration autour de leur spécialité : le Speedrun, consistant à terminer des jeux très connus le plus rapidement possible, avec ou sans l'aide d'outils informatiques adaptés.

Du côté des invités incontournables, doit-on encore présenter Noob ? Comme sur de nombreux salons de la capitale comme de province, quelques acteurs de la série diffusée sur Nolife parodiant les MMORPG firent le déplacement, avec un stand de dédicace côtoyant celui du Joueur du Grenier le samedi, soit une raison de plus de créer un bouchon en plein milieu du salon ! L'équipe de comédiens présenta également une conférence très ludique, qui fut néanmoins décalée en pleine après-midi, au malheur d'autres évènements prévus à ces horaires.

Invités Manga

Passons à présent à ce qui nous a intéressé le plus : une affiche manga très réjouissante, au point qu'un de nos rédacteurs ait traversé la France pour l'occasion ! Grâce à son partenariat instauré l'an dernier avec Akata Delcourt, le festival s'est offert non pas un, mais deux invités manga, aux univers très différents.

Annoncée dès la rentrée, Izumi Tsubaki fut la première invitée de la Japan Touch a voir son nom dévoilé. Bien qu'encore assez peu expérimentée, la mangaka en est néanmoins à sa deuxième œuvre conséquente : le très dynamique Fight Girl, encore en cours à l'heure actuelle dans le Hana to Yume, paru après son premier succès, Sweet Relax, narrant une histoire d'amour basée sur le shiatsu. Vous pouvez par ailleurs retrouver notre dossier consacré à cette première œuvre ICI. Souhaitant conserver son anonymat pour ne pas perturber la tranquillité de sa vie provinciale, Izumi Tsubaki a souhaité ne pas être photographiée au sein du festival. Elle a néanmoins pu exprimer tout son talent au travers d'une masterclass et de séances de dédicaces, où elle put rencontrer ses nombreux lecteurs, assidus ou en devenir. Aussi, même si nous ne garderons pas son visage en mémoire très longtemps, l'auteure nous laissera néanmoins un souvenir impérissable par son naturel et sa simplicité.

Ayant quelques années d'expérience supplémentaire, Shin'ichi Sakamoto a déjà conquis de nombreux lecteurs en France, surtout au travers d'Ascension, son dernier titre à succès plébiscité par la critique. Mais ses deux premières œuvres, Kiomaru et Nés pour Cogner, ne manquent pas de qualité non plus, comme l'atteste notre dossier sur ces deux titres ICI. Ainsi, l'annonce de sa venue en France fut pour nous l'un des derniers grands évènements de 2011. Malgré les cahots d'un système de dédicaces qui eut quelques soucis de mise en place, l'auteur offrit à ses fans de magnifiques dessins représentant le profil volontaire de Buntaro Môri. Dans une région aussi montagneuse, l'épopée de ce grimpeur a su toucher une large partie du public venu pour l'occasion.

Durant leurs masterclass respectives, les deux auteurs sont essentiellement revenus sur leurs méthodes de travail, en présentant la création de leurs planches depuis la feuille blanche jusqu'au résultat final. Tout en répondant aux questions du public, ils joignirent l'action à la parole en dessinant simultanément. Leurs gestes furent captés par une caméra intelligemment placée pour ne pas perdre une miette de leur talent, malgré quelques soucis d'éclairage de temps à autre. Ainsi, les deux auteurs ont délivré un exposé simple mais clair de leur travail, pour revenir à l'essentiel du manga, le dessin, ce que certains lecteurs ont parfois tendance à oublier dans leurs élans fanatiques...

Outre la présence de ces deux invités, un autre mangaka fut également à l'honneur de cette Japan Touch 13 : un certain Leiji Matsumoto. Le créateur d'Albator, Gun Frontier ou encore de Galaxy Express 1999, parmi tant d'autres œuvres cultes, fut en effet gratifié d'une riche exposition organisée par le site Otakia. De larges affiches explicatives nous permirent d'en savoir plus sur l'univers si unique de cet auteur, en passant par une galerie de ses personnages, vaisseaux et armes les plus connues. Pour parachever la visite, une multitude de goodies illustraient l'ensemble, en nous ramenant parfois tout droit vers les années 1980, à une époque où déjà, les héros de manga étaient très populaires...

Les deux créateurs de l'exposition eurent également la lourde responsabilité d'essuyer les plâtres de la scène principale le samedi midi, en présentant une courte conférence sur la large bibliographie de Matsumoto. Loin d'être un pur hommage fanatique, cette mise en avant se voulait assez objective, parfois même incisive lorsqu'il s'agissait de mettre l'auteur en face des incohérences qu'il a pu créer dans ses œuvres. Bien que très intéressante, la conférence se voulait aussi très pointue, aussi aurait-il mieux fallu que l'exposé se déroule dans un lieu plus intimiste que cette grande scène. Les deux orateurs, abandonnés à leur propre sort par l'organisation, eurent bien du mal à soutenir un public peu respectueux, venant moins pour les écouter que pour prendre leur pause repas...

Musique

Du côté de la scène musicale, le festival semble avoir eu davantage de soucis pour constituer sa programmation. Ainsi, cette année, la convention ne reçut qu'une seule chanteuse japonaise : la pétillante Hikari qui a su conquérir le public lyonnais. La belle chanteuse aux collants envoutants était accompagnée de son acolyte de toujours, Ofuku, qui, de part sa tenue traditionnelle et ses danses tout aussi folkloriques, contrebalançait sur une musique orientée dance, voire disco, pour un mélange étonnant. La prestation de ce duo iconoclaste fut l'un des derniers grands moments offert par la scène principale du festival.

Dans un registre assez similaire, la Japan Touch put également compter sur la jeune Jelly, nous offrant quelques prestations orientées J-Pop. Oui, mais du J-Pop made in France (Grenoblois, très exactement) ! En effet, à l'instar de Sabi Ryuuji l'an dernier, le festival continue de faire découvrir au public quelques talents locaux. La jeune chanteuse d'origine revenant fraîchement du Japon nous a ainsi présenté quelques morceaux assez atypiques, mélange de ses nombreuses inspirations.

Pour rester chauvins, nous accordons la palme de la meilleure prestation musicale aux Flying Penguins... Il faut dire que nous ne pouvions pas rester indifférents face au mélange de rock et de jeux vidéos ! Mené par CoeurDeVandale, dont nous avons parlé plus haut, à la batterie, le groupe a en effet repris quelques thèmes célèbres issus de la culture vidéoludique. Mario, Zelda, Final Fantasy VII, mais aussi du Metroid ou du Castlevania, tout était là pour faire vibrer la corde nostalgique des quelques gamers venus assister au show. Mais la prestation musicale restait néanmoins accessible aux néophytes, avec quelques solos et transitions particulièrement bien senties ! Cependant, le groupe eut bien du mal à soulever les foules, fatiguées par une première journée de convention assez éreintante. Ainsi, la réactivité des spectateurs n'était pas à la hauteur de la qualité de la prestation. Dommage !

Restons dans le jeu vidéo mais sans le côté rock, avec la prestation de Square Tune Magician, DJ français spécialiste de chip music, c'est à dire de sonorités retro 8-bits nous ramenant au bon vieux temps de la NES. Sa prestation fut néanmoins écourtée par le reste du planning de la scène jeu vidéo où il fut installé, et ses rythmes trépidants ne semblent pas avoir alpagué les foules... Une nouvelle victime de la morosité ambiante, ou du chevauchement peu judicieux des deux scènes ? Au final, malgré quelques bons moments sporadiques, l'aspect musical ne fut pas le point fort de cette treizième édition du salon.