Japan Expo 2011 - Première Partie

Stands éditeurs

Comme toujours, la Japan Expo coïncide "étrangement" avec la semaine de l'année où les sorties de manga sont les plus nombreuses. Les éditeurs jouent gros sur ce festival, qui est pour la plupart d'entre eux le seul et unique déplacement de l'année, et rivalisent de moyens et d'originalité pour se mettre en avant. L'absence générale d'invités chez les éditeurs les a obligés à renforcer leur lot d'expositions, d'avant-premières, d'annonces exclusives et de goodies. Qui aura réussi à tirer son épingle du jeu lors de cette édition 2011 ? Voici notre point de vue.

 

And the winner is... Dybex !

Les membres de la rédaction ayant fait le déplacement sont absolument unanimes sur le stand qui s'est le mieux démarqué cette année. Et surprise, il ne s'agit même pas d'un éditeur de manga, mais d'anime ! Vous l'aurez compris, il s'agit du stand Dybex, qui aura créé une véritable effervescence tout au long des quatre jours de la convention. Certes, avec la présence de deux invités d'honneur sur leur stand (Nobuteru Yuki et Yasuhiro Nightow), et la diffusion exclusive de deux films (FullMetal Alchemist - L'étoile de Milos et Trigun Badlands Rumble), il était difficile pour l'éditeur de se ramasser. Pourtant, l'éditeur a joué le jeu en offrant une diversité maximale sur la mise en avant de ses licences. Que vous soyez fan de FMA Brotherhood, de Vision d'Escaflowne, d'Evangelion, de Trigun, de Karas ou autre, il y avait forcément quelque chose pour vous !



Si l'allure du stand en elle-même ne paye pas de mine, c'est cette multiplicité des offres et micro-évènements qui auront fait du stand un carrefour incontournable, d'autant que l'éditeur était cette année idéalement placé parmi les éditeurs mangas. Les vendeurs sont même devenus pour quelques temps de vrais animateurs haranguant les foules, notamment lors des sessions endiablées de Jankenpon pour obtenir quelques goodies. La force jaune était avec eux, et il ne fallait pas s'étonner de voir beaucoup de visiteurs arborant fièrement leur bandana Durarara ! De plus, l'éditeur n'a pas manqué le coche de l'action caritative en proposant des illustrations exclusives, que les clients pouvaient acheter au prix de leur choix, les profits étant reversés à la Croix-Rouge japonaise.

Une seule ombre au tableau, mais de taille, est venue ternir le bilan de l'exposant, victime de son succès : la distribution des places pour le film FMA le samedi matin s'est déroulé dans un chaos improbable, avant qu'il ne soit décidé de changer les règles d'obtention des fameux tickets d'entrée pour la séance, passant d'un système "premier arrivé, premier servi" à un tirage au sort. L'éditeur s'est depuis excusé sur sa page facebook, en évoquant le fait que les organisateur avaient interdit au stand de laisser les fans faire une file d'attente avant l'heure de départ de la distribution, ce qui créa ensuite le fameux chaos. Quoiqu'il en soit, et malgré ce moment de panique, nous tenons à saluer la belle remontée en puissance de l'éditeur s'étant fait trop discret sur le salon depuis quelques temps !
 
 
 

C'est toujours un succès !

Ki-oon

Au vu des amorces publicitaires rencontrées sur le chemin vers le parc des expositions, il y avait fort à parier que Ki-oon allait, cette année encore, figurer parmi les stands incontournables. Si l'espace vente en lui-même n'a pas changé d'un iota par rapport aux éditions précédentes, l'éditeur a proposé cette année encore une belle fournée de goodies consacrés à ses dernières licences phares. Mais bien sur, ce qui attirait d'avantage l'attention des curieux était surtout l'exposition consacrée à Judge ! Le trailer passant en boucle, les galeries d'illustrations, et surtout les imposantes statues grandeur nature des différents protagonistes auront retenu bon nombre de visiteurs. En dédicace sur le salon, Yoshiki Tonogai a sans doute dû fortement apprécié de voir sa série autant mise en avant ! On regrettera en revanche la froideur de l'ensemble, en comparaison des expositions Bamboo Blade (plus ludique) et Pandora Hearts (plus chaleureuse) des éditions précédentes... mais c'est le genre de la série qui veut ça !
 
    
  
    
Cependant, la galerie des masques de Judge ne devait pas nous faire perdre de vue l'exposition consacrée à Bride Stories, sur le pan de mur au verso de ce même espace ! Les illustrations et planches de la série reproduites sur des tableaux ont particulièrement rendu honneur à l'univers enchanteur de Kaoru Mori, tandis qu'une vidéo présentait l'artiste à l'œuvre dans la réalisation de ses planches.

 
 
 
Kana

Habitué à la troisième marche du podium dans nos précédents reportages, Kana ne déroge pas à la règle, mais cela se joue à peu de choses. Ce stand était sans doute celui qui offrait la plus grande diversité d'activités au sein de petits espaces dédiés à chacune de ses nouvelles licences : Strobe Edge avec son atelier de conception de straps en forme de fruits; Psyren et sa cabine téléphonique (?);  Black Butler et son fauteuil accueillant les nombreux cosplayers; Akuma to Love Song et son exposition discrète dans un maigre couloir. Sans oublier bien sur le sempiternel Naruto gonflant... euh, gonflable !

 
      



L'éditeur n'oublia pas également son label Kana Home Video avec une petite salle de projection, mais aussi l'idée ingénieuse d'un studio de doublage intégrée au stand ! Nombreux furent les visiteurs à s'essayer à l'exercice tandis que leurs prestations pouvaient être entendues à l'extérieur. Pour couronner le tout, certains acteurs de doublage professionnels ont même fait le déplacement ! Décidément très éclectique, le stand proposait également une série de produits de cuisine et design d'importation japonaise sur son espace uah^, des initiations au chambara, et même la distribution gratuites de barres fruités énergétiques Soyjoy ! Bref, malgré l'absence d'invité japonais, et des goodies anecdotiques, le stand avait de quoi combler chaque visiteur. S'ils conservent la même formule l'an prochain, avec une figure de proue importante, Kana devrait sans doute obtenir la palme d'or sans aucun problème !
     
    

  
  

Bonnes surprises et petits nouveaux

 
Taïfu Comics
 
Toujours idéalement situé dès l'entrée du festival, le stand de l'éditeur Taïfu Comics ne présentait extérieurement aucun changement de formule. Calendriers, carnets de dédicaces, posters,... les goodies ne brillaient pas non plus par leur originalité. Qu'est-ce qui justifie la présence du stand parmi nos bonnes surprises ? La venue de Toko Kawaï, bien sur ! Annoncée dès janvier 2011, l'auteure de Juste au coin de la rue, Cafe Latte ou encore Cut restera la première invitée japonaise de l'éditeur, jusqu'ici habitué à accueillir des auteurs français ou européens. Fort de cette présence, le succès du stand ne s'est jamais démenti, surtout lors des nombreuses séances de dédicaces générant d'interminables files d'attente ! Très heureuse de cet accueil, l'auteure a même consenti à prolonger les créneaux horaires pour pouvoir satisfaire tout le monde.
 
 
 
 
Booken Manga

Jeune éditeur apparu en début d'année,  Booken a déjà bien compris l'importance des conventions pour se faire connaitre. Pour cette première participation à la Japan Expo, le stand bénéficiait de l'influence plus que positive de celui de la KOCCA (Korean Creative Content Agency) ayant invité Geuk-Jin Jeon et Jin-Hwan Park, les auteurs de The Breaker ! Ainsi, l'éditeur mit en avant ce titre avec une petite exposition et la sortie du troisième volume parmi quelques autres avant-premières. Cartes postales et posters venait compléter le tableau d'un petit stand qui n'avait pas à rougir face aux grands ! Seul regret, le stand fut excentré par rapport aux autres, exilé vers le Comic Con.
 
  
 
 
nobi-nobi!

Déjà présent en 2010, l'éditeur de livres destinés aux plus petits possédait cette année deux avantages indéniables. Premièrement, il pouvait compter sur la présence de Shiitake, illustratrice de Kaguya, Princesse au clair de Lune, ainsi que des scénaristes Alice Brière-Haquet et Céline Lavignette-Hammoun. Deuxièmement, la proximité très judicieuse avec l'espace enfant du salon permettait à l'éditeur d'être lié à son cœur de cible ! Quelques goodies variés finissent d'enchanter le visiteur qui jettera au moins un regard sympathique sur ce stand coloré et chaleureux.
 
  
 
 
Philippe Picquier

Totalement inattendu sur le salon, le stand Philippe Picquier a néanmoins trouvé sa place en se démarquant par ses romans dédiés à la culture japonaise et asiatique. L'exposant réussit même à créer une certaine effervescence avec la venue de Florent Chavouet, auteur de Tokyo Sampô et Manabe Shima, attirant ainsi l'engouement des connaisseurs.  Etendre sa culture n'a jamais fait de mal !

  
  
 

On ne change pas une équipe qui gagne ?

 
Kazé

Alors que l'an dernier, nous avions mis à l'honneur le stand multi-facettes Kazé, nous sommes au regret de constater que l'éditeur est simplement resté sur ses acquis, voire a même régressé sur quelques points. Du côté de la forme, nous retrouvons le carré magique mettant en avant les diverses activités du groupe : Kazé/KZPlay, Kazé Manga, Wasabi Records et KZTV. Hélas, le site manque cette année d'une exposition annexe, comme ce fut le cas l'an dernier pour le lancement de la collection Shonen Up. Du côté des invités, on reste également sur notre faim : malgré la présence de l'auteure de yaoï Hinako Takanaga, du producteur Masayuki Ozaki, et des acteurs de Noob et de la Flander's Comapny, l'absence d'un auteur manga dans le genre  shonen/seinen s'est cruellement fait ressentir pour un éditeur de ce calibre. Le stand avait néanmoins de quoi rassasier tout le monde au niveau des exclusivités et de goodies particulièrement variés, et a su créer quelques évènements, mais on pouvait s'attendre à bien plus de contenu...
  
 
 
Pika

Chez Pika, l'absence d'une pointure populaire comme le fut Hiro Mashima l'an dernier s'est fait cruellement sentir. Ce ne sont hélas pas les quelques auteurs français, habituellement dépêchés sur place, qui changeront la donne. Aussi, l'éditeur a-t-il choisi de mettre en avant deux de ses nouvelles licences prometteuses. Lancée pour le festival, la série X-Blade fut mise en avant grâce à une sympathique activité où l'on pouvait se faire prendre photo avec les héros de la série via une incrustation numérique. Pika parie déjà beaucoup sur GTO - Shonan 14 Days, suite des aventures du célèbre Eikichi Onizuka, et le stand présentait déjà le grand retour du héros au travers d'une micro-exposition, composés de panneaux à la lecture peu enthousiasmante.
  
  
  
 
Kurokawa
Pour cette douzième édition du festival, Kurokawa change de forme et opte pour un stand plus ouvert et accueillant que les années précédentes. C'est cependant le seul fait notable de l'éditeur, qui aura joué la carte du strict minimum. Avec le tome final de Fullmetal Alchemist en avant-première, les fans étaient en droit d'attendre un effort plus considérable que quelques posters gratuits et modestes goodies pour marquer la fin d'une belle époque. Mais les préoccupations de l'éditeur semblent déjà ailleurs, comme le montre l'imposante mise en avant de Magi, The labyrinth of magic.
 
  
 
 
Doki-Doki

Rien de bien nouveau non plus pour Doki-Doki, qui ne change que peu de choses dans la forme. L'éditeur aura pourtant organisé, comme chaque année, un petit concours convivial, et aura offert quelques jolies goodies pour l'achat de leurs nouveautés. Cependant, la mécanique redondante de l'éditeur commence hélas à se faire sentir d'années en années, et il faudra songer à une nouvelle formule pour pouvoir sortir du lot...
  
  
 
 
Soleil
 
Toujours aussi excentré, le stand Soleil continue de manquer de visibilité d'années en années, tant est si bien qu'il est difficile de le retrouver malgré son logo flottant. L'éditeur aura misé une fois encore tant sur le manga que sur la BD, avec d'un côté des avant-premières et goodies, et de l'autre la présence de nombreux auteurs français en dédicace. Concernant le manga, les offres auront eu le mérite de ne pas se focaliser uniquement sur le label Gothic... Cependant, avec une mise en avant aussi pauvre, l'exposant risque encore de faire de la figuration s'il persiste à vouloir autant stagner.
 
   
 

Xiao Pan
 
Unique représentant de la bande-dessinée chinoise sur le salon, Xiao Pan pouvait compter cette année sur la présence d'un nouvel auteur, Coco Wang (Coco en Angleterre), mais aussi sur le grand retour de son auteur phare, Benjamin ! Cependant, l'euphorie autour du dessinateur semble s'être érodée au fil des années, tant sa venue n'a pas eu l'air de susciter d'attente. Mauvaise affaire pour l'éditeur, qui ne semble plus changer sa formule et se reposant uniquement sur ses artistes...
  
  
 
 

Petites déceptions...

 
Akata-Delcourt
 
Si certains éditeurs n'ont pris aucun risque, parfois le changement n'est pas non plus la meilleure des solutions. L'éditeur Akata-Delcourt en est un bel exemple, passant d'un stand renfermé sur lui-même à un espace bien plus classique, mais aussi beaucoup plus froid. Les différents évènements et expositions organisés sur le stand sont ainsi passés totalement inaperçues, alors que l'éditeur proposait portant une sympathique introduction à son titre J'aime les sushis. L'absence d'un auteur en dédicace fut réellement handicapant pour le salon, mais espérons que ce ne soit là qu'un mauvais pas pour 2011. Il ne manque pourtant pas grand chose pour que le stand soit identifiable !
 
    
    
 
Tonkam
 
Bénéficiant l'an dernier du sillage de Masakazu Katsura, le stand Tonkam semble s'être un peu trop reposé sur ses lauriers. Aucun changement notable chez l'éditeur dans la forme, totalement identique à celle de l'année passée. Dans le fond, c'est pire encore, puisqu'aucune offre promotionnelle, avant-première ou goodies n'était prévue... et l'éditeur ne semble même pas avoir pensé à mettre en avant les séries Trigun et Trigun Maximum malgré la venue de l'auteur !  Le seul point positif de l'éditeur fut la mise en place d'une vitrine consacrée à des séries versant dans la nostalgie... mais c'était loin d'être suffisant pour masquer son manque d'implication dans le festival.
 
  
 
 
Panini Manga
 
Le ravalement de façade a également eu lieu chez Panini qui de son côté a suivi le chemin inverse de Delcourt : on passe d'un stand classique à un univers plus clos, les différents volumes étant posés sur des tables. On regrettera néanmoins que les différentes entrées du stand soient bloquées par d'immenses statues de Hulk, Spiderman ou Green Lantern ! A la frontière entre Japan Expo et Comic-Con, le stand revenait surtout sur ses plus grands succès (Vampire Knight, l'indétrônable...) mais proposait aussi quelques avant-premières. L'absence général de cohésion rendait toutefois le stand peu chaleureux. Servez-vous, payez et allez-vous-en !
 
  
  
 
Sakka-Casterman
 
C'est avec le même principe d'espace clos et de tables que s'organisait le stand Sakka, que l'on pouvait repérer de loin grâce à la fière bannière annonçant l'acquisition de Thermae Romae !
A dire vrai, le stand en lui-même n'a pas grand-chose de reprochable dans son organisation, mais si Sakka échoue dans cette catégorie, c'est surtout pour avoir proposé l'offre de goodies la plus absurde du festival : un tablier rose Skip Beat! (porté fièrement par les vendeurs), offert pour la modique acquisition... des 16 tomes de la série parus en France d'un coup ! Ou comment pénaliser, comme toujours, les fans de la première heure.
  
 
 
En partenariat avec l'Equipe Mag, l'éditeur a également proposé une exposition autour de Garôden, one-shot de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura à paraitre en aout prochain. La série ayant pour thème le catch, ce prétexte-là suffit aux organisateurs pour placer cette exposition... à côté du ring, soit à l'autre bout du festival par rapport au stand de l'éditeur ! La galerie est hélas passée bien inaperçue, dans un lieu d'avantage fréquenté par les amateurs de cosplay ou se rendant vers la scène musicale... Fausse bonne idée ?
 
      
 
  
Glénat
 
Pour conclure, finissons par le stand One Pie... euh, le stand Glénat, gardant toujours le même aspect de mini-marché du manga totalement refermé sur lui-même. L'éditeur fête en grandes pompes le roi des pirates qui est devenu depuis peu la meilleure vente française en détrônant le ninja orange, et abuse légèrement de la situation. L'éditeur a ainsi organisé une exposition One Piece avec des figurines que, à part quelques exceptions, on pouvait croiser dans l'espace ventes de l'autre côté du hall, une galerie de planches mal mis en évidence et des illustrations très classiques. Une fois encore, les fans de la série déchanteront lorsqu'ils apprendront la conditions pour obtenir les sous-verres collector de la série : il fallait prendre dix volumes de la série !  L'argument fallacieux qui consiste à dire "faites découvrir le manga à vos amis" est ici poussé jusqu'à sa pire extrémité. En attendant, quelques perles dorment néanmoins sur les différentes étagères du salon, l'éditeur ayant tout de même présenté l'ensemble de son catalogue.
Il manquait sans doute à Glénat la venue d'un invité pour que l'éditeur cesse d'être obnubilé par son héros fétiche... à moins qu'il n'ait cru longtemps à l'arrivée d'Eichiro Oda sur le salon ?