Graphismes, synonyme de dynamisme
Lors de la découverte de Haikyû !!, plus dans sa monture manga que dans sa forme animée, c’est bien le style de Haruichi Furudate et son character-design qui peuvent surprendre. Celui-ci, ordinaire d’après les couvertures, est assez particulier lorsqu’on tend l’œil et qu’on se concentre sur les visages des personnages. Le mangaka aime les visages ovales et les grands yeux en amandes et le fait savoir en imposant cette esthétique aux différentes figures de la série, ce qui les rend suffisamment atypiques au point de les pourvoir d’un côté androgyne tout en respectant la tranche d’âge des individus qui évoluent entre les 14 et 17 ans. Cette utilisation des formes évolue toutefois au cours de l’œuvre si bien que celles-ci ne sont plus aussi prononcées une fois la dizaine de volume passés, permettant alors de varier les designs des personnages.
Ces mêmes personnages sont rendus particulièrement vivant dans l’intrigue, que ce soit lors des matchs effrénés ou tout simplement dans les séquences plus légères, portées sur l’humour. Dans un titre de sport, ne pas rendre statiques les figures de l’histoire est un élément important, notamment dans un titre sur le volley-ball où le mouvement garde une importance cruciale. Alors, c’est un travail minutieux des expressions de visage et des postures auquel s’adonne Haruichi Furudate si bien qu’aucun des éléments humains de ses planches ne parait fixe, rendant même le tout parfois trop vivace et ne laissant finalement que peu de répit au lecteur.
Le dynamisme est alors un style cher à l’auteur qui cherche à dépeindre différentes sensations de rythme lors des matchs. Pour démontrer la force du volley-ball et l’intensité des rencontres, c’est les sensations de vitesse et de violence lors de l’impact des balles que l’artiste cherche à démontrer à de nombreuses reprises et pour ça, tous les outils sont bons, qu’il s’agisse d’utilisation de techniques de base ou déconstruction de son propre trait. Les trames sont alors souvent de mises et ce de manière récurrente mais elles ne sont pas forcément utilisées qu’en arrière-plan, le tout étant d’en garnir la case pour mieux appuyer sa vivacité. Le plus étonnant visuellement reste néanmoins la manière qu’a l’auteur de déformer ses personnages, par exemple les jambes, les mains et les visages dans leurs expressions, pour faire ressentir la vitesse des joueurs et la violence physique et psychologique qui émane de quelques échanges, un procédé souvent de mine lors des scènes importantes des rencontres et un style que l’anime a cherché à respecter tant il confère une âme à l’œuvre.

Haruichi Furudate, conscient de l’impact de son trait, l’associe parfois à une mise en scène des plus impactantes pour soulever davantage l’adrénaline de certains matchs, comme en atteste l’éprouvante rencontre entre Karasuno et Aoba Jôsai à partir du sixième volume et ce jusqu’au huitième. Les pages entières et les doubles-pages sont alors une arme particulièrement efficace, présentes dès les premiers chapitres mais utilisées avec brio au moment cité précédemment. Dépeindre une violence visuelle sur une double page, à un moment crucial du match, c’est épater le lecteur et son regard mais aussi faire naître en lui la crainte de la finalité du mouvement en cours, aboutissant parfois à de belles sueurs froides. En combinant tous les éléments évoqués dans ce dossier, que ce soit dans l’orientation du sport ou le traitement des personnages tout en gardant en tête le style graphique truffé d’énergie du mangaka, ce dernier parvient à construire des matchs particulièrement rythmés et intenses, presque addictif. Certaines rencontres s’étalant sur plusieurs tomes, tous les avoir sous la main sera parfois plus que conseillé…
Haikyû !!, l’anime !!
La politique du découpage en saisons
Depuis quelques années, les adaptations excédant les 13 ou 26 épisodes sont très souvent découpées en saisons et à quelques exceptions prêtes, des anime fleuves qui bénéficient d’une diffusion sans interruption comme Dragon Ball Super dernièrement, les studios préfèrent opter pour un découpage en plusieurs blocs, un avantage pour tester le potentiel commercial des séries, mettre l’accent sur la qualité en prenant d’avantage de temps pour produire une salve d’épisode, et penser à de nouvelles stratégies commerciales. Haikyû !! a donc bénéficié de ce découpage car pour une série avec un tel succès, se contenter d’une anime promotionnel de 13 ou 25 épisodes n’était pas intéressant. La première saison, composée de vingt-cinq épisodes, est ainsi diffusée d’avril à septembre 2014 tandis que la seconde est proposée sur les petits écrans nippons (et les plateformes de simulcast internationales) entre octobre 2015 et mars 2016. La suite ne se fera pas attendre bien longtemps puisque la troisième partie de l’anime est prévue pour le mois d’octobre de cette même année. Evidemment, selon la durée du manga, de nouveaux segments sont à prévoir et étant donné la popularité de l’œuvre, il serait très étonnant que les studios Production I.G. s’arrêtent en si bon chemin.

Notons qu’en marge de la première saison, une autre pratique très courante pour les séries d’animation japonaises a marqué Haikyû !!, celle des films récapitulatifs, chargés de condenser un certain nombre d’épisodes en allant à l’essentiel et, parfois, en retravaillant certaines séquences ou en ajoutant des moments inédits. Le premier film, Fin et Début, est sorti le 3 juillet 2015 et a eu droit à une projection avant-première en marge de Japan Expo, dans le cinéma parisien Le Grand Rex. Même refrain pour le second opus, Gagnants et Perdants, sorti le 18 septembre 2015 au Japon mais quelques jours plus tard, le 5 octobre, dans le cinéma de la capitale. Si les deux longs métrages restent inédits chez nous en DVD, Wakanim les proposent en streaming afin de contenter les fans ou encore ceux qui n’auraient pas la patience de parcourir les 25 épisodes de la première saison.
Une adaptation à la hauteur des matchs
Pour beaucoup, l’anime Haikyû !! a su sublimer le manga sur certains points, notamment graphique tant le style de Haruichi Furudate n’est pas toujours simple à suivre et une certaine confusion peut régner au cours des rencontres. L’anime, tout en respectant le style du mangaka à bien des égards, rend alors les matchs plus fluide et visuellement plus clair, notamment par son utilisation des couleurs très vives et donnant du relief aux terrains, mais aussi en affinant souvent le travail sur les personnages. Toutefois, les choix de mise en scène du mangaka ne passent jamais à la trappe et son style, basé sur les trame et la déformation lors des actions très vives, est retranscrit à l’écran à travers des séquences au style sakuga, notamment ces fameux instants où Hinata, fort de sa détente, bondit pour intercepter la balle. Souvent réutilisés, ce que nous avons notamment pu voir au cours du match final de la deuxième saison, ces moments sont peut-être ceux qui sied le plus au style de Haruichi Furudate. A côté de ça, l’anime reste très fidèle au support d’origine et peu de différences sont à noter. En début de seconde saison, on constate alors seulement une modification de l’ordre de certains événements, un chamboulement qui ne trahit jamais l’intrigue globale et sert avant tout à donner un rythme et soulever dans enjeux lors du premier épisode de la deuxième partie animée.

En parallèle et en dehors de toute question d’adaptation, Haikyû !! est un anime de très bonne facture qui peut aisément se substituer au manga par ses qualités. Le travail technique est alors à saluer, notamment l’animation qui reste d’un niveau plus que correcte d’un bout à l’autre et se permet quelques choix de mise en scène attribuant à certaines rencontres un haut niveau d’intensité, permettant de ressentir les matchs de manière très différente du manga et de manière peut-être plus vive.
Et si l’anime aboutit à de telles prouesses en termes d’ambiance et de tension par moments, c’est en grande partie grâce à sa bande originale composée par Asami Tachibana et Yûki Hayashi. La première touche le plus souvent aux thèmes des instants posés où le quotidien l’emporte sur les sonorités plus épiques, celles qui retranscrivent l’adrénaline des matchs, car celles-ci sont davantage l’œuvre du second compositeur qui sait alors rythmer musicalement les épisodes et entretenir une atmosphère en adéquation avec la détermination des joueurs de Karasuno. Prenez ces thèmes et associés les à la mise en scène dynamique de l’anime, et certaines séquences deviennent prenantes au point qu’on ne se lasse pas de les visionner.
Finalement, c’est plus sur ses génériques que Haikyû !! se révèle très classique. Spyair, Sukima Switch et d’autres groupes de rock nippons se sont succédé sur les compositions et ont développé des mélodies sympathiques, vivantes pour correspondre à l’aspect sportif de l’œuvre, mais qui n’allaient finalement pas vraiment plus loin que la touche shônen de la saga.
© 2012 By Haruichi Furudate / SHUEISHA Inc.
De Azhure, le 11 Mai 2016 à 16h33
Fantastique manga. Moi qui n'aime pas le sport et les histoires qui tourne autour, j'ai beaoucoup aimedr cette histoire sur le volley