Gundam : L'histoire des productions - Partie 1 - La première série et ses films - Actualité manga
Dossier manga - Gundam : L'histoire des productions - Partie 1 - La première série et ses films

Diffusion... et désillusion


Ce jour là, les spectateurs japonais découvrent pour la première fois l'histoire de l'Universal Century.
Dans un futur fictif où l'humanité a partiellement migré vers l'Espace, la colonie Side-3 s'autoproclame « Duché de Zeon » et déclare une guerre d'indépendance contre la Terre. Les chars d'assaut d'autrefois ont été remplacés par les « mobile suit », des robots de combat pilotables à la force de frappe lourde, donnant lieu à un conflit d'un nouveau genre et particulièrement meurtrier.
Quelques mois après le début des hostilités, le front se déplace sur Side-7 où vit le jeune Amuro Ray. Lorsque Zeon attaque la colonie, un concours de circonstances mène l'adolescent aux commandes du RX-78-2 Gundam, prototype de mobile suit des forces terriennes. Il devient malgré lui le pilote attitré de la machine et rejoint le vaisseau fédéral White Base à bord duquel il prend part au conflit, au départ contre son gré. Dès ses premiers pas en tant que soldat, sa route croise celle de son plus grand rival : Char Aznable, talentueux pilote des forces ennemies...

Après l'euphorie du lancement, l'équipe créative de Mobile Suit Gundam ne tarde pas à connaître ses premières inquiétudes : La diffusion télévisée ne réunit qu'un faible nombre de spectateurs, si bien que le premier épisode ne récolte que 3% des audiences télévisées, tandis que la moyenne globale de la série sera de 5,3%. Si on poursuit le parallèle avec Space Battleship Yamato, la deuxième série de la saga fit un score moyen de 22,9%. Malgré de fortes ambitions et une détermination implacable, Yoshiyuki Tomino et son staff ne parviennent pas à égaler son grand rival, ni même l'effleurer. Ce chiffrage est pourtant clé, puisque ce sont les audiences qui déterminent un succès en plus du soutien du sponsor. Les premiers pas de Mobile Suit Gundam sur les petits écrans sonnent comme une douche froide.


Chaque semaine, les scores des audiences sont affichées dans les locaux de Sunrise. La déception de l'équipe côtoie la stupéfaction, chacun croyant fermement que Gundam n'est pas une série si mauvaise, en tout cas pas au point de mériter un si piètre accueil. Yoshikazu Yasuhiko va de sa propre hypothèse au sujet de ces chiffres : Le créneau horaire n'est pas adapté à cette période de l'année, les japonais n'étant pas forcément devant leurs postes de télévision vers la fin d'après-midi.
La déception n'est pas le seul impact de ces audiences médiocres. Yoshiyuki Tomino, chef d'orchestre du projet, doit rendre des comptes à qui de droit, autrement dit aux sponsors. C'est lui qui endosse les appels téléphoniques de reproches, préférant se confondre en excuse auprès de ses interlocuteurs plutôt que d'imposer à ses équipes la pression des réprimandes.

A ces scores plus que médiocres s'ajoutent les résultats mercantiles faibles. Aussi, le principal sponsor de Gundam qu'est Clover accueille ces audiences avec une certaine violence puisque les chiffres sont tout aussi chétifs en ce qui concerne les ventes de jouets. Afin d'aider l'effet mercantile de sa série, Tomino tente des réajustements, créant même le concept de « G Fighter », une transformation du robot principal pour faire écho aux formidables machines qui fascinaient les enfants des années avant, par exemple Getter Robot. Mais rien n'y fait, et les ventes ne décollent toujours pas. Avec du recul, d'autres facteurs peuvent justifier l'échec du merchandising, à commencer par le jouet principal qui ne ressemble que grossièrement à la machine que pilote Amuro. Mais à l'époque, difficile d'avoir de telles réflexions, voire de reprocher au sponsor qu'il s'est trompé de cible, Gundam s'adressant à un public adolescent.
Clover mise gros sur le projet, et son pouvoir de décision aboutit à un verdict dur : La série sera écourtée, passant son format de 52 à 43 épisodes. Face à ce désastre, il est difficile d'imaginer que l'œuvre sera le pilier d'une saga qui perdurera pendant plus de 40 ans, et encore moins qu'elle venait d'initier un courant à part entière dans le genre du robot géant : Le Real Robot. Ce concept prétend une forme de réalisme dans ces histoires de géants de fer, chamboulant les concepts de super-héros métalliques aux capacités extraordinaires d'autrefois tels que Goldorak, pour en faire des armes militaires en phase avec les technologies de leurs univers. La trouvaille est, à l'époque, exceptionnelle, mais l'échec de la diffusion de Gundam ne permettait certainement pas d'avoir ce recul.

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Le G Fighter, créé pour honorer les ambitions mercantiles de Clover

Lorsque la décision fatale est prise, la diffusion en est à l'épisode 29, et les équipes sont surmenées. Elles doivent composer avec la création d'une série entière disposant de faibles ressources tout en endossant l'échec du projet et la pression des hiérarchies. Comme si le cauchemar n'avait pas atteint sa limite, un autre drame survient quand Yoshikazu Yasuhiko est victime d'une attaque cardiaque liée à ce surmenage, en pleine nuit. S'il en réchappe bien heureusement, le repos s'impose pour l'artiste, aussi la production est maintenant privée de son character-designer et directeur de l'animation. Les équipes se voient imposées une charge de travail supplémentaire tandis que l'absence de Yasuhiko, jusqu'ici responsable de l'harmonie visuelle au sein de la série, explique la qualité artistique en dent de scie des derniers épisodes.

Pourtant, Tomino et les siens ne baissent jamais les bras, même si l'annonce de l'écourtement de la série sonne comme un soulagement. Pour eux, le combat touchera bientôt à sa fin. Aujourd'hui, certains membres de l'équipe comme l'animateur Ichiro Takano jugent cette situation comme similaire à celle de l'équipage du White Base dans la série. Tomino, tel Bright Noa, devait diriger un équipage sur un champ de bataille hostile, avec peu de ressources à leur disposition. Tous s'épuisent, mais tous continuent de se battre avec une détermination acharnée et un soutien mutuel exemplaire.
Dans cette succession de malheurs et de désillusions, il y a pourtant un coup du destin, le premier d'une longue liste. Lorsque l'annonce du raccourcissement de Mobile Suit Gundam tombe, la série enregistre sa meilleure audience avec son épisode 29 : 9,9%. L'œuvre se dirige vers sa fin et n'aura pas été la révolution espérée dans l'animation... du moins pas pour le moment. Car dans un dernier acte, un sursaut inattendu a lieu.


MOBILE SUIT GUNDAM © by SUNRISE / YATATE HAJIME / YOSHIYUKI TOMINO

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