Goyô - Actualité manga
Dossier manga - Goyô

Petite chronique quotidienne de la vie d’un samouraï


Samouraï… À l’instar de « ninja », voilà un terme qui en a fait rêver plus d’un. Code du guerrier, honneur, sacrifice, combats au sabre sur la plage au lever du soleil… Quand on parle de manga de samouraï, on pense bien entendu chez nous à Kenshin, Vagabond, Lone Wolf & Cub, Satsuma, etc. Des titres qui mettent au premier rang des personnages forts, aux valeurs élevées, et qui possèdent un charisme incroyable.
Cependant, il ne faut pas oublier que le samouraï du bushido (le code des guerriers) est une caste née de la pacification des régions et de l’unification du Japon sous une seule bannière. Le samouraï tel que nous le connaissons dans nos titres a vécu « dans une période de paix », certes trouble à bien des égards, mais c’est le propre de toute nation régie par un pouvoir autoritaire et absolu.
Il est donc d’autant plus intéressant de se poser cette question : qu’en est-il du samouraï de la rue, de celui qui n’a pas su assumer son destin ou n’avait pas les épaules assez larges ? Car contrairement au chevalier de nos pays occidentaux qui pouvait se voir élevé au rang de guerrier, le samouraï hérite de ce titre dès sa naissance et doit en supporter le poids comme un lourd héritage, d’autant plus si il n’a pas un caractère bien trempé qui sied à son rang. Et c’est là l’histoire qui nous est contée dans Goyô.

Peut-être avant de commencer est-il nécessaire de bien mettre les choses au point : Oubliez ce que vous croyez savoir sur le titre de samouraï. Ici, l’accent n’est pas mis sur le combat, loin de là. Il y a quelques duels, des assassinats, mais rien de graphique et pas de chorégraphie bien classe. La tension est amenée de façon différente, par l’intrigue et le passé des personnages. On trouve également peu de samouraï dans l’histoire. La plupart des personnages principaux sont des bandits, des marchants, des espions, mais pas des combattants à proprement parler. Tout cela pour dire que la force de Goyô ne se trouve pas dans l’action, mais dans la façon d’amener l’action à travers les regards et les dialogues.

Goyô nous narre un morceau de la vie de Masa, un samouraï récemment devenu ronin pour des raisons qui nous seront dévoilées au fil des huit tomes constituant la série. D’entrée, il apparaît comme quelqu’un de très timoré, timide et qui n’a pas la moindre confiance en lui. Bref, il est très différent de l’image qu’on se fait habituellement du guerrier japonais typique. Pourtant, il possède un très grand talent au sabre, ce qui est une excellente chose pour un samouraï, dont les épées à la ceinture sont la marque de son pouvoir. Un homme paradoxal donc, et qui attirera l’attention d’un dénommé Yaichi, qui l’engagera d’abord comme garde du corps, et le fera entrer progressivement dans sa bande, les Goyô, un groupe spécialisé dans le kidnapping contre rançon. Et qui possède une routine à toute épreuve, puisqu’ils ont réussi à se tenir en dehors des radars des autorités, et donc à perdurer longtemps.


 
 
 
Peu à peu, les membres du groupe se dévoilent, d’autres viennent s’ajouter, et on observe leurs préoccupations et leurs soucis par rapport à leur activité et leur vie personnelle. Très vite, on se rend compte qu’il s’agit d’une bande de bandits au grand cœur, qui évite toujours de faire couler le sang pour arriver à leurs fins, et qui ont des raisons « valables » pour accomplir ce qu’ils font. Ce qui nous les rend bien sûr encore plus sympathique. Mais les mystères entourant Yaichi pourrait bien venir compromettre ce fragile équilibre…

L’ambiance est très japonaise bien entendu, et l’aspect historique très bien rendu, que ce soit au niveau des décors, des paysages et du soin apporté aux vêtements des personnages. On rencontre finalement très peu de samouraï dans l’histoire, ce qui nous permet d’observer d’autres couches de la population par rapport à ce que nous pouvons lire dans d’autres titres, principalement des marchands, des brigands, et des gens simples de la vie de tous les jours.
Avec les samouraïs en dehors de l’équation, il est clair que l’action n’est pas le point de focus de l’auteure. Il n’en reste pas moins qu’elle sait parfaitement créer le malaise et la tension lorsqu’une situation difficile se produit, notamment lors des enlèvements où lorsqu’une bande de bandit semble tourner autour de Yaichi pour des raisons du passé... Ainsi, malgré son côté très quotidien et ses nombreux dialogues, Goyô sait aussi user d’autres techniques pour accrocher le lecteur, rendant notre lecture agréable et prenante et jamais ennuyante une seule seconde.

En fait, si ce n’est pour l’ambiance et le cadre qui fonctionnent parfaitement en accord avec le trait de l’auteure, Goyô pourrait très bien prendre place à une autre époque et dans un autre lieu, tant les préoccupations et les soucis rencontrés par les protagonistes sont universels, et c’est pourquoi il est si facile d’accrocher à l’histoire et au style malgré le petit côté atypique de l’ambiance. Il est appréciable de mettre ainsi en valeur la vie des gens simples de cette époque, et pas uniquement celle des surhommes capables de tout découper avec un bout de métal, aussi acéré soit-il.

 

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