Girl Friends

Le monde de douceur de Milk Morinaga

Tonalités et ambiances

La fraîcheur transparaît à travers l’œuvre de Milk Morinaga, ce qui n’est pas un hasard puisque tous les choix faits par la mangaka ont pu but de dépeindre la tendresse et les sentiments débordants de Mariko et Akiko. Ce choix passe par la non-présence (ou presque) de sexe dans l’intrigue qui prend pour cible la convivialité des instants passés entre une poignée de personnages, l’humour souvent présent à partir de ces jeunes filles survoltées, et la pureté d’un amour entre deux individus. La place est donc laissée au développement des sentiments et ceux qui sont exploités à travers les moments d’intimités entre les deux héroïnes ou lorsque chacune remettra en question son propre ressenti. En outre, pas d’histoire d’amour grandiloquente, seulement une vie quotidienne banale, mais positive par les sentiments naissants dans les cœurs de Marie et Akko. A ce titre, la série n’hésite pas et utilise beaucoup de narration interne pour exprimer ce que ressentent les deux demoiselles. Ces instants mettent l’accent sur la plus grande des sincérités afin que les lecteurs se rendent compte de la beauté de l’amour et que le protagoniste lui-même fasse le clair au plus profond de son cœur.

A travers cette ambiance de quiétude, Milk Morinaga cherche indéniablement à se servir de l’amour comme un outil enchanteur. Le fait que la série se centre sur la relation entre deux filles laisse transparaître la notion de pureté liée à des troubles plus développés que dans une autre relation. Bien sûr, il y a aussi le côté mignon de la relation et finalement, avoir opté pour deux filles en tant que protagonistes de la relation amoureuse appuie une esthétique en plus d’orienter un ciblage. Néanmoins, la recette fonctionne puisque Girl Friends est souvent reconnu comme l’une des plus grandes réussites du catalogue yuri de l’éditeur Taifu. La tonalité développée par la mangaka y est pour beaucoup, les lecteurs favorisants une histoire d’amour jolie et bien pensée à une banale surenchère sexuelle comme l’éditeur a pu nous en proposer dans d’autres titres, Shoujo Sect pour ne pas citer d’exemple.

Caractéristiques graphiques

A la vue des premières planches de Girl Friends, difficile de penser que Milk Morinaga a cherché à créer un récit aguicheur qui dépeindrait des relations charnelles entre femmes. On s’en rend vite compte : l’ambiance est presque rose bonbon, ceci grâce à des personnages mignons à souhait qui sont très loin de faire leur âge. Mariko, Akiko et leurs amies sont représentées presque comme des collégiennes, difficile donc de trouver dans l’œuvre un désir d’excitation par le yuri tant la volonté d’apporter un ton envoûtant est présent par le style graphique de l’auteure. Le style se construit sur une base simple, celle de personnages à l’allure très arrondie qui pourrait presque trouver place dans un titre kodomo. Prenez alors le personnage de Mariko, discrète et timide de nature, pour obtenir une figure mignonne à souhait par la représentation de l’auteure qui tranche nettement avec les couvertures aux styles plus adultes et surtout au trait sensuel. De même, la bande de demoiselles est représentée de manière très amusante sous des formes chibi à de nombreux moments, par exemple en arrière-plan lors des séquences légères où lors de quelques dessins entre deux chapitres. Loin de vouloir aguicher le lecteur qui réclamerait des séquences de sexe entre deux filles, Milk Morinaga a entièrement choisi la carte de la pureté, du mignon et du jovial.