Femme Fatale - Actualité manga
Dossier manga - Femme Fatale

Kaya Shigisawa, et les tourments des adultes


Née un 15 février, Kaya Shigasawa devient mangaka dans les années 2000. Très attachée à la maison d'édition Hakusensha, elle y publie énormément d'histoires courtes. Son premier ouvrage relié porte le titre de Hakubune no Yukue. Publié le 28 juillet 2006 au Japon, il regroupe six one-shot de l'autrice. Cette dernière sera habituée à ce format, puisqu'elle publiera ensuite d'autres recueils, notamment deux en 2010. Tsumetaku, Amai paraît le 26 mars et condense 12 histoires dépeignant le quotidien heureux ou tourmenté de différents couples, par le style si réaliste de la mangaka. Puis, le 30 novembre 2010, est publié Dare ni mo Ienai, une compilation de 6 récits entrelacées sur certains points.


La première série longue de la mangaka est lancée aux éditions Hakusensha. Kugatsubyô ne totalise qu'un volume et met en scène la relation complexe entre un frère et sa sœur dont les parents sont décédés, tous deux étant en perte de repères. La même année sera lancé Femme Fatale ~ Unmei no Onna ~ qui, comme nous l'avons dit précédemment, sera publié en même temps qu'une autre série.

Ainsi, en 2008 débute Oboreru Yô ni Dekiteiru, un récit assez bref qui narre l'amour complexe entre une jeune femme et son petit-ami, âgé de 8 ans de plus qu'elle. Le récit est compilé est un unique volume qui paraît le 27 août 2008 aux éditions Hôbunsha.


Après Femme Fatale, Kaya Shigasawa lance Sayonara Sayonara, Mata Ashita dans le magazine Wings des éditions Shinshokan. L'autrice propose ici une tranche de vie mélancolique au sein de laquelle le personnage principal est condamné depuis la naissance par une maladie cardiaque. Une nouvelle fois, le récit ne compte qu'un unique volume, qui paraît le 25 novembre 2011.

La même année, une autre œuvre est lancée. Longue d'un unique tome, Mihitsu no Koi est une nouvelle romance mature dont l'unique opus paraît aux éditions Hakusensha le 31 janvier 2012.


C'est en 2012 que démarre ensuite Virtual Red, une histoire érotique et teintée de mystère au sein de laquelle le héros découvre une vieille bâtisse où vit une femme qui offrirait gratuitement ses services d'ordre sexuel, une situation qui cache quelques points d'ombre.

En 2015, c'est le manga le plus long de Kaya Shigasawa, à ce jour, qui démarre. Intitulée Omae wa Ore wo Korosu Ki Ka, la série est développée jusqu'à 2017. D'abord prépubliée dans le magazine Rakuen de l'éditeur Hakusensha, elle totalise 5 tomes.


Enfin, 2018 marque la dernière série (à ce jour) de la mangaka avec Mahô Shojô wa Shibô Suru, une tranche de vie qui nous propose de suivre le quotidien d'une professionnelle du monde de l'animation. La série est d'abord prépublié dans le Rakuen Web Zôkan, et l'unique volume qui compose cette histoire est publié le 21 décembre 2018.


Par cette rétrospective des œuvres de Kaya Shigasawa, on se rend compte que la manga aime les relations adultes complexes pour donner à ses œuvres des airs parfois durs et vénéneux, derrière des tranches de vie variées. Le style de Femme Fatale semble s'adapter à bien des récits de l'autrice, même si nous n'avons malheureusement pas eu la possibilité de les découvrir pour le moment.

Aussi, la mangaka est présente sur les réseaux sociaux. Elle y partage de nombreuses informations, et pas exclusivement liées à son travail. Ainsi, un coup d’œil sur son compte Instagram permet de découvrir ses deux passions : La nourriture... et son chat !


Une romance douloureuse et vénéneuse


Femme Fatale est un titre qui démarre assez sereinement. Présenté comme une romance, le manga de Kaya Shigisawa se déroule dans le cadre étudiant : Les personnages sont des universitaires, ce qui laisse déjà penser à un ton un poil différent de la comédie sentimentale lycéenne. Pourtant, sur les premières pages, rien de si original à l'horizon. Le ton est plutôt posé, et la mangaka focalise son récit sur des personnages hauts en couleur. Néanmoins, ce n'est pas sur eux que nous nous concentrerons dans cette première partie de ce dossier, celle-ci sera plutôt adressée à l'ambiance de la série et sa manière de traiter la romance.

Les cartes sont distribuées de manière assez étonnante dans l'amorce de l’œuvre. Les personnages principaux sont déjà en couple, avant que le scénario vienne déconstruire toutes ces bases pour s'orienter vers l'intrigue véritable de Femme Fatale. D'abord en couple, dans une relation à distance, Hajime Saitô se voit plaqué par sa copine, avant de tomber sous le charme de son amie et camarade de club, Ebisawa. Dès lors, il est intéressant de voir que la rupture sentimentale du héros en tout début de série va amener une autre ambiance, tiraillée entre la comédie et le drame parfois douloureux.

Femme Fatale va alors reposer sur des relations entres personnages, essentiellement amoureuses, qui n'auront rien de très simple. Le cœur du sujet sera le lien assez particulier que vont entretenir et développer Saitô (alias « Tiret ») et Ebisawa. Ce dernier est sous le charme de cette jeune femme qui le fait pourtant souvent tourner en bourrique, tandis que cette dernière est en couple, dans une relation a priori sérieuse, ce qui ne laisse aucun espoir optimiste pour le héros. Une situation complexe avec laquelle va sans cesse jouer la mangaka pour y apporter du piquant. Car au fil des chapitres, la liaison qu'entretiennent Ebisawa et Ishiwatari se décante pour mettre en exergue les difficultés du couple et le caractère très particulier de la jeune femme, tandis que Saitô va se retrouver prisonnier de ses sentiments, partagé entre la résignation et l'espoir de voir un jour Ebisawa tomber dans ses bras.


C'est un véritable dilemme sentimental sur plusieurs points de vue que développe alors Kaya Shigisawa, en trois petits volumes. Derrière cette facette, il y a d'abord un récit globalement efficace grâce à son ambiance, celui-ci faisant alors office de conte social et sentimental presque vénéneux tant les souffrances des personnages s'accumulent, et leurs dilemmes moraux aussi. Il y a toute une patte assez sombre dans Femme Fatale, ce qui apporte indéniablement un cachet à la série.

Mais au-delà de ça, il y a aussi les discours que cherche à entretenir la mangaka. En amorce de dossier, nous vous avons brièvement présenté l'artiste et les œuvres qu'elle a publié à ce jour, ce qui nous a permis de voir que la mangaka aime les tranches de vie qui s'appuie sur les souffrances d'adultes qui s'enlisent dans des relations complexes. Femme Fatale est de cet acabit, et l'autrice y développe certains sujets assez précis autour des relations de couple, ou tout simplement l'amour d'une manière générale. Chacun n'aime pas de la même manière, chose qu'Ebisawa et Ishiwatari montrent via leur relation particulière. Tous deux permettent aussi à la mangaka de développer la difficulté d'être en couple, que ce soit à cause de nos attentes personnelles ou nos implications sociétales (ce que le petit-ami d'Ebisawa montrera par son amour du travail, peut-être plus que son amour pour sa conjointe). Saitô, le protagoniste, amènera une autre optique par sa situation de célibataire amoureux de sa camarade. L'idée est de montrer que l'amour est un sentiment qui peut tirailler et faire souffrir au point de nous déconnecter de la réalité, ce qui vient une nouvelle fois renforcer le côté vénéneux du titre. Au-delà de ça, il présente aussi un personnage qu'on ne peut vraiment apprécier, point sur lequel nous reviendrons dans la partie suivante.

Il y a beaucoup à dire et à développer au final, en ce qui concerne tout l'aspect romantique de Femme Fatale. On pourrait aller plus loin, mais cela reviendrait à aborder un autre aspect du titre : Ses personnages, et la manière bancale de les traiter. Avec eux, Kaya Shigisawa avait la capacité d'élargir comme il se doit son sujet, chose qui sera faite de manière assez maladroite tant le traitement de l'entourage du trio central sera assez maladroit.

Commentaires

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Iker Bilbao

De Iker Bilbao, le 16 Août 2020 à 23h25

Merci pour ce dossier !

Sans doute mon plus gros échec éditorial commercialement parlant. Mais je ne regrette pas une seconde de l'avoir publié en France :)

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