Le refus de grandir trop vite face aux pressions de la société
En attendant lundi, il s'agit donc de l'histoire d'Akane Mizutani, cette jeune fille dont le passage de l'école primaire au collège s'annonce compliqué.
La raison ? Eh bien, au fond d'elle, elle reste toujours une enfant, ayant gardé ses passe-temps d'avant malgré son arrivée dans "la cour des grands". Autour d'elle, tous ses camarades de classe, y compris ses amies de l'école primaire, semblent avoir soudainement changé de centres d'intérêt, juste parce qu'ils sont désormais au collège. Et ça, elle ne le comprend pas du tout.
Quand tous s'activent pour trouver un club, elle s'en fiche un peu. Quand tout le monde se met d'un seul coup à regarder des émissions télévisées parlant d'amour et qu'elle trouve débiles, elle préfère toujours regarder les émissions animalières qu'elle adorait déjà en primaire. Quand ses camarades de classe abordent leurs rêves d'avenir, elle continue surtout de rêver de pouvoir voler dans les airs.
A la maison, ce n'est pas mieux, notamment parce que ses parents lui reprochent de manquer de maturité ou d'avoir de mauvaises notes. Et puis surtout, il y a l'aura de sa grande soeur, douée en tout, qui était ultra populaire au collège où elle a laissé un fort souvenir, et à qui on la compare bien trop souvent.
Bref, partout, de façon directe ou plus détournée, on reproche à Mizutani de refuser de grandir, on lui fait sentir qu'elle est soi-disant trop gamine, simplement parce qu'"elle est au collège maintenant".
Et ça l'étouffe.
Le monde de la jeune fille, à cette époque où la puberté commence à peine, devient bien trop gris et ordinaire. Toujours les mêmes bâtiments ternes, toujours les mêmes uniformes scolaires, toujours le même vacarme des élèves, toujours la même routine des cours... au point qu'elle en est arrivée à détester le lundi, ce jour qui marque l'arrivée ordinaire d'une nouvelle semaine répétitive.
La rencontre de Tsukino
Et pourtant, le monde en plein mal-être de Mizutani risque bien de retrouver petit à petit des couleurs grâce à sa rencontre avec un bien curieux camarade de classe, Tohru Tsukino.
Ce garçon n'a pas forcément bonne réputation: il est toujours muet, effacé et terne en cours, il se laisse brimer par la jeune Hiko et sa bande en ne bronchant jamais comme si ça ne l'atteignait pas, il y a des rumeurs improbables qui courent sur lui à tel point que beaucoup préfèrent ne pas l'approcher...
Mais notre héroïne découvrira l'autre facette de Tsukino, dès lors que celui-ci montrera un intérêt pour elle, pour sa façon d'être, pour sa manière toute naturelle de ne pas rentrer dans le moule que les autres semblent parfois s'imposer. Tsukino le sent et le dit: il a besoin d'une fille comme Mizutani dans son quotidien, car lui-même garde une grande part d'enfance.
Alors, ensemble, les deux enfants se fixent leur fameux rendez-vous hebdomadaire, et se mettent à se retrouver chaque lundi soir, en secret, dans la cour de l'école. Et dans ce cadre nocturne qui n'appartient alors qu'à eux deux, ils pourront s'adonner, dans une atmosphère quasiment hors de tout, à leurs amusements.
Rendez-vous salvateurs
Dès lors, ce rendez-vous régulier va prendre de plus en plus d'importance pour eux deux.
Au gré des amusements innocents des deux enfants, en premier lieu, notamment avec un Tsukino qui s'entraîne avec des balles pour améliorer son "super pouvoir", et une Mizutani qui cogne dans les balles ou se tape des sprints pour se dépenser. Quand il ne s'agit par pour eux deux, tout simplement, de discuter sur des sujets au premier abord innocents mais qui, avec notre oeil d'adulte, peuvent avoir un fort double sens assez mélancolique en évoquant notre propre jeunesse innocente perdue.
Mais il y a également la manière dont les deux jeunes personnages vont avoir l'occasion de se rapprocher, en se confiant eu à peu un peu plus l'un(e) à l'autre sur certains de leurs tourments, sur leur famille, etc... et si l'on ne suit quasiment jamais directement les pensées de Tsukino, on a largement l'occasion de le découvrir par petites touches à travers les pensées et les observations de Mizutani, et de bien cerner l'enfant tantôt jovial et relâché (quand il n'est pas en classe) tantôt largement plus mutique et terne (quand il est en cours, qu'il se fait chahuter...) qu'il peut être, ce qui le rend d'autant plus attachant en opposant bien sa part d'innocence préservée à la manière dont les côtés "adultes" du collège veulent le bousculer.
En tout cas, une chose est sûre: grâce à un Tsukino qu'elle désire toujours mieux connaître et à leurs rendez-vous hebdomadaires, Mizutani se met enfin à aimer le lundi, voire à l'attendre avec impatience, à tel point qu'elle ne sera pas totalement heureuse en voyant les vacances estivales arriver puisqu'elles signifient l'arrivée d'une pause dans les retrouvailles du lundi.
Grâce à ses rendez-vous avec son camarade, la jeune fille se met bel et bien à envisager le routinier quotidien avec plus de bonheur. Et ainsi, après n'avoir croisé son camarade de classe qu'une seule fois pendant les vacances d'été, elle se réjouit même à l'idée de la reprise des cours, et donc du retour véritable de leurs libérateurs rendez-vous hebdomadaires. D'autant plus que différents événements, comme la fête du sport, la fête culturelle ou même un concours de chorale, ont de quoi, eux aussi, briser un peu la monotonie du quotidien à l'école.