Dossier manga - Code Geass - Le Revival

Revival, phase 2 : Re;surrection



La décision d'une suite


La production du film Code Geass – Lelouch of the Re;surrection ne s'est pas faite par pur coup opportuniste, après l'appréciation par Sunrise des bons retours commerciaux de la trilogie récapitulative. Le projet était inclus dans l'événement anniversaire, et donc pensé en même temps que la trilogie récapitulative. Néanmoins, il est logique de croire que Goro Taniguchi a commencé à réfléchir le projet en profondeur, une fois la trilogie achevée.


L'idée majeure de ce quatrième long métrage, c'est le retour de Lelouch, protagoniste charismatique et ô combien symbolique de la saga Code Geass. Lelouch n'est pas seulement Zero, mais une figure humaine, qui était prête à sacrifier le monde pour sa petite sœur, Nunnally. Au final, c'est pour sa petite sœur qu'il a sauvé le monde, en échange de sa vie et de son honneur.

Il existe deux raisons qui ont poussé Goro Taniguchi à envisager la renaissance de Lelouch. La première vient d'un décalage entre la vision qu'ils entretenaient de la conclusion de la série télévisée, lui et Jiro Okouchi, et celle des fans. Si la réalisation entretient une sorte de flou sur la mort de Lelouch, les spectateurs ont communément admis que le héros mourrait à la fin de l'histoire, et que sa survie est plus de l'ordre d'hypothèses et de fantasmes de fans. Mais pour Taniguchi et Okouchi, ce flou était volontaire, les auteurs penchant davantage pour la survie du héros. Avec une suite comme film, c'était l'occasion de mettre les choses aux clairs. À côté, il y a une raison mercantile à ce choix. Tuer Lelouch, c'était boucler Code Geass en limitant les possibilités de suites. Ce quatrième film permet de créer une ouverture pour Sunrise qui pourra développer la licence à sa guise. Toujours en comparant la licence à la foisonnante saga Gundam, le film Char contre-attaque est pris en exemple. Dans celui-ci, le combat entre Amuro et Char était mené à terme, ce qui donne au film une allure de fin définitive. Même si la plus célèbre saga de robots géants a largement su rebondir, il fallait que Code Geass évite ce piège.


La question du format cinéma peut se poser pour ce nouveau chapitre. Si beaucoup en occident s'attendaient à une saison 3 en guise de séquelle, c'est en observant les modes de consommation actuels que la production a penché en faveur d'un film. Non seulement pour rester dans la continuité de la trilogie récapitulative, mais surtout pour proposer un projet dans l'air du temps. Pour un format de série, Taniguchi estime que seule une large diffusion mondiale par le biais de plateformes comme Netflix aurait été possible.




Un film tourné vers l'avenir


Lelouch of the Re;surrection a l'aura d'un film développé sur le tard, dans le sens où son intrigue ne s'intègre pas dans l'histoire de base, mais s'en trouve détachée. Dans ce nouveau chapitre, l'ennemi est nouveau et n'avait jamais été mentionné jusqu'à présent. Le Zilkhistan est un état nouveau, que Taniguchi et Okouchi ont développé de manière à lui donner du sens dans cette trame. Un sens à la fois thématique et scénaristique puisqu'à côté de son implication dans le culte du Geass, le pays s'oppose à l'idée de la conclusion de la série. Le Zilkhistan est un état de mercenaires, qui a fait du conflit un marché duquel il vit. Alors, quand la fin de Code Geass pose la question d'une possible paix durable à l'échelle mondiale, suite au Zero Requiem, le film apporte de nouvelles nuances. Pour le reste, il ne s'agit pas vraiment de répondre à cette interrogation, mais davantage de créer une histoire prenante basée sur le retour de Lelouch. Le Zilkhistan devient surtout un nouvel ennemi à vaincre, présentant une nouvelle brochette d'adversaires détenteurs de Geass. Shanma a donc l'allure d'une dirigeante aussi implacable que feu Charles, et sans totalement s'en détacher. Dans son idée, Taniguchi voulait des personnages humains, de manière à ce qu'aucun camp ne soit foncièrement mauvais. Il fallait rester dans une écriture à la Code Geass, pour une histoire de guerre dans laquelle les protagonistes agissent au nom de leurs désirs.


Mais cette idée ne sonnait pas comme une évidence. Au départ de la production, le réalisateur et le scénariste ont pensé à s'appuyer sur des éléments bien connus de l'histoire « Lelouch of the Rebellion », en présentant les survivants du culte du Geass, ou les Knights of Round non présent dans la série. Jouer la carte des survivants de Britannia a aussi été envisagée, mais peut-être le piège de trop ressembler à Gundam et à Neo-Zeon a voulu être évité. Alors, un nouvel ennemi semblait plus approprié, surtout parce que le format de film ne laissait que peu de place à de grands développements.


Pour ces choix, le film Lelouch of the Re;surrection n'est pas un épisode unanimement apprécié. Sa formule donne l'air de jouer la carte du filler, quand le retour de Lelouch, pourtant voulu le Taniguchi et Okouchi, brisait le mythe du héros martyr pour de nombreux fans. Dès lors que le retour à la vie du héros fut acté, créer un consensus paraissait impossible. Néanmoins, un aspect a sans doute contenté les fans du binôme formé par Lelouch et C.C. Car le film a été pensé comme une histoire d'amour entre eux, une romance qui débute par le refus de la sorcière immortelle à laisser Lelouch mourir. La chanson d'ouverture du film, Kono Sekai de de Leo Ieiri, a été écrite comme l'expression des sentiments de C.C. Au contraire, la chanson de fin qu'est Revive, chantée par le groupe UNION, est la réponse de Lelouch à ces sentiments. De quoi confirmer la volonté d'une certaine vision romantique.




Canon, pas canon ?


Le terme de « canon » revient dans énormément de débats autour de sagas de fiction proposant des suites ou de nouveaux chapitres. Présent depuis des décennies dans la pop culture américaine, il est aujourd'hui présent du côté des communautés de fans occidentaux d'œuvres japonaises.


Pour Code Geass, la question du canon vient du statut de séquelle de Lelouch of the Re;surrection par rapport à la trilogie récapitulative, et non à la série télévisée. C'est la survie du personnage de Shirley qui empêche une réelle connexion entre les formats TV et cinéma, la demoiselle décédant durant la seconde saison de la série, mais joue un rôle dans le retour de Lelouch, dans le film. Pour Goro Taniguchi, il est clair que Lelouch of the Re;surrection est une suite assumée des films, et a été pensé comme telle. Le réalisateur donne donc ses consignes : Il existe deux œuvres dans Code Geass, à savoir la série et les films. Chaque format existe indépendamment de l'autre, tout comme dans Gundam où les séries comme les films sont reconnus des fans. Pourtant, un petit lien relie ce quatrième film à la série télévisée : Son titre. « Re;surrection » fait écho au titre du dernier épisode de l'anime, « Re ; ». Simple clin d'œil qui marquait, surtout, l'arrivée d'une toute nouvelle histoire, plus de 10 ans après la diffusion de l'ultime épisode de Code Geass R2.


Au Japon, le film est sorti dans les cinémas le 9 février 2019 et a connu un petit succès, avec plus d'un milliard de yens aux boxes-offices.



De notre côté, le film n'a eu droit qu'à une sortie VOD, puis physique en DVD et Blu-ray. Si on salue les efforts faits par Kazé (aujourd'hui Crunchyroll) en produisant un doublage français ramenant les comédiens d'origine, la forme d'un simple boitier amaray dans un fourreau cartonné, sans réels bonus, est décevant en plus de jurer sur les étagères.


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