Code : Breaker

Entre bastons enragées et convivialité

 
 
Les couvertures de la série ainsi que les premiers chapitres en disent long sur Code : Breaker. Le titre prend le chemin du shônen d’action classique à influence Nekketsu. Forcément, l’histoire va alors respecter des codes pré-faits, avec plus ou moins de surprise. D’abord, les retournements de situation liés à une « technique spéciale » ou à une montée en puissance soudaine sont des cartes maitresses couramment jouées dans la série, mais c’est aussi le cas dans de nombreux titres du genre. La prise de risque et le renouvellement ne sont clairement pas les préoccupations d’Akimine Kamijyô, une caractéristique de l’œuvre que ne manqueront pas de condamner les plus réticents à la série ou au style de la mangaka. Les joutes de Code : Breaker trouvent leur intérêt ailleurs : D’une part dans la mise en scène explosive, mais aussi dans le dessin de l’auteure qui rend les scènes d’action époustouflantes. L’artiste joue volontiers avec les ombres et les détails, incluant à ses planches de nombreux éléments graphiques, sans pour autant surcharger ses pages. Les combats sont globalement fluides et clairs, nous les suivons avec plaisir en plus d’en prendre plein les yeux. Il n’en faut alors pas plus pour les amateurs de shônen pour apprécier ce délicieux spectacle car bien que le genre ne soit pas renouvelé, Code : Breaker puise ses atouts dans la qualité de la mise en scène et dans le talent graphique de son auteure. A ce titre, les lecteurs masculins les plus coquins prendront un plaisir coupable à contempler les quelques héroïnes de la série, physiquement gâtées par Mère Nature, dans des poses aguicheuses, vêtues de vêtements déchirés quand elles ne finissent pas en petite tenue.
  
  
   
   
 
Une autre des forces de Code : Breaker, c’est sa façon de composer ses arcs scénaristiques. Au lieu d’enchaîner les affrontements de manière linéaire, Akimine Kamijyô prend plaisir à installer des entractes entre les différentes séquences de combat. Outre les batailles finales, il est rare d’avoir affaire à deux combats d’affilée. Ainsi, durant ces temps de répit et histoire de nous remettre du flot d’action qui a défilé devant nos yeux, nous savourons les péripéties quotidiennes de Rei et sa bande. Au programme, bonne humeur, franche rigolade, éventuellement quelques délires coquins, le tout pour renouveler le divertissement et satisfaire le lecteur. Les phases d’entraînement, presque indissociables de tout shônen qui se respecte, se déroulent dans cette atmosphère. Ainsi, ces séquences sont légitimes et ne sont pas insérées uniquement dans une optique de fan-service. Bien souvent, les relations entre personnages se déroulent durant ces phases conviviales, et il faut reconnaître que le tout est très bien mené. Clairement, nous remarquons dès les premiers chapitres une relation entre Sakura et Rei, peut-être vouée à devenir une idylle et apporter au titre son quota de romance. Cette affection entre les deux personnages sera sujette à bien des gags et quiproquos, tous bien menés, et amenant à un résultat flagrant. Observez le Rei Ôgami du premier volume et celui du dernier arc en date en France, le fossé est effectivement très grand. Et ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres car si les derniers volumes parus à ce jour dans notre pays nous apprennent une chose, c’est que la mangaka n’oublie aucun de ses protégés, et chaque personnage à droit à son moment de gloire et à son développement. Que ce soit l’évolution des personnalités ou le passé mis à nu afin de comprendre les ambitions de chacun, aucun des Code : Breaker n’est en reste. Certains chipoteront encore sur le manque d’inventivité dans le background de certains combattants, de manière parfois légitime, mais les éléments étant amenés progressivement au cours de l’histoire rendent les différents développements crédibles et appréciables.
 
En bref, Code : Breaker suit une recette bien précise : De l’action pur jus qui satisfera les plus gourmands des amateurs de combat, développant l’intrigue générale de l’arc, et des épisodes de calme, faisant la belle part au quotidien des différents personnages, permettant de développer et fouiller les personnalités, par le biais de sketchs divers où la convivialité est à l’honneur. Car entre ces combattants de l’ombre, voués à vivre sans entourage ni identité, ce sont de puissants liens qui vont se créer, un paradoxe avec la notion de Code : Breaker que la mangaka a plaisir à mettre en scène.