L 'écriture au centre de tout
Quand on commence cette série, on est interpellé par la place très importante de l'écriture dans l'histoire. C'est elle qui est à la source de nombreux nœuds de l'intrigue qui ne se dénoueront quasiment qu'à travers elle d'ailleurs.
En effet, Han Se Ju, notre personnage principal, est un écrivain de renommée mondiale. Sa vie bascule le jour où il retrouve la machine à écrire de son ancienne vie, qui déclenchera une série de phénomènes qui le troubleront au plus au point. En premier lieu : il n'arrive plus à écrire. Il semble être victime du syndrome de la page blanche depuis qu'il s'est lancé dans un nouveau projet de roman, « Chicago Typewriter », le récit de trois amis lors des années 30. Pourtant, miraculeusement ces idées vont prendre forme sur un manuscrit qu'il ne se souvient absolument pas avoir écrit mais qui retranscrit pourtant touts les idées qu'il avait. Apparaîtra alors un homme du nom de Yoo Jin Oh se déclarant être son écrivain fantôme. Le pire des cauchemars vient de se réaliser devant ses yeux. En effet, on découvrira rapidement qu'Han Se Ju a déjà été plus ou moins l'écrivain fantôme de quelqu'un d'autre et que ce fait le hante par dessus tout. Voilà pourquoi il aura énormément de mal à accepter l'existence de Jin Oh. Voler le travail de quelqu'un d'autre le révulse, se rajoutant au fait qu'il accuse mal le choc de se savoir « copiable ». Cela le mènera à faire une conférence de presse pour avouer ce poids qu'il trouve insoutenable. Et c'est cette conférence qui lui fera prendre conscience d'une réalité qu'il n'aurait jamais imaginé : Yoo Jin Oh est un fantôme, logeant dans sa machine à écrire. Un fantôme à la recherche des souvenirs de ses derniers instants qu'il espère bien trouver dans les souvenirs de son « vieil ami ». Voilà pourquoi il poussera Se Ju à finir ce roman inspiré par sa vie passé. Un roman qui pourrait bien chambouler la vie d'une autre personne directement concernée : Jeon Seol.
L'écriture est ici abordée comme une véritable problématique de vie. Pour Se Ju, l'écriture représente le pilier de sa vie. Il ne peut pas vivre sans, et il a besoin de devenir quelqu'un d'inimitable et d'incomparable dans ce domaine pour se sentir exister. C'est pour cela qu'il perd un peu les pédales au début de la série quand il est confronté à Yoo Jin Oh pour la première fois. Quand à Jeon Seol, les romans de son idole sont comme un phare sur sa route. Elle le soutient corps et âme, parfois à l'extrême c'est vrai, mais elle a besoin de ce genre de repères pour avancer dans sa vie semer d'embûches. Quand à Yoo Jin Oh, son salut viendra de la fin de ce roman le reliant à ses deux vieux amis.
Parlons d'un autre personnage maintenant pour qui l'écriture est primordiale : Baek Tae Min. Fils du célèbre écrivain Baek Do Ha, il se sent inférieur au talent de Se Ju et il a du mal à accepter son manque de talent. Il cherche désespérément à exister, à obtenir la reconnaissance des autres. Pourtant, après avoir voler le manuscrit de son frère d'adoption et avoir profité de son succès à sa place, il fera place à la dure réalité. Ses livres suivants n'auront pas autant de succès et la plupart des gens ne le reconnaîtront qu'au travers de son premier roman, qui n'est pas de lui. Même son travail en tant que professeur dépend de ce premier succès volé. Pris dans la toile qu'il aura lui-même tissé, il n'aura d'autres choix que de la conserver coûte que coûte, usant de tous les coups bas possible. Il le sait, il ne supporterait pas l'humiliation et le mépris des gens. Et c'est à cause de ce sentiment d'infériorité qu'il se fera un devoir de prendre tout ce qui peut appartenir à son rival, Se Ju. Il commencera par Jeon Seol, mais elle ne fera jamais vraiment suite à ses demandes. L'indifférence de la jeune femme le poussera à fissurer le masque qu'il s'est créé. Ce masque qu'il s'était créé avant tout pour obtenir la reconnaissance de son père, reconnaissance qu'il n'aura finalement jamais. Perdu dans ses mensonges et sa vanité, il n'arrivera jamais prendre de la distance avec lui-même et à se rendre compte de ses torts. Ce n'est qu'une fois l'irréparable commis qu'il commencera à se remettre un tant soit peu en question, et encore, seulement avec l'intervention de Se Ju.
Une histoire d'amitié avant tout
Chicago Typewriter, avant d'être une belle romance qui transcende le temps, est par dessus tout une magnifique histoire d'amitié. Une amitié qui nouera les liens entre Se Ju et Jeon Seol. Une amitié que l'on découvre au compte goutte dans les souvenirs des vies passées de notre trio principal. Elle nous semble rapidement très belle, indéfectible malgré les circonstances dans lesquels ils vivent. Si l'amour s'y fera une petite place, il ne rompra jamais les liens, sauf à la toute fin, au moment où la tragédie les frappe. Si le groupe les lie, il n'y a pas que ça : Shin Yool et Hwi Yeong sont tous les deux écrivains à la base, et il partage cette passion, symbolisé par la machine à écrire, offerte à Hwi Yeong par Shin Yool. Puis viendra s'ajouter une jeune fille, Soo Hyun, encore très jeune quand elle débarque à Carpe Diem. Elle devra vivre en tant que garçon de courses de Shin Yool, qui s'occupera d'elle tel un grand frère. Là encore, si les circonstances de l'époque sont dures, ont verra vite une forte complicité se nouer entre les trois. Bien que passant leur temps à se chamailler, chacun est conscient des qualités de l'autre, lui fait confiance au point de lui confier sa vie.
Dans le présent, les débuts seront plus chaotiques pour notre trio. Se Ju aurait du mal à accepter sa fan n°1 dans un premier temps, puis ce sera au tour de l'écrivain fantôme qui lui fera vivre un petit enfer quelques temps. Pourtant, les souvenirs de leurs vies passées remontant à la surface les pousseront à se rapprocher et renoueront leur lien. Le roman de Se Ju, « Chicago Typewriter », sera le véritable liant de leur groupe, car ils partiront à la recherche de leurs souvenirs pour le terminer.
Notons aussi que Shin Yool/Jin Oh retrouvera sensiblement la place qu'il tenait dans le passé dans ce trio : un protecteur et un grand frère bienveillant pour Soo Hyun qu'il aidera plusieurs fois (quand il ouvre la porte de la maison de Se Ju pour elle par exemple), et un soutien pour Se Ju. Un soutien qui n'hésitera pas à punir Baek Tae Min pour le bien de son ami, bien que celui-ci s'y opposait. Une initiative pleines de bonnes intentions mais qui aura des conséquences malheureuses. Pour ses amis, il n'hésitera pas non plus à user de ses pouvoirs en tant que fantôme, comme là fois où il sauve Se Ju de sa chute du toit, ce qui l'affaiblira grandement et le fera passer à deux doigts du Néant.
En somme, « Chicago Typewriter » est avant tout un drama parlant d'amitié, une amitié ayant traversé les âges, qui aura subit de nombreux tourments, tournant à la tragédie sur la fin, mais qui aura toujours su malgré tout se reconstruire, notamment grâce au pardon.
