Centaures - Actualité manga
Dossier manga - Centaures

Acte I : les tomes 1 et 2


Contexte et histoire


Centaures nous plonge, comme son nom le laisse bien deviner, dans l'univers de ces créatures mythiques et fabuleuses, équines dans le bas du corps et humaines dans le haut.

En des temps reculés, dans un lointain pays, ces êtres vivaient en totale liberté dans la nature, en plaines ou en montagnes, fiers et indomptables, mais également pourvus de raison, d'un savoir ancestral enrichi au fil des générations, et d'un vrai sens de la famille. Occupant les régions montagneuses loin des humains, les centaures venaient toutefois parfois en aide à ceux-ci, en partageant leur savoir ou en se débarrassant d'une bête dangereuse, si bien qu'ils étaient parfois divinisés.

Mais un jour, la folie humaine est née. La guerre est apparue, et avec elle les conflits de pouvoir et les conquêtes de territoires. Dans leurs ambitions, les hommes se sont mis à voir les centaures comme de possibles outils pour leurs guerres, comme de puissantes montures de choix, et ont alors envahi leurs terres pour les capturer et les soumettre, en bafouant leur dignité, leur raison et leur vie avec leurs proches.

Matsukaze, mâle puissant et fougueux à la vaste crinière rousse, est un centaure des montagnes, vivant avec ce qui lui reste de famille. Mais auprès des hommes, la légende de sa robustesse est déjà née, et certains sont prêts à tout pour le capturer et en faire leur nouveau "jouet". Pour permettre à son fils Gonta de fuir, Matsukaze se laisse capturer par les hommes et par Kohibari, un centaure des plaines qui a été "apprivoisé" par les hommes. Pris au piège de la folie et de l'ambition humaines, il souhaite rester indomptable, alors même que les hommes présents se le disputent déjà comme un trophée symbole de pouvoir. Matsukaze est-il condamné à l'esclavage ? Rien n'est moins sûr. Car si Kohibari a activement participé à sa capture, c'est parce qu'il a un plan d'évasion... Ensemble, pourront-ils reconquérir leur liberté et celle de leur peuple ?





Liberté, dignité et indomptabilité face à la folie humaine


Globalement, le scénario de la première grande partie de Centaures repose sur quelque chose d'assez simple, à savoir la lutte des héros centaures pour retrouver leur liberté et leur dignité face à une espèce humaine devenue en partie trop ambitieuse et folle.

Dès les premières pages, Ryo Sumiyoshi nous fait parfaitement ressentir toute la fierté et le charme de créatures puissantes et sauvages voulant rester libres comme le vent.

Et à cela, la mangaka oppose, de façon certes sommaire et assez caricaturale mais très réussie, une certaine barbarie développée par les hommes, n'hésitant pas à considérer ces créatures comme de simples outils et instruments de pouvoirs, et allant jusqu'à en faire leurs jouets et à les amputer pour les empêcher de se rebeller. C'est surtout le cas pour les centaures sauvages, généralement amputés dès leur capture (Matsukaze étant l'exception tant il a des capacités impressionnantes), car il existe aussi des centaures dociles et pleinement au service des hommes, généralement parce qu'ils ont été élevés par ceux-ci depuis la naissance, dans ce qui est finalement une sorte de domestication.





Naissance d'une amitié entre des opposés


Le premier arc de la série repose énormément, surtout dans le volume 1, sur le binôme que Matsukaze et Kohibari, dans leur quête de liberté, sont amenés à former.

Le premier est un robuste et particulièrement indomptable centaure des montagnes, ayant toujours vécu loin des humains avec ses proches, et cohabitant avec un milieu naturel escarpé dont il connaît les ressources.

Le deuxième, amputé de ses deux bras humains par les hommes, est un centaure des plaines, aux traits plus fins, et beaucoup plus rapide.

Leur parcours ensemble est un régal à suivre car ils se complètent bien, mais aussi parce que Sumiyoshi sait très bien les différencier et jouer sur leur caractère respectif, en amenant même des notes d'humour (Kohibari est gentil et un peu "naïf" sur certaines choses, tandis que Matsukaze tend à partir au quart de tour et à vite s'énerver) alors que la situation face aux hommes est plutôt dramatique, et en présentant assez bien leur coopération et la façon dont ils commencent à veiller l'un sur l'autre. Cela offre un récit emballant, et qui sait rendre ces personnages vraiment intéressant à suivre.





Malgré une vie paisible retrouvée, la folie humaine est toujours là...


Matsukaze, fier et fougueux centaure désireux de retrouver son fils Gonta, et Kohibari, centaure plus fin et élevé en captivité par les hommes qui l'ont amputé des deux bras, ont donc trouvé le moyen, malgré leur statut et leur caractère complètement différents, de sympathiser, et ont choisi de s'enfuir loin des humains les gardant prisonniers. Bien que traqués par les hommes, et non sans blessures, ils parviennent à regagner les montagnes. Matsukaze retrouve enfin son enfant, et s'installe au sein d'un groupe de jeunes centaures laissés orphelins par la folie humaine. Là, le quotidien des centaures peut reprendre, avec son lot de découvertes plus ou moins bonnes et d'évolutions relationnelles. Mais face aux désirs de domination des hommes, le calme ne peut malheureusement durer éternellement...

Tel est l'enjeu essentiel du deuxième volume, celui-ci ne baissant aucunement de régime et bouclant efficacement un premier cycle sans laisser de frustration, dans une conclusion qui est d'ailleurs vraiment belle avec son aspect doux-amer assez poignant et la porte de sortie qu'elle offre à une première génération dans la série.

Mais avant d'en arriver là, Ryo Sumiyoshi brille dans ce qu'elle nous montre de la vie en nature et en groupe de ces êtres mythiques pour le moins fascinants. On appréciera particulièrement le traitement offert à certains personnages. Comme Matsukaze bien sûr, dans ses liens d'amour avec son fils Gonta et d'amitié avec un Kohibari en qui il a de plus en plus confiance. Mais aussi la difficile rédemption de Kohibari auprès de Gonta, car rappelons que c'est par sa faute que son père fut capturé. Ou encore Mikuni, leader du groupe de jeunes orphelins, qui voue envers les humains une haine telle qu'elle l'a poussé à commettre certaines choses sombres. Ou encore Hayame, fière et belle centaure au service des humains, qui va beaucoup évoluer, notamment au contact de Matsukaze. Sumiyoshi travaille plutôt bien ses principales figures, montrant leurs sentiments avec tout ce qu'ils peuvent avoir de beau ou de moins beau, au point que ces centaures paraissent souvent bien plus humains que les hommes qui les traquent.

Ainsi le premier cycle de Centaures se referme-t-il sur une excellente impression, Sumiyoshi proposant un récit bien campé, le tout rendant pleinement honneur à ces fascinantes créatures mythiques.
  
  


JINBA © 2017 Ryo SUMIYOSHI / East Press Co.

Commentaires

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Peter Par Coeur

De Peter Par Coeur, le 08 Avril 2020 à 18h39

Le manga n'est pas terminé avec son volume 4, la suite, le chapitre du passé, a été publiée sur le site de Matogrosso et s'est terminé le mois dernier. Il y aura donc au moins deux volumes de plus. À voir si Sumiyoshi continuera le récit ou si elle se consacrera entièrement à Tenshi no Sekai, publié quand même chez un éditeur et dans un magasine plus prestigieux.


http://matogrosso.jp/author/ryo-sumiyoshi/

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