3. Les éditeurs

Deux exemples de montée en puissance

S'il y en a deux qui se sont particulièrmeent mis en avant cette année, il s'agit bien de Kazé Manga / Asuka nouvelle version, et des nordistes d'Ankama.

Kazé Manga / Asuka

Est-il nécessaire de rappeler la naissance de Kazé Manga? Pour faire bref, très bref, c'est vers la mi 2009 que tombe la nouvelle du rachat de l'éditeur DVD Kazé et de sa branche manga Asuka (qui avait été elle-même rachetée par Kazé en 2007) par le groupe japonais ShoPro, derrière lequel se cache le groupe Shueisha / Shogakukan, leader japonais du manga. Suite à cela, un nouvel éditeur de manga est lancé fin 2009, nommé Kazé Manga. Quant à Asuka, cela devient un label de Kazé Manga dédié aux boy's love et à quelques séries sur la fin, comme Bokurano. Les promesses de ce nouveau futur mastodonte sont lourdes, avec la multiplication des nouvelles séries et l'annonce, au fil de l'année, de l'arrivée de nombreux titres attendus par les fans.

Le projet se construit notamment autour de l'ambitieuse collection Shônen Up!, décrite à la base comme une collection visant à sortir des titres faisant le pont entre shônen et seinen (d'autres éditeurs préfèrent appeler ça Young Seinen), même si l'on a parfois du mal à voir en quoi certains titres du label, comme Rinne, viennent se classer dans cette catégorie. Collection ambitieuse, puisque l'éditeur y annonce un nouveau titre par mois, à parution trimestrielle, et qu'elle est inaugurée dès janvier 2010 avec le retour attendu d'un titre culte: Black Lagoon. En février arrive Embalming, en mars débarque l'attendu Shi Ki qui marque le retour en France du talentueux Ryu Fujisaki, et ainsi de suite.

Un peu plus tard dans l'année voient le jour une collection Kids qui est inaugurée avec le retour du célèbre Roi Léo d'Osamu Tezuka, et une collection Videogame lancée avec Suikoden V.

Mais si vous pensez que les nouveautés de l'éditeur se cantonnent à ça, vous faites fausse route, puisque les collection Shôjo et Seinen ne sont en rien oubliées. Dans la première, on peut citer l'arrivée de Heartbroken Chocolatier et de Dengeki Daisy, entre autres, et dans la deuxième, difficile de passer à côté de la réédition de Rainbow, abandonné par SeeBD, voire du dérangeant Freesia.

Au total, ce ne sont pas moins de 27 nouveautés qui sont lancée dans le courant de l'année, et globalement, on peut dire que l'ensemble est éclectique. Notons que le rythme trimestriel annoncé dès le départ pour la collection Shônen Up! permet à l'éditeur de ne pas trop inonder le marché au niveau du nombre de sorties mensuelles. "Pas trop", car on atteint quand même des pics à 16 sorties pour certains mois. Difficile de tout suivre...
Quoi qu'il en soit, 2010 marque le lancement en beauté de Kazé Manga. Pour quiconque s'intéresse au manga, il semblait difficile, voire impossible, de passer à côté des nombreuses nouveautés de cet ambitieux "nouveau venu", portant volontiers ses titres à grand coups de campagnes promotionnelles (difficile d'échapper aux grandes affiches publicitaires pour Ultimo dans le métro pour aller à la Chibi Japan Expo, par exemple). Pour 2011, les ambitions ne semblent pas amoindries, puisque plusieurs séries représentant tous les genres sont d'ores et déjà annoncées, certains jouissant déjà d'une certaine réputation, comme K-on!, Beelzebub ou Amatsuki.

Ankama

Un autre phénomène à côté duquel il semblait difficile de passer était celui créé par Ankama, dont on n'arrête plus la fulgurante et impressionnante expansion. Si la société qui a lancé la saga Dofus se diversifiait déjà en 2009 avec, par exemple, la création de différentes collections comme CFSL Ink, la poursuite de BD françaises d'inspiration manga et magazines, et même la création d'un restaurant, cette diversification n'est jamais retombée en 2010, ce qui s'est ressenti dès le début d'année avec l'annonce de l'arrivée de la société dans le domaine de la musique, avec Ankama Music.

Puis en avril se déroulait la cinquième édition de l'Ankama Convention, à Paris Porte de Versailles, pendant laquelle fut lancée Slage, un nouveau jeu. En mai est annoncée la création de la collection Kuri, dédiée aux global manga et inaugurée avec le sympathique Appartement 44, dont l'auteur, Dara, possède un talent qui lui a valu cette année d'être sélectionné au Comiket de Tokyo pour la deuxième fois, rien que ça!

En septembre, les choses vont encore plus loin puisqu'Ankama annonce se lancer dans la publication de manga. Les premiers titres, Soil et Hitman, sont attendus pour début 2011. L'expansion se poursuit avec l'annonce en septembre d'une alliance avec le mastodonte japonais Square Enix pour sortir le MMORPG Wakfu sur le continent nord-américain. Mieux encore, l'équipe d'Ankama Animation basée au Japon dévoile ce même mois le projet de série animée Rémi le Marlou. Enfin, début décembre, Ankama Presse annonce l'arrivée en 2011 d'Akiba Manga, un magazine visant à donner leur chance à de jeunes auteurs japonais. Et bien évidemment, parallèlement à tout ceci, la folie Dofus et Wakfu continue avec la sortie d'extensions, d'artbooks, de jeux de cartes, de guides et de goodies divers et variés, ainsi qu'avec l'annonce de l'arrivée de films pour le cinéma, et l'éditeur poursuit également la publication d'albums d'arts créatifs de CFSL.

Au final, on n'arrête plus Ankama, présent sur tous les fronts, et 2010 l'a encore prouvé. L'expansion et la diversification ne s'arrêtent plus chez cette société, véritable modèle de réussite.

Ces gros éditeurs qui ne changent pas ou peu

Akata / Delcourt

La recette ne change pas du côté de chez Akata / Delcourt. Entre seinen engagés et shôjo ayant pour vocation d'être différents, l'éditeur a continué à merveille sa politique de suivi des éditeurs de son catalogue, tandis que certains nouveaux noms, comme l'engagé Tsuru Moriyama, sont apparus.

Au final, pendant que plusieurs titres-fleuves comme Beck, Yakitate !! Ja-pan, Lovely Complex ou Baki prenaient fin, quelques-unes des meilleures nouveautés de l'année arrivaient, Syndrome 1866, Ascension et Puzzle en tête (mais cette fin de phrase reste plus ou moins personnelle). Côté nouveautés shônen, l'éditeur doit être le seul à pouvoir se vanter de ne pas en avoir eues cette année, les fins de Yakitate !! Japan, Beck, Baki et autre Hyde & Closer n'ayant pas laissé de place à un nouveau petit frère. La politique de publication de manga axés sur la famille observée depuis déjà quelque temps reste bien présente, le rythme et le nombre mensuel des sorties ne change guère...

Non, Akata / Delcourt ne change pas, et le fait bien.

Ki-oon

Pas de gros changements chez cet éditeur qui ne cesse plus de monter, et qui a continué cette année de profiter au maximum du catalogue de Square Enix, ce qui leur a notamment permis d'avoir l'un des meilleurs démarrages de l'année avec Pandora Hearts, régulièrement placé dans les tops des ventes françaises. Notons tout de même que l'orientation un peu plus shônen qui était pressentie depuis déjà quelque temps a eu tendance à se concrétiser cette année, avec les arrivées de titres comme Artelier Collection, Tripeace et Diabolic Garden, pas toujours bien accueillis par la critique.

A côté de ça, Ki-oon a tout de même conservé ses grands axes: de l'heroic fantasy pure avec Tales of Destiny, du seinen-choc avec Over Bleed, du manhwa barré sorti du catalogue de Daewon avec Baptist, et un petit titre plus atypique avec Kamichu. Et ça ne devrait pas changer en 2011, puisque sont déjà annoncés Crimson Prince, un shônen Square Enix, Hell blade, un manhwa Daewon, et l'atypique et excellent Amanchu!

Pour finir, notons que 2010 chez Ki-oon était également l'année du retour de Tsukihime et de Blood Alone, deux titres dont l'on attendait impatiemment la suite depuis... 2 ans, rien que ça !

Kurokawa

Rien ne change vraiment chez Kurokawa, qui conserve un nombre de sorties mensuelles et de nouveautés raisonnable. Les nouveautés sont tirées de bords différents, entre shônen à succès comme Blazer Drive, porté par un nom prestigieux comme Hero Tales ou Arata, shôjo avec Prince Eleven, et adaptation de jeu vidéo avec Ace Attorney - Phoenix Wright... Sans oublier la deuxième saison d'Ippo!

Notons que l'éditeur se lance également dans la réédition, avec le retour de l'un de ses tout premiers titres, Mermaid Melody, qui porte cette fois-ci le doux nom de Pichi Pichi Pitch. Finalement, ce qui marque surtout chez Kurokawa version 2010, c'est l'absence de vrai seinen (peut-on vraiment considérer Ace Attorney - Phoenix Wright comme tel?) et de titres un peu plus atypiques (ce qui devrait être résolu dès début 2011 avec l'arrivée du prometteur Les vacances de Jésus et Bouddha). Mais quand on voit les ventes générales de la plupart des nouveautés de l'éditeur cette année, on ne peut pas lui en vouloir.

Panini Manga

Shôjo, retour, Hôjô, Urasawa, deluxe. Ces 5 mots résument à peu près l'année 2010 chez Panini Manga.

Shôjô, car ce genre reste le plus représenté dans le catalogue de l'éditeur, en y rapprochant également les romans Vampire Knight arrivés cette année.
Retour, à travers l'arrivée en deluxe de Happy et l'édition de Manben, un ancien titre et l'artbook du célèbre Naoki Urasawa, qui a décidément eu droit à une belle année en France. Retour encore, en voyant Family Compo de Tsukasa Hôjô revenir en cette fin d'année dans une édition elle aussi deluxe, même si elle n'en porte que le nom, tandis que City Hunter et Cat's Eye deluxe, du même auteur, prenaient fin. Retour également avec la réédition tant attendue de New York New York (un shôjo), et les retours inespérés de Sidooh er Shigurui en décembre, après une longue, très longue absence. Pour ces deux derniers, Panini Manga a annoncé un rythme de parution lent. Il faudra s'en contenter et espérer que l'éditeur aille au bout.
Retour enfin, avec celui annoncé de Planètes en 2011, également en deluxe. En prenant aussi en compte les arrivées de quelques seinen prometteurs comme March Story et Vampir, et de Saint Seiya Next Dimension pour les fans de la saga, Panini Manga en 2010, ce n'était finalement pas si mal, même si ça reste Panini!

Soleil

Année très chargée chez Soleil, qui, à l'instar de Pika et Tonkam, nous a proposé près d'une trentaine de nouveaux titres, même s'il s'agit généralement, là aussi, de one-shot et de séries courtes.

Parmi cette avalanche de nouveautés, on note la place toujours aussi importante du shôjo, des adaptations de jeux vidéo avec les différents titres Zelda et la série Valkyria Chronicles, ou encore des opus érotiques de la collection Eros. Notons qu'une majeure partie des nouveautés de l'éditeur a été classée dans la collection Gothic, qui a connu une véritable remise en avant cette année. Il s'agissait vraisemblablement du grand axe de l'éditeur cette année. 2010, c'est aussi le retour d'une mangaka réputée: la talentueuse Aki Shimizu, auteure de Suikoden III, entre autres, et qui nous revient avec l'excellent Coffret aux Esprits. La mode est également à la réédition chez Soleil, avec le début d'une version deluxe pour Battle Royale.

Notons enfin la difficulté de l'éditeur pour certaines séries, à la parution très disparate (ou interrompue?), comme Higanjima, Iron Wok Jan ! R, ou encore Tarot Café. Aurons-nous un jour la chance de voir ces séries terminées en France?

Des changements plus visibles chez les autres grands ?

Glénat

Cette année fut l'occasion de voir quelques changements intéressants dans la politique éditoriale de Glénat, à commencer par la création de deux nouvelles collections.
Ainsi, en début d'année voyait le jour la collection Kids, avec la parution de deux one-shot: Koko et Heidi. Une collection dédiée aux enfants, mais qui reste somme toute assez mal définie, tant l'on peut se demander comment un enfant français pourrait accueillir un titre comme Koko. On peut même se demander ce qui attend exactement cette nouvelle collection, puisqu'il faudra ensuite attendre 9 longs mois avant d'y retrouver une troisième nouveauté, Chi – une vie de chat. Quant à la collection Romans, qui s'est lancée en septembre avec l'arrivée de Library Wars, Taitei no Ken et The Sky Crawlers, il est sans doute encore trop tôt pour donner un avis concret dessus.

Quant à la collection Vintage, depuis son lancement début 2009, on a un peu l'impression qu'elle fait du surplace: en plus de l'absence cruelle de nouveaux tomes de Cyborg 009 en 2010, un seul nouveau titre est venu enrichir cette collection. Toutefois, il faut bien avouer qu'il ne s'agit pas là de n'importe quel titre: Ashita no Joe, véritable pilier du manga moderne, et titre que l'on attendait depuis très longtemps dans nos contrées! Malgré tout, les choses semblent bien parties pour que la collection Vintage (re)démarre en 2011, avec la poursuite d'Ashita no Joe, le retour de Cyborg 009, et l'arrivée du Voyage de Ryû.

2010 vit également revenir chez Glénat le plus célèbre joueur de football de l'univers manga: Captain Tsubasa. Le manga rétro culte, un nouveau créneau?
En parlant de rééditions, les version deluxe de Kenshin, Dr Slump et Dragon Ball, elles, se poursuivent sans encombre en cette année 2010. Une année pendant laquelle l'éditeur se montre encore bien décidé à exploiter au maximum la licence Dragon Ball, en poursuivant la publication des différents cycles de l'anime comic de Dragon Ball Z.

Enfin, le dernier retour en force de 2010 chez Glénat concerne sans aucun doute le shôjo. Souvent relégué au second plan dans le catalogue de l'éditeur, le manga pour filles s'y est taillé une jolie place cette année, avec pas moins de 7 nouveaux titres dans le genre, dont trois oeuvres courtes de Wataru Yoshizumi, figure de proue du genre chez l'éditeur, délaissée quelque temps. Un moyen un peu tardif pour Glénat de venir surfer à nouveau sur la vague shôjo?
En somme, 2010 semble être une belle année pour l'éditeur, qui a su proposer des nouveautés diversifiées, mais l'on attend des nouvelles collections qu'elles s'étoffent un peu, ce qui devrait être le cas en 2011. Finalement, le principal bémol semble être le ralentissement de la parution de One Piece, dont nous avons quasiment rattrapé la parution japonaise. Après Berserk et Claymore en 2009, c'est une autre série à succès de l'éditeur qui se voit obligée de paraître plus lentement, bien que le ralentissement de One Piece soit moins marqué.

Kana

Indéniablement, l'année 2010 chez Kana fut marquée par le retour de deux grands noms du manga: Naoki Urasawa et Takeshi Obata. Le premier avec Pluto, le deuxième avec Bakuman. Mais ce serait vite oublier les rééditions de Monster en deluxe et de Death Note dans une assez hideuse "Black edition", sans oublier les deux romans pour ce dernier!

Justement, parlons-en, des rééditions, car cela a également été l'une des fortes tendances de l'éditeur cette année: en plus des deux rééditions déjà citées, nous avons eu droit à une édition cartonnée du Sommet des Dieux, et aux ressorties de Yu-Gi-Oh! et Samurai Deeper Kyo dans des éditions "intégrales", un nom qui n'a aucun sens, mais passons.

A part ça, si la collection Made In continue son petit bonhomme de chemin avec 6 nouveautés, on notera surtout une persévérance on ne peut plus louable au niveau de la collection Sensei, qui s'est encore enrichie de quelques titres vintage fort appréciables. Et si Kazuo Kamimura reste un auteur incontournable de la collection avec les sorties de Folles passions et de l'Apprentie Geisha et l'annonce de l'arrivée de la Plaine du Kanto en 2011, il semblerait que le célèbre Shôtarô Ishinomori, auteur aussi oncontournable qu'un Osamu Tezuka, soit également en passe de le devenir, avec les arrivées de Hokusai et, surtout, de Sabu et Ichi. En cette fin d'année, c'est également un autre monument qui est venu enrichir la collection: Kamui Den, titre culte au pays du soleil levant.

Enfin, au beau milieu de ces quelques axes principaux, quelques autres titres sont venus enrichir le catalogue de l'éditeur, des bonnes surprises d'une tête déjà connue (Gente et Ristorante Paradiso, de Natsume Ono), un manga de football histoire de surfer sur l'effet coupe du monde (Angel Voice), des titres réputés semblant avoir trouvé leur public (Deadman Wonderland) ou pas (Hayate the combat butler), et seulement deux petits shôjo (Cat Street et Miyo), un genre qui n'est décidément pas le premier choix de l'éditeur.

Au final, que penser de Kana version 2010? Il semblerait bien que l'éditeur compte sur quelques grosses licences comme Pluto, Bakuman et dans une moindre mesure Deadman Wonderland, ainsi que sur de nombreuses rééditions de titres-phares de leur catalogue, pour continuer de proposer en parallèle des titres plus risqués, plus atypiques, et surtout des monuments de l'histoire du manga à travers la collection Sensei, qui s'est plutôt bien développée cette année.

Pika

La grande nouveauté chez l'éditeur en 2010 fut sans doute la création de la collection Graphics, visant à mieux mettre en avant dans un grand format le style graphique particulier de certains auteurs, et inaugurée avec deux grands noms: Minetaro Mochizuki avec Maiwai et une réédition du cultissime Dragon Head, et Moyoco Anno avec Sakuran.

Cette année chez Pika, il semblait également tout simplement impossible de passer à côté de Hiro Mashima. Trois nouvelles séries au programme, invité à la Japan Expo... Mais loin de se reposer totalement sur son nouvel auteur-phare (quasiment tous les titres des Clamp et de Toru Fujisawa sont à présent publiés, il fallait bien se rabattre sur un autre), l'éditeur a enchaîné, comme souvent, les nouveautés. Un peu trop, peut-être, puisque plus d'une vingtaine de nouvelles séries ont débarqué, majoritairement des shônen au milieu desquels viennent se perdre quelques shôjo comme l'excellent My lovely hockey club, ou encore Maid Sama et Black Bird. Si le désir de l'éditeur de tomber sur la nouvelles poules aux œufs d'or peut être compréhensible, cette avalanche de nouveaux titres dont la moitié est à peine mise en avant s'accompagne d'un autre problème: le nombre de sorties de l'éditeur par mois, atteignant des pics des 18-19 nouveautés. Difficile, dans ces conditions, de jeter un œil à tout ce que propose l'éditeur, et beaucoup de titres semblent destinés à retomber dans l'anonymat dès leur annonce. Cela dit, il semblerait qu'un petit changement s'opère de ce côté-là en 2011, puisque les plannings des premiers mois de la prochaine année n'affichent "que" 13-14 nouveautés par mois. Un signe?

Quoi qu'il en soit, si cette initiative se confirme, elle ne pourra qu'être louable, même si elle n'aura pas que du bon, puisque de nombreux titres semblent destinés à voir leur rythme de parution s'espacer. Ainsi, après Alive Last Evolution, Darren Shan et autre Nodame Cantabile dont le rythme de parution s'étend maintenant de 4 à 5 mois (ce qui fait d'autant plus mal que ces trois séries sont terminées au Japon), il semblerait que beaucoup d'autres titres seront bientôt dans ce cas, comme Fate Stay Night, My lovely hockey club ou Maiwai. Affaire à suivre.

Tonkam

Les choses ont bougé en 2010 chez Tonkam, car l'avalanche de nouveautés (une trentaine de titres, mais beaucoup de one-shot et de courts) a été dominée par la création de la collection Young, terme à la mode regroupant des titres à cheval entre shônen et seinen. La communication autour de cette nouvelle collection a été particulièrement visible, notamment pendant la Japan Expo, et tout en s'appuyant sur beaucoup de titres-phares de son catalogue comme Zetman, Gantz ou Vagabond, l'éditeur l'a enrichie dès son lancement en été de deux titres-choc: Wolf Guy et Liar Game.

En automne, ce sont Free Fight Origins et Dance in the Vampire Bund qui sont venus enrichir la collection, et Ichi the Killer y est déjà annoncé pour 2011. Qu'on se le dise, l'avenir de Tonkam sera définitivement Young! Mais l'éditeur n'en néglige pas pour autant le reste: la collection "Sentimental Comedy" de Yuana Kazumi se poursuit, de même que l'anthologie Junji Ito et la saga Jojo's Bizarre Adventure avec l'arrivée de Stone Ocean.

La petite remontée du boy's love dans le catalogue de l'éditeur s'est vue confirmée, de même que l'exploitation de dérivés dispensables de séries-phares comme Evangelion, Code Geass et Gunbuster 2. Parmi les choses notables, signalons enfin le goût qu'a également Tonkam pour la réédition, en ces temps incertains: retour de Short Program dans une édition plus complète, de M, de Wish, et de Parmi Eux en version deluxe. Enfin, difficile de ne pas évoquer la présence du manga nostalgique avec Aishite Knight, et la superbe Katsura Trilogy, exclusivité de l'éditeur.

Les outsiders

Doki Doki

Si rien ne change chez Doki Doki au niveau de l'absence de collections et du petit nombre de sorties par mois (et on les en remerciera), nous pouvons toucher quelques mots sur la nouvelle politique de l'éditeur.

Au détriment de titres originaux comme nous avons pu en voir à leurs débuts (Shiori et Shimiko, le Cortège des cent démons, Reiko the zombie shop, Otogi Matsuri...), la nouvelle politique de l'éditeur, présentée en 2009 comme visant à sortir des séries "animables", se confirme avec l'arrivée en 2010 de titres globalement plus convenus... mais aussi beaucoup plus vendeurs. Peut-on le leur reprocher? Clairement pas, si les ventes leur permettent de mieux s'en sortir. Espérons juste qu'un équilibre pourra être trouvé dans le futur entre séries grand public et titres plus originaux.

En attendant, 2010 a été marquée par l'arrivée dans le catalogue de l'éditeur de Lim Dall Young, l'un des plus populaires auteurs coréens, avec Freezing et Onihime VS (tous deux prépubliés au Japon, notons le). Pour le meilleur ou pour le pire, au lecteur d'en juger. A côté de ça, The Sacred Blacksmith se dresse comme un titre de fantasy formaté pour le grand public, et les très bons Broken Blade et 7 milliards d'aiguilles ont su créer la surprise auprès d'un public chevronné tout en restant très faciles d'accès.

Côté titres un peu plus atypiques, Full Ahead! Coco et Dämons, les deux œuvres de Hideyuki Yonehara, sont toujours de la partie. 2010 fut également marqué chez Doki Doki par de nombreux arrêts de commercialisation de séries terminées (hormis Shiori et Shimiko et le Cortège des cent démons, R.I.P.), dont certains titres-phares s'étant achevés il y a à peine un an.

Au final, que dire de Doki Doki version 2010? Que si les reliques du passé s'effacent petit à petit avec de nombreux arrêts de commercialisation qui peu à peu limitent le catalogue de l'éditeur aux séries encore en cours, à celles terminées il y a peu et aux nouveautés, et que si les nouveautés en question se font globalement plus convenues mais en même temps plus abordables pour le grand public, quelques titres un peu plus originaux parviennent encore à tirer leur épingle du jeu. En fait, on attend surtout de voir l'évolution de l'éditeur courant 2011.

Casterman

Une année assez discrète pour cet éditeur, qui, contrairement aux années précédentes, n'a pas vu arriver dans son catalogue de nouveaux longs titres à la Mirai Nikki, Skip Beat, Bobobo-bo Bo-bobo ou autre Keiji.

Bien au contraire, parmi ce genre de titres, il y en a même un qui s'est terminé, à savoir Keiji. Le seul titre pouvant être rapproché de ceux-là, et qui reste d'ailleurs la seule nouveauté à moins de 7€ publiée par l'éditeur cette année (si l'on excepte le spin-off Mirai Nikki Mosaic), est Hanako et autre légendes urbaines, de Sakae Esuno, le succès-surprise de 2009. Ainsi, le catalogue de l'éditeur, tout en continuant de s'appuyer sur ces quelques séries longues, a principalement continué de s'étoffer du côté des titres courts moins abordables, mais tout aussi goûtus. On y notera le retour de grandes figures du manga "différent", comme Suehiro Maruo, Usamaru Furuya, Kyôko Okazaki, Kiriko Nananan et autre Kan Takahama.

Avec la fin de la réédition de Blanco, les nouvelles éditions de Quartier lointain pour la sortie du film et l'arrivée des Années douces, Jiro Taniguchi reste la grande figure de l'éditeur.

Enfin, les collections Hanguk (dédiée aux titres coréens) et Hua Shu (titres chinois) restent au point mort.

Clair de Lune

Arrivé en 2009, Clair de Lune, axé sur le manhwa, se devait de confirmer cette année. Malgré des problèmes réguliers au niveau des dates de sortie, ce jeune éditeur a su garder la tête hors de l'eau pour continuer à sortir ses titres commencés en 2009, à nous en proposer 6 nouveaux cette année et à en boucler 3. A côté de ça, signalons que l'éditeur nous a également offert cette année deux titres français, l'excellent Wally Doyle, ainsi que Gaki.

Pour 2011, le ton est déjà donné, avec l'annonce de la sortie de pas moins d'une dizaine de nouvelles séries espacées sur l'ensemble de l'année. Le manhwa aurait-il de beaux jours devant lui?

Samji

Pas de gros changements chez cet éditeur spécialisé dans le manhwa, bien que l'année 2010 ait assez mal commencé pour Samji avec les annonces de l'arrêt de The Big Bluff, qui n'a pas trouvé son public, et de l'arrivée en mai de Dream Soccer, finalement repoussé à 2011 à une date indéterminée.

Finalement, quatre titres sont venus enrichir le catalogue de l'éditeur: le mystérieux Horror Collector, Martin & John, le très bon boy's love Totally Captivated, et l'étrange The Bullet Saint. Notons aussi le retour de Demon King, qui avait été abandonné par SeeBD.

Taifu Comics

Globalement, les choses ne changent pas beaucoup chez Taifu Comics: beaucoup de boy's love, un peu d'érotisme, un peu de shôjo, et quelques autres séries d'autres genres.

Dans les choses qui changent, on notera surtout la création de la collection Shadow, lancée avec deux nouveautés: Lost Soul, une création française, et Merry Nightmare, véritable succès au Japon. Pour 2011, le ton est donné: grâce à l'éditeur, les amateurs de yuri, en quelque sorte penchant féminin du yaoi, seront ravis de voir enfin débarquer des titres du genre en France dans une collection qui leur est dédiée, quelques années après les quelques essais d'Asuka.

Les plus petits

Atrabile

Après un an de silence côté ouvrages atypiques sud-coréens ou chinois, les éditions Atrabile sont revenues dans la première moitié de l'année 2010 pour nous proposer 2 one-shot, le Train et Woo-Lee et moi.

BLF Europe

Continuant de sortir au rythme d'un tome par an sa Bible en Manga, son seul titre japonais, cet éditeur continue de faire parler de lui... une fois par an. A partir de là, difficile de trouver quelque chose de particulier à dire.

Cambourakis

Encore un petit éditeur sur lequel il n'y a pas grand chose à signaler, si ce n'est la sortie en octobre 2010 de la Fille du bureau de tabac, en course pour Angoulême. Il s'agit du quatrième ouvrage japonais publié par ce jeune éditeur également axé sur les oeuvres de littérature et la bande dessinée.

Cornelius

Cette année chez Cornelius, c'était Shigeru Mizuki ou rien, et l'on ne s'en plaindra pas vraiment, tant Micmac aux Enfers, Mon copain le Kappa et Kappa et compagnie, les trois seules sorties de l'année, sont sympathiques. Espérons que l'éditeur continuera de nous servir sur un plateau en 2011 des titres de cet auteur incontournable dans son pays, ce qui semble bien parti, puisque Kappa, la mort et moi, troisième et dernier volet de la saga Kappa, est prévu pour janvier 2011.

Éditions H

En cette année 2010, ce petit éditeur a poursuivi tranquillement sa route, alimentant sa collection Double H, dédiée au yaoi et entamée en 2009 avec Sugarmilk, de 4 nouveaux titres. Quant à Manga 10000 Images, le troisième numéro, enfin paru en cette fin d'année et portant sur le manga au féminin, confirme tout le bien que l'on peut penser de ce magazine érudit, passioné et richement documenté. Souhaitons de bonnes continuations à ce "petit".

H&O éditions

Assez discret dans l'univers du manga mais officiant depuis déjà plusieurs années dans le registre des oeuvres littéraires de tous types portant sur l'homosexualité, les éditions H&O ont agrandi leur collection de manga en août 2010 avec Virtus. Du manga homosexuel avec des hommes qui ont des muscles et des poils, ça existe!

Imho

Après une année 2009 qui n'avait vu sortir que deux nouveaux livres, les éditions Imho reviennent en 2010 avec légèrement plus de nouveautés. Côté nouveaux titres, on peut compter sur le premier tome de Pilou apprenti gigolo, Tokyo Zombie et Carnets de massacre, le premier de ces trois ouvrages marquant le retour chez l'éditeur de Junko Mizuno.

Cette fin d'année voit également revenir sur le devant de la scène deux titres de l'éditeur: le cinquième et dernier tome d'Intermezzo, un an et demi après le quatrième, et le quatrième opus de Bambi, dont le tome 3 était sorti... en mars 2007 ! Les nouveautés de fins d'année s'annoncent alléchantes, tout autant que les titres annoncés pour début 2011, L'Enfant Insecte, Le Labyrinthe des Rasoirs et Litchi Hikari Club. En somme, Imho semble repartir sur de bons rails... Pourvu que ça dure!

La boîte à bulles

Le seul titre d'inspiration manga de cet éditeur, L'immeuble d'en face, de la lilloise Vanyda, s'est achevé cette année. Et pour l'occasion, un coffret regroupant l'intégrale de la série est sorti en ce mois de décembre. En voilà une belle idée d'achat avec vos étrennes ! A part ça, rien d'annoncé quant au futur de l'éditeur dans le domaine.

Le Lézard Noir

Cette année chez le Lezard Noir a été marquée par le retour du plus grand nom japonais du catalogue de l'éditeur: Suehiro Maruo, le maître du genre ero-guro, avec La Chenille. Mais il ne faudrait pas oublier les autres nouveautés de l'éditeur, qui, comme chaque année, se comptent sur les doigts d'une main: le deuxième volume du Vagabond de Toyko, et Ojingogo, oeuvre d'inspiration manhwa du canadien Matthew Forsythe.

Du côté du Petit Lezard, label dédié aux albums jeunesse, Pinocchio la marionnette de fer est arrivée, toujours portée par le trait de Tomonori Taniguchi, auteur-phare du label.

Le Seuil

Le Seuil continue de faire parler de lui de temps en temps dans le domaine des BD japonaises. En cette année 2010, et plus précisément en janvier, un seul petit album illustré dédié aux plus jeunes est venu compléter le catalogue de l'éditeur: Mon ami à trois pattes, de Hideko Ise. Si ce nom de cet auteur ne vous est pas tout à fait inconnu, c'est peut-être parce qu'un autre de ses ouvrages est sorti également cette année en s'appuyant sur un peu plus de communication, du moins par ici: 1000 vents, 1000 violoncelles, chez nobi nobi !

Matière

Œuvrant dans les domaines de la bande dessinée et des arts plastiques, les éditions Matière sont revenues en 2010 avec la publication d'un nouveau titre du seul auteur japonais de leur catalogue: Nouveaux Corps, de Yûichi Yokoyama.

Paquet

Pas de gros changements chez Paquet. Quatre nouveaux titres sont venus grossir les rangs de la collection Bao: Zobo et les fleurs de la vie, le très bon Au pays des merveilles (histoire de profiter un peu du regain d'intérêt pour Alice), Manga Girls et Serial Shoppeuse. Histoires de Kisaeng a enfin vu son dernier tome sortir après un an d'absence, et Usagi Yojimbo poursuit doucement sa route.

Picquier

Picquier reste un éditeur discret dans le domaine du manga et des œuvres qui s'en rapprochent. Ainsi, un seul titre du genre est venu gonfler le catalogue de l'éditeur en 2010: après Tokyo Sanpo en 2009, Florent Chavouet est revenu en 2010 avec le très sympathique Manabé Shima. Une oeuvre à découvrir avec curiosité.