Azumanga Daioh - Actualité manga
Dossier manga - Azumanga Daioh
Lecteurs
18.50/20

Les personnages, moteurs de l'humour


C'est en poussant à l'extrême cette galerie de caractères que Kiyohiko Azuma a pu développer un univers aussi vivant qu'attachant, et surtout très très drôle. Au fil des pages d'Azumanga Daioh, le mangaka ajoute à chaque fois à ses personnages de nouvelles caractéristiques collant parfaitement à leur caractère de base ou le prenant complètement à contrepied. A partir de là, l'auteur ne cesse d'utiliser et de peaufiner ces caractéristiques pour offrir un humour qui exploite à fond les personnages sans jamais paraître redondant. Et il faut aussi dire que le nombre important de protagonistes permet des interactions très diverses.

Ainsi, Chiyo, par exemple, possède un certain nombre de points communs avec Osaka. Un côté qui reste assez juvénile, avec une tendance à pouvoir apprécier des choses qu'une adolescente normale ignorerait ou dont elle se contreficherait. Mais aussi une profonde, très profonde nullité en sport, comme le montrent la scène de volley où les deux filles s'envoient lentement la balle en étant incapables de la rattraper, la scène de course où Osaka est la seule à être du même niveau que Chiyo, ou l'épreuve de natation où Osaka, même avec une planche, se fait carrément avoir (au moins, Chiyo avance, elle). De ce fait, Osaka est probablement l'amie dont elle se sent la plus proche. A contrario, la fillette sera joliment prise au dépourvu (ce qui aboutira parfois sur de belles réactions candides) par les répliques cassantes (involontaires ou volontaires) des excentriques Yukari et Tomo, voire sera complètement malmenées par celles-ci ! Tomo n'a pas son pareil pour plonger la fillette dans le doute, par exemple en soulignant son statut d'enfant et sa petite taille. Quant à Yukari, sa façon de conduire ne respectant ABSOLUMENT aucune règle laissera chez l'enfant un profond (et hilarant) traumatisme... Enfin, les brèves apparitions de ses deux amies d'enfance de son âge Miruchii et Yuka sont amusantes à voir, en ceci que la relation et le look de ces deux fillettes rappellent beaucoup Yukari et Nyamo...





Osaka, elle, est un peu l'électron libre de la série. De par son caractère très distrait et sa tendance à s'inventer des histoires parfois incompréhensibles toute seule, il ne faut pas grand chose d'autre pour qu'elle nous amuse constamment. L'observer suffit souvent à nous faire sourire, par exemple quand elle essaie tellement de se concentrer en cours qu'elle en oublie de... se concentrer. Ou quand son regard bouge tout seul dans le vide parce qu'elle essaie de dénicher les petits points noirs qu'on a parfois devant les yeux. Elle est capable de partir très loin dans ses délires intérieurs, par exemple en imaginant que les couettes de Chiyo peuvent être retirée et remplacées, et qu'elles permettent de volet quand on les met. Son imagination fertile, souvent peu évidente à comprendre pour ses amies rend l'humour autour d'elle quasiment infini et sans cesse renouvelé, Et sa façon rafraîchissante et unique de voir le monde pourrait presque nous laisser béats et apaisés. Mais quoi qu'il en soit, ses interactions avec ses camarades valent aussi le coup d'oeil, ne serait-ce que pour l'incompréhension qu'elles affichent souvent face à ses délires, ou pour certains moments voyant notre chère tête en l'air capter l'attention de tous. D'excellents exemples restent son humour noir régulier, et ses histoires sordides à la maison de vacances où elle se met elle-même dans le rôle de la meurtrière de ses amies... Et tout comme Chiyo, mais d'une façon beaucoup plus lente dans ses réactions, elle pourra se montrer elle aussi très déstabilisée par les réflexions de Tomo.

Sakaki, elle, s'avère surtout excellente dans le contraste extrême entre son look classe et distant et son amour profond pour tout ce qui est mignon. C'est un régal de voir cette fille taciturne se mettre à rougir et à partir intérieurement dans ses trips, par exemple en souhaitant d'être heureuses aux peluches qu'elle vend pendant la fête, en devenant complètement écarlate quand elle imagine la mignonne Chiyo avec des rubans dans les cheveux, ou en s'arrêtant net dans la rue, comme s'il n'y avait plus rien d'autres, dès qu'elle passe à côté de quelque chose de mignon comme une machine à peluches ou un animal. Parmi ces animaux, Mr Tadakichi, le gros toutou de Chito, devient une source de profond bonheur pour elle. Et un running gag fait très vite son apparition : sa malchance avec les chats qui semblent la détester. A chaque fois qu'elle essaie d'en caresser un, elle se fait mordre misérablement. Mais malgré tout, elle persiste, encore et toujours, ne pouvant résister à l'envie de papouiller ces mignonnes boule de poils... si bien que le chat gris (kamineko) souvent croisé sur le chemin de l'école, quelque part, finit par être un personnage à part entière... et il n'est pas le seul ! Car d'autres chats, comme Tama le chaton brièvement recueilli par la classe, ou Mayâ le chat sauvage d'Iriomote que Sakaki croisera en voyage scolaire, viendront renouveler un peu ce running gag... voire lui apporter d'autres facettes.

Tomo est une fille tellement énergique qu'on pourrait même la qualifier d'hyperactive. Elle ne s'arrête quasiment jamais, a toujours une bêtise à dire ou à faire, à tel point qu'elle anticipe même ses punitions quand elle arrive en retard en cours. Généralement, elle veut toujours tout faire, cherche toujours à se mettre en valeur, se plaît à se considérer comme une beauté, se met régulièrement toute seule en compétition avec les autres (notamment Sakaki)... Bref, inutile de dire que ce comportement a le don de déstabiliser les autres (Sakaki qui se retrouve à complexer sur sa poitrine, Chiyo qui s'agace sur ses remarques concernant sa taille ou qui reste choquée quand Tomo s'auto-désigne déléguée à sa place...), de les laisser un peu ahuris... ou de les énerver ! Sur ce dernier point, Yomi, en tant qu'amie d'enfance, est une partenaire privilégiée de Tomo dans les relations entre personnages ! Quand il faut remettre Tomo à sa place ou souligner sa bêtise, c'est généralement Yomi qui s'en charge, en tant qu'amie d'enfance de l'énergumène. Mais Tomo le lui rend bien, en prenant un malin plaisir à énerver son amie d'enfance volontairement, par exemple en parlant de son poids.





Yomi est un personnage qui fonctionne essentiellement via le duo qu'elle forme avec Tomo, pour les raisons évoquées juste avant. Hormis cela, on peut regretter un peu qu'elle soit moins mise en avant que les autres alors qu'elle fait aussi partie du groupe des 6 filles principales. La raison ? Sans doute le fait qu'elle est le stéréotype le moins extrême de la bande, son caractère sérieux en faisant une fille plutôt calme et réfléchie la plupart du temps. Cela dit, son complexe sur son poids, déjà un peu évoqué, reste le moteur de plusieurs bons moments où on la voit rougissante, agacée, crispée... bref, dans des situations qu'on ne lui connaît pas habituellement.

Dernière arrivée dans le groupe des 6 filles principales de la série, Kagura joue très bien sa figure de grande sportive grâce à son sentiment de rivalité envers Sakaki, à sa franchise et à son entrain. Son caractère se rapproche de celui de Tomo, l'hystérie en moins, ce qui en fait plus d'une fois un duo assez amusant, notamment quand toutes les deux se crêpent le chignon. Kagura partage également un autre point commun avec Tomo, mais aussi avec Osaka : une nullité totale en cours. Soudée dans leur statut de cancres, les trois adolescentes forment ensemble le « club des tâches » ! Enfin, le caractère franc de Kagura présente aussi une certaine émotivité assez directe : étrangement elle peut pleurer très facilement, et sera profondément choquer de voir que Sakaki ne se souvient pas d'elle quand elle arrive dans sa classe en deuxième année !

Kaorin ne fait pas partie du « groupe des 6 inséparables » à proprement parler, mais elle reste un élément important et récurrent, hautement comique grâce à deux points. Premièrement, sa passion confinant à l'hystérie pour Sakaki alors que cette dernière ne la calcule pas. A ce titre, l'un de ses grands moment reste sûrement le rêve qu'elle fait, où Sakaki vient la sauver de bandit montée sur un grand cheval blanc... Deuxièmement, son traumatisme lié à Kimura, qui ne cache pas l'adorer et se retrouve souvent à proximité d'elle de façon flippante. Cette sensation d'être une « proie » pour Kimura est d'autant plus amusante que la frêle jeune fille semble posséder une merveilleuse malchance, puisqu'elle l'aura en professeur principal en dernière année et ne sera plus dans la classe de Sakaki. Notons que Kaorin est beaucoup plus en vue dans l'anime que dans le manga.

Du côté des professeurs, Yukari est l'image la plus marquante, et est même l'une des figures les plus emblématiques de la série puisque tout commence sur elle. Son comportement très variable est un élément essentiel pendant toute la série, car il permet de renouveler constamment les situations et en rend certaines plutôt imprévisibles. De ce fait, ses relations avec ses élèves peuvent prendre des tournures très différentes, mais dans tous les cas très amusantes. Toutefois, une chose reste stable chez elle : sa relation avec Nyamo, qu'elle adore embêter et avec laquelle elle aime se mettre en rivalité, notamment lors des compétitions sportives où elle serait prête à tout, y compris à pousser sa rivale devant tout le monde...





Nyamo, elle, est un peu l'équivalent de Yomi chez les professeurs : la « voix de la raison », normale, contrebalançant un peu l'exubérance des ses deux principaux collègues. Comme Yomi avec Tomo, elle fonctionne essentiellement avec Yukari. Et comme Yomi, elle soufre d'un gros complexe dont elle déteste parler : ses histoires amoureuses passées et le fait qu'elle ne soit pas mariée !

Enfin, Kimura est la parfaite caricature du professeur pervers poussé à l'extrême ! Hilarant ne serait-ce que dans son look (il a toujours la bouche grande ouverte, béat devant toutes les jeunes filles qui l'entourent), il vaut également beaucoup pour sa façon d'assumer totalement son amour des lycéennes, n'hésitant pas à le crier haut et fort quand on lui demande pourquoi il est devenu prof, à laisser sa classe en plan pour venir observer nos héroïnes en cours de natation, à leur conseiller de rentrer leur t-shirt de gym dans leur short... Et possède également une impressionnante faculté à surgir soudainement, à débarquer de nulle part quand on ne l'attend pas. Sur ce point, cette chère Kaorin en fera particulièrement les frais. Enfin, sa situation familiale, que l'on découvre brièvement, offre un délicieux décalage avec son comportement et son allure au lycée !

Tout ceci n'est qu'un bref aperçu des relations et des caractères qui vous attendent à la lecture d'Azumanga Daioh. On pourrait continuer à en parler encore longtemps, surtout si l'on voulait évoquer chaque relation de personnages, mais ce n'est pas le but. Le mieux est de découvrir toute les richesses de cette relation par soi-même !





Ces années d'insouciance...


Kiyohiko Azuma excelle dans l'humour, dans l'exploitation de sa galerie de personnages, c'est un fait. Mais en filigranes, l'auteur dresse également un certain portrait de ces trois années si particulières de notre vie, celles du lycée.

Cela passe par l'exploitation, au fil de ces trois années, de tout ce que l'on peut y vivre.
Au quotidien, les cours intéressants ou ennuyeux, les examens, les nombreuses moments drôles, les chamailleries entre amis...
De façon plus ponctuelle, les gros événements animant la vie scolaire : les changements de classe, les fêtes sportives qui seront toujours de grands moments dans la série, les festivals culturels et fêtes de l'école, les voyages scolaires, les sorties entre amies, et les périodes de vacances.

Sorti en France à une époque où les récits pleinement ancrés dans le quotidien étaient encore plutôt rares, Azumanga Daioh fut d'ailleurs l'un des premiers mangas à nous immerger autant dans le quotidien scolaire japonais. Cela peut paraître anodin aujourd'hui, mais c'est un fait.

Ce qui résulte de ce mélange d'humour et de quotidien scolaire, c'est une jolie mise en avant des ces quelques années scolaires où l'on se fait des amis et où l'on profite avec eux des joies de tous les jours. Ces dernières années d'insouciance, dont nous gardons tous au moins quelques souvenirs, sont ici joliment mises en valeur et nous rappellent d'en profiter et de se faire une joie des choses les plus anodines.

Le meilleur exemple de la beauté de ces années dans la série ? Sûrement les pleurs de Chiyo lors du chant d'au revoir en fin de terminale.
  
  
  

© KIYOHIKO AZUMA / ASCII MEDIAWORKS

Commentaires

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Lud

De Lud [482 Pts], le 19 Août 2015 à 00h23

De nouveau un dossier de très grande qualité, et encore une fois sur une de mes séries préférées. Aurais-je du goût ? ;-)

Un des rares animes et manga que je revisionne/relis régulièrement avec Planètes

Encore merci pour ce dossier qui peut faire découvrir cette perle pour les nouveaux et à ceux-ci, vérifiez chez votre marchand préféré, on peut encore découvrir la série complète en manga chez ceux-ci.

 

 

 

 

 

sadakiyo

De sadakiyo, le 16 Août 2015 à 08h48

19/20

Que de bons souvenirs ! Ça fait plaisir de se replonger dans cette série via ce dossier

Dharma

De Dharma [1870 Pts], le 16 Août 2015 à 03h08

18/20

Très bon dossier, bien mérité pour une série aussi sympa !

C'est clair que Kurokawa avait très bien choisi en adaptant cette série parmi ses quatre premières !

Perso je remercie ma bibliothèque municipale de posséder cette série ! ^^

Azu Manga Daioh est vraiment à recommander à tous ceux qui chercheraient quelque chose de marrant et rapide à lire. D'ailleurs si je devais faire un reproche à cette série, c'est bien qu'elle se fini trop vite ! J'ai été un peu frustré en arrivant à la fin du dernier tome... ^^' J'aurais adoré que l'auteur en fasse un ou deux en plus.

Pour ce qui est du format yonkoma (4 cases), en plus d'être original dans les mangas du marché français, et agréable à lire (ça n'empêche pas le bon déroulement d'une histoire de fond plus globale et ça peut très bien se feuilleter au hasard de temps en temps), ça rappellera sûrement aux plus vieux d'entre nous des BD des années 80 comme Pif ou Placide et Muzo ! (en tout cas moi, ça m'a fait penser à ces vieilles BD de poche qui étaient sûrement à mes tantes et que je lisais chez ma grand mère quand j'étais plus jeune... ^^)

Bref, je recommande chaudement ! =D

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