Abenobashi

Culture et réalisation

 
 
Au-delà de tout ce qui concerne la culture otaku, Abenobashi se distingue aussi par son utilisation de la magie « Onmyôji » dans son intrigue. Cette forme de magie est complexe, repose à la fois sur les sciences occultes et les sciences naturelles, sur les esprits, la divination, mais aussi l’équilibre cosmique. Dans le Japon ancien, les onmyoji étaient des fonctionnaires de haut-rang, et avait pour mission de protéger l’empereur et la capitale des mauvais esprits, notamment en dessinant l’architecture des villes et l’emplacement des bâtiments, afin de repousser les démons. Difficile de résumer ces pratiques en quelques mots, tant elle englobe nombres de principes délicats et ésotériques, et ce n’est pas réellement le sujet ici non plus. Il est cependant amusant qu’une série qui puise autant de ses références dans la pop-culture contemporaine utilise les vieilles croyances remontant à plusieurs siècles. Cela illustre néanmoins d’une bonne façon la relation qu’entretient le Japon avec sa culture, où le nouveau côtoie souvent l’ancien dans une harmonie désarmante.

Le voyage des enfants entre les deux mondes a donc été causé par l’utilisation de cette magie ancestrale, afin d’assurer la prospérité du quartier Abenobashi au moment de sa construction. Une explication comme une autre, et qui a le mérite d’avoir du sens dans le contexte. Ce n’est donc pas un simple hasard qui a entraîné cette situation, mais bien un raisonnement plus profond et plus poussé que la simple magie. La balance entre les différents éléments, le désir de la création, le passage entre différents univers… Abenobashi continue de surprendre dans cet aspect avec son raisonnement poussé et qui tient la route, sans nous enfermer trop dans des explications à rallonge, et qui nous donne envie d’en savoir plus sur cet art.
  
 
    
   
 
Là encore, beaucoup d’Occidentaux seront sans doute perdus face à ces concepts particuliers et ce folklore si particulier, et même la plupart des otakus ne saisiront pas toujours cette référence. Néanmoins, rien d’insurmontable non plus, car Abe-no-Seimei, personnage historique et onmyoji de légende vient nous faire un petit cours sur les implications de cette magie particulière, et a même un rôle particulier à jouer dans l’intrigue. À nouveau, la série reprend des grands classiques et des références populaires japonaises pour les rendre à sa sauce, mais sans nous perdre pour autant, car les créateurs ont su rendre le ton tout public, et en donner à chacun pour son temps et son divertissement.

Du côté de la réalisation générale de la série, le tout est de fort bonne qualité, avec une excellente technique d’animation, qui sait marier le Super-Deformed et l’humoristique à l’esthétique plus terre-à-terre et réelle du monde, la base du principe de la série. Beaucoup de couleurs, beaucoup de dynamisme, de belles scènes de téléportations entre les mondes, de jolies scènes touchantes,… la série sait s’adapter avec une variété de tons et d’univers, le tout de fort belle manière, et nous plonger dans les aventures des jeunes gens et nous happer jusqu’à la fin.
Côté doublage, le tout est excellent en japonais comme en français, avec une adaptation réussie et crédible pour cette dernière, très agréable à écouter. Côté musique, le générique est entraînant et reste en tête, tout comme celui de fin, qui sent bon la nostalgie et la chaleur de l’été. À noter qu’il a été adapté en VF lorsqu’on sélectionne cette dernière, et avec un rendu aussi bon que pour les doublages. Bref, une adaptation de qualité, cela fait plaisir.