Abenobashi - Actualité manga
Dossier manga - Abenobashi

Scénario et mise en scène

 
 
Toute l’histoire de la série d’Abenobashi tourne autour de deux enfants envoyés dans des dimensions parallèles et qui tentent de rentrer chez eux. Dit comme ça, on pourrait penser que la série ne s’embarrasserait pas d’un vrai scénario et de développer les liens entre les personnages, en se contentant d’enchaîner les références et les gags d’un épisode à l’autre et de conclure un peu par hasard. Non mais non.

Si la série tient la route et se démarque, c’est parce qu’il y a une logique et un vrai travail sur les relations entre les personnages et le quartier qu’ils habitent. Cette série d’évènements loufoques n’a rien du hasard, et le point de départ de cet imbroglio repose même sur un drame, bien qu’il n’apparaisse pas tel quel au premier abord. Alors certes, la série se veut humoristique et remplit son contrat dans cette catégorie avec brio, mais elle est aussi fortement ancrée dans le réel.
Le quartier d’Abenobashi qui se transforme avec l’urbanisation, les magasins qui ferment les uns après les autres, les buildings démolis, Arumi qui déménage très loin… Des évènements fréquents, pas tragiques au sens premier mais qui n’en restent pas moins d’importance et parfois lourd à supporter, surtout pour des jeunes gens, qui voient leur univers bouleverser.

La série attache beaucoup d’importance aux relations entre les héros, et chaque épisode est l’occasion de les faire progresser. On sent une vraie complicité entre Arumi et Sasshi, dont les relations sont basées sur le principe du Tsukkomi et du Boke, le duo comique typiquement d’Osaka (d’où sont originaires Arumi et Sasshi). Le boke (Sasshi) est l’idiot qui passe son temps à asséner des stupidités pendant que le tsukkomi (Arumi) le corrige et le secoue quand il fait un peu trop l’imbécile. Cette dynamique de complémentarité s’inscrit évidemment fort bien dans cet environnement humoristique, mais dépasse aussi ce cadre.
 
 
  
 
  
Malgré un aspect décousu et le format « stand-alone » des épisodes, chacun est indéniablement lié l’un à l’autre, avec ce que cela entraîne d’avancée dans l’approfondissement psychologique des personnages. Avec son format de 13 épisodes, on sent que cette série a été pensée de bout en bout pour être logique et apporter de vrais réponses et un vrai suspens aux aventures des jeunes. Les deux compères sont réellement perdus au milieu de mondes incroyables et déjantés et cherchent à rentrer chez eux de leur mieux. On ressent de belle façon leur désarroi face à tous ces évènements, et principalement celui d’Arumi, qui se voit à chaque fois projetée avec Sasshi dans des mondes avec lesquels elle n’a aucune affinité ou presque, ce qui est à la fois très drôle et un peu triste. Cependant, Sasshi a des sentiments contraires vis-à-vis de retourner dans le monde réel, non pas parce que ces mondes lui plaisent beaucoup en général, mais surtout à cause du départ d’Arumi, et plus tard dans la série, parce qu’il apprend que son choix entraînera des conséquences qu’ils avaient pu éviter grâce au déclenchement involontaire de la force du yin et du yang. Il y a donc un vrai suspens d’installé, ce qui nous donne plus que jamais envie d’enchaîner les épisodes pour découvrir le fin mot de l’histoire et comment tout cela va se finir. 

On trouve aussi plusieurs échanges sensibles entre les deux jeunes, et qui donne beaucoup de maturité à la série entre deux délires, ainsi qu’une vraie raison d’être à leur voyage. Le refus de la réalité et donc l’envie de s’enfermer dans des mondes où il n’y a aucune conséquence malheureuse, cette nécessité de faire face en fin de compte à la réalité et d’en accepter les conséquences afin d’avancer… La série est presque un message et une critique à tous ces gens qui vivent leur vie par procuration, derrière leur écran de télé et se déconnectent plus ou moins du monde extérieur, vers d’autres qui leur apportent plus de satisfaction immédiate. Amusant qu’une série qui contient plein d’éléments qui devraient plaire aux otakus contienne également un message et une critique justement par rapport aux comportement de ces otakus.
Il en va de même pour un personnage comme Mune-Mune, ressort humoristique évident mais dont la présence découle d’une tragédie et d’une histoire d’amour inhabituelle et insoupçonnée, ou Yutas, qui est loin d’être un simple roublard et possède une véritable profondeur, mais dont la puissance et son égoïsme a indéniablement causé du tort à ceux qu’il aimait, ou même papy Masa, qui a un passé bien plus lourd qu’on imaginait au départ.

Bref, indéniablement, la série possède des arguments scénaristiques insoupçonnés si on se contente de regarder l’extérieur et toutes les paillettes qu’on nous envoie à la tête pendant les gros délires de Sasshi. Certes, c’est bien sûr ce qui donne sa particularité, et l’humour et le délire visuel constituent bien sûr la force de la série. Néanmoins, c’est dans sa construction, le message qu’elle cherche à faire passer, les relations entre ses héros et les personnages secondaires, qu’elle trouve sa légitimité et sa vraie personnalité, et parviennent à la hisser au-dessus du lot de ce genre de production, vers une œuvre tout public et qu’on n’oubliera pas de sitôt.
 
 

© Gainax / Abenobashi Project

Commentaires

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erotaku

De erotaku, le 23 Septembre 2013 à 20h13

n'ayant jamais regarder cette serie il faudrai que j'essai

Mokori

De Mokori [527 Pts], le 11 Mai 2013 à 20h35

Un animé loufoque à souhait que j'ai beaucoup aimé.

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