We are always... - Actualité manga
Dossier manga - We are always...

Entre passé et présent


Le principal attrait de la série vient indéniablement de son postulat de départ, à savoir la mémoire de cet été où Haruna a rencontré pour la première les trois autres membres du quatuor qu’ils forment aujourd’hui. Ayu Fujimiya a bien compris qu’elle tenait un élément au potentiel certain et, dès le départ, elle ne se privera pas d’en faire usage. D’abord de façon relativement simple, se contentant de nous présenter le changement opéré chez Haruna en l’espace de huit ans, par exemple. Mais petit à petit, au fur et à mesure que la série avance, ce sera fait de manière plus subtile et aussi, inévitablement, de manière plus intéressante. Ce qui sera ici particulièrement attrayant, c’est la possibilité qui nous est offerte de nous rendre compte combien le passé est capable d’influer sur le présent, combien il est capable de rester en nous et de nous faire agir d’une manière ou d’une autre, mais aussi combien les choses peuvent changer en l’espace de quelques années. Surtout à un moment de l’existence où notre évolution est constante et parfois, voir souvent, disparate. En outre, il sera aussi important de se rendre compte que la mangaka va utiliser à bon escient ces passages huit ans en arrière afin de distiller de multiples révélations et surprises sur les principaux personnages du récit. Notons au passage qu’en termes de surprises, l’auteur se montrera justement étonnant en parvenant à se montrer imprévisible, notamment dans la seconde moitié de l’œuvre, alors que l’on s’y attendait peut-être le moins. Et il faut bien l’avouer, ça à de quoi ravir ! A l’image de ce dont il était ici question, en somme, à savoir ces nombreux flash-back qui parsèment le récit et qui se révèlent donc particulièrement riches la majorité du temps.

Ceci étant dit, donner autant d’importance à l’une des composantes de son récit peut aussi s’avérer dangereux. Parce qu’évidemment, dès que ces petits retours dans le passé se montrent un peu moins prenants ou plus concis, c’est tout de suite moins séduisant. D’ailleurs, on se rendra rapidement compte que lors des quelques moments où la mangaka laisse de côté le passé pour se focaliser uniquement sur le présent, le tout fonctionne un peu moins bien. Certes, la lecture reste plaisante et cela ne vient pas baisser en flèche la qualité desdits chapitres, mais force est de constater qu’on se retrouve dans ces moments-là face à quelque chose d’un peu plus convenu. Quelque chose de tout simplement plus classique, une romance lycéenne comme on en voit tant d’autres. C’est dès lors durant ces passages où l’on se rend compte combien tout l’intérêt de la série peut tenir à peu de choses. Mais ne vous y trompez pas pour autant, cela n’enlève rien à la sympathie des personnages et à leur caractère plaisant. Qui plus est, il faut aussi souligner le fait que lorsque son intrigue décolle véritablement, Ayu Fujimiya nous prouve qu’elle peut la rendre tout à fait prenante sans pour autant avoir besoin de recourir à ces flash-back. Néanmoins, il est clair que ce voyage constant entre deux époques est essentiel à la série est un des principaux éléments qui viennent lui donner tout son sel.
  
  
  
  
  

Une narration atypique


Un point sur lequel va également avoir tendance à se distinguer la série sera la narration optée par Ayu Fujimiya . En effet, au lieu de se contenter de prendre un point de vue extérieur sur les figures de proue de son récit, la mangaka va ici choisir de se focaliser en alternance sur chacune d’entre elles. Ainsi, au gré de chaque chapitre, le point de vue adopté sera différent, nous faisant passer de Nori à Haruna, d’Haruna à Kyo, ou encore de Kyo à Saeka. La chose est peut-être simple, mais elle ne tardera pas à se révéler comme étant diablement efficace.

En effet, en se focalisant ainsi sur chaque personnage à tour de rôle, l’auteur nous offre la possibilité de découvrir de l’intérieur l’état dans lequel chacun d’entre eux se trouve. Et cela va également nous permettre durant l’intégralité de la lecture de nous rendre compte des sentiments de chacun. De ce que chaque adolescent a sur le cœur et de mieux comprendre les raisons qui vont le pousser à agir de telle ou telle manière. Tout ça, sans avoir besoin de recourir à d’interminables et théâtrales sérénades semblables à de longs, fastidieux et artificiels discours sur les états de l’un ou l’autre personnage comme on a tendance à en voir dans certaines œuvres un peu moins travaillées. Mais cela également se révéler utile dans l’avancement du récit et dans la prise de conscience chez le lecteur de l’évolution progressive des sentiments de chaque protagoniste. Et, au-delà de ça, ces changements constants de point de vue, loin d’être désagréables, vont également permettre de garder une certaine fraîcheur tout du long.
  
  
  
  
  
Et si dans un premier temps on avait pu craindre de se retrouver un peu perdu avec un type de narration semblable à celui-ci, on pourra faire confiance à la mangaka pour garder un contrôle constant et ne jamais nous perdre. Une autre question que l’on pourra se poser est de savoir s’il sera forcément intéressant de passer d’un personnage à l’autre de la sorte. Après tout, il n’aurait pas été impossible que l’un d’entre eux ne se trouve dans une situation où il n’y a pas grand-chose qui vient bousculer son quotidien et, dès lors, rendre sans intérêt le chapitre le concernant. Mais Fujimiya ne va pas tomber dans ce piège, sauf à de rares exceptions qui seront évoquées dans la partie suivante de ce dossier. En règle générale, l’auteur est parvenu à structurer son récit de telle manière à ce que chaque membre de quatuor ait quelque chose d’important à nous faire partager. Alors certes, il arrive que le tout avance un peu plus lentement que d’ordinaire, mais, sur l’intégralité de la série, ce genre de tare reste franchement mineur.
  
  
  

BOKURA WA ITSUMO © 2007 by Ayu Fujimiya / SHUEISHA Inc.

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation