Coq de combat - Actualité manga
Coq de combat - Manga

Coq de combat : Critiques

Shamo

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 07 Juin 2016

Coq de Combat (Shamo en VO) est un titre ayant connu un destin très particulier, une série exceptionnelle qui a bien failli ne jamais connaître de fin, un titre unique, à l'ambiance sans égale, qui a périclité dans ses derniers moments !
Avant toute chose, Coq de Combat c'est l'union de deux auteurs de grands talents qui ensemble ont donné vie à une série qui aura marqué son temps ! Izo Hashimoto au scénario et Akio Tanaka au dessin. Cette union sacrée va donner naissance à une pure merveille, une œuvre violente et sans concession, mais possédant une certaine forme de poésie.


Ryo Narushima est un jeune adolescent qui sans raison apparente tue ses deux parents de façon assez violente. Le crime défraye la chronique et il devient l'un des individus les plus détestés du Japon.
Malgré son jeune âge, il va se retrouver en prison où il va subir sévices et humiliations, de la part des autres détenues, mais aussi des gardiens. Mais c'est également en prison qu'il fera la connaissance de Kenji Kurokawa, un pratiquant de Karaté qui va l'initier à son art… Ryo va ainsi se renforcer, apprendre à se défendre et par la suite devenir une véritable machine de combat, il va rechercher l’adrénaline de l'affrontement.
A sa sortie de prison, il va monter sur les rings pour entamer une carrière dans le combat libre où naîtra une profonde rivalité avec le champion Sugawara un pratiquant de Karaté droit et intègre, l'exact opposé du fauve qu'est devenu Ryo…


D'emblée de jeu, nous avons affaire à un titre choc, fort et violent, nous sommes confrontés à un meurtre sordide commis par un jeune homme, suivrons ensuite des scènes tout aussi violentes psychologiquement avec les sévices que subira Ryo en prison, y compris agressions sexuelles… Clairement ce titre n'est pas à mettre entre toutes les mains.
Mais avant d'être un titre violent, c'est avant tout un titre ayant une portée sociale, les auteurs utilisant un miroir qu'ils renvoient vers leur société glorifiant la violence. Ainsi la rivalité entre Narushima et Sugawara oppose directement la violence et la sauvagerie du combat à la noblesse des arts martiaux, chacun étant un représentant de deux forces antagonistes vouées à s’opposer, mais indissociables. Narushima représentant ce qu'il y a de plus sombres en l'humanité, ses plus bas instincts, alors que Sugawara lui représente la sagesse et la tempérance, l'abnégation et le respect.

Le pari fou des auteurs est de mettre en avant durant toute la série un personnage absolument détestable. Bien entendu que ce qu'il subira en prison le placera en position de victime, mais par la suite, il deviendra un être abject et commettra des horreurs. Ses affrontements se termineront toujours de façon violente et sanglante, provoquant parfois de l’écœurement… Peut-on réellement s'attacher à un tel personnage ? Ce n'est pas réellement le but. Ryo n'est autre que le reflet de la société, il est ce qu'elle a fait de lui, ni plus ni moins.


On se laisse porter durant une incroyable première partie, nous narrant la carrière de Ryo dans les rings, suivra ensuite une seconde phase du récit où il entamera un périple en Chine pour faire des combats à morts dans des arènes clandestines… C'est déjà moins intéressant, mais on continue de trouver une dimension philosophique, on continue de plonger au plus profond de l'âme des personnages.
Une troisième partie opposera Ryo à autre individu étant son exact opposé, un danseur se mettant au combat libre, possédant une grâce hors norme… Malgré un creux et quelques passages nous laissant sceptiques, on retrouve encore des moments incroyables, des moments qui nous touchent, qui nous heurtent, qui nous secouent, qui nous poussent à la réflexion… Puis viendra l'ultime phase du récit qui tuera l'esprit de la série…

Ceci, on le doit à la brouille entre les deux auteurs coincés dans une bataille juridique pour des raisons obscures (le dessinateur accusant le scénariste de ne lui avoir donné que les bases du récit et exige réparation)… La série fut alors stoppée pendant plusieurs années, nous pensions même que celle-ci était condamnée que jamais nous n'aurions la fin...et finalement, contre toute attente, cinq ans plus tard, la série revient accompagnée en France d'une réédition des premiers tomes, nous pouvons découvrir la suite des aventures malsaines de Ryo...mais désormais Akio Tanaka, le dessinateur, est seul aux commandes ! Et malgré les accusations qu'il portait à son ancien camarade, il semble qu'il ait eu réellement besoin de lui tant cette seconde phase est laborieuse. Le dessin est toujours aussi magnifique, plus précis encore, mais le scénario part en vrille et va même jusqu'à dénaturer l’œuvre exceptionnelle que fut Coq de Combat !



Commence alors un travail de deuil à effectuer...il faut accepter le fait que la série n'est plus ce qu'elle était, mais ça c'est difficile, voire même impossible, et enfin lorsque viendra la conclusion, elle sera presque perçue comme un soulagement...enfin on achève les souffrances de ce titre…

S'il faut donc se souvenir de Coq de Combat, il faut s'en souvenir comme la série exceptionnelle, certes violente et malsaine, mais tellement forte et prenante, qu'elle était dans sa première moitié, voir même au-delà, et non pas ce qu'elle est devenue dans ses dernières heures…

Un grand titre, qu'il vous faut découvrir, mais par forcément en entier !

Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
15.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,15.00,15.00,16.00,12.00,14.00,14.00,14.00,16.00,17.00,13.00,14.00,7.00,9.00,13.00,8.00,14.00,19.00,17.00,14.00,16.00,16.00,18.00,18.00,18.00,19.00,17.00,16.00,17.00,19.00,17.00,9.00,11.00,13.00,16.00,18.00

Les critiques des volumes de la série