Under Grand Hotel

Un monde à part

 
 
Les émotions ne sont pas les mêmes à UGH et à l’extérieur, aussi l’on comprend rapidement que ce petit monde à part se développe tranquillement dans un huit-clos passionnant et haletant, au moins autant qu’il est sensuel ou parfois gênant, devant la violence de certaines scènes. Et il est nécessaire de comprendre bien clairement ce qu’il se passe dans cette série, et ce qui est en jeu. La prison n’est pas une cour de récréation et il faut la comprendre pour y survivre. Ça, Sen va bien l’enregistrer et va tout de suite se mettre au travail pour saisir les trames de ce nouveau monde que personne n’est prêt à affronter. Tout d’abord, tout le monde est seul. C’est la première règle à retenir et à appliquer. Pourtant, il y a tout un tas de castes, de groupes, de clans. D’ailleurs, il vaut mieux faire partie d’un de ces groupes pour survivre. Car si tout le monde est seul, il faut absolument entrer dans une des masses qui composent ce marasme de gens grouillants. Il y a les noirs, les hispaniques, les catholiques, les musulmans, les juifs, les néonazis, les asiatiques, les gays ou les travestis, les italiens, les motards, les irlandais, les dangereux, et les « autres », qui font la poubelle. Dans UGH, quelques castes sont représentées avec brio même si on ne fait qu’en deviner d’autres. L’histoire étant centrée sur les protagonistes, on a pas trop le temps de découvrir tous les univers des détenus, mais on en devine la majorité. Là-bas, tout prend une ampleur très différente. L’importance accordée aux gens, aux objets, est totalement changée. Par exemple, le moindre service doit être payé, le moindre travail est important et a de grandes implications. Etre préposé au courrier c’est pouvoir faire passer des objets en douce … D’ailleurs, ici la moindre lama, le moindre stylo est une arme. Sen et Sword le savent, les moyens d’attaque sont partout et ils peuvent trouver une arme mortelle dans n’importe quel objet du quotidien. Il faut alors les cacher, les protéger, les chérir et les utiliser au bon moment.
 
 
  
  
 
Autre point important, l’organisation de la prison. La hiérarchie est primordiale. Que ce soit du côté des détenus ou de celui des matons et autres directeurs ou responsables. Chez les prisonniers, il y a le shutcall. Il dirige le trafic de drogues, il fait passer toutes les petites combines par lui. On lui doit respect, obéissance, dévotion. Le premier qui lui ment ou le trahit ne le fait qu’une fois et sert d’exemple. C’est Sword qui a cette place, et toute la prison a conscience de son pouvoir, de son influence. Ils obéissent, même s’ils ne s’aplatissent pas totalement devant lui. Cette obéissance est nécessaire, est indispensable au bon fonctionnement de la prison. Sans cette hiérarchie avec le shutcall, ses généraux, ses sous-fifres, les détenus seraient livrés à l’anarchie la plus complète. La drogue, les règlements de compte, les meurtres, tout irait à l’abandon et les choses ne marcheraient plus du tout. Ensuite, dans les dirigeants de la prison. Le directeur de la prison a la main mise sur tout … Et s’il est pourri, tout le système l’est. Mais les matons sont tous corrompus à leur façon. Certains se laissent avoir par l’argent, le sexe, les privilèges. D’autres restent du côté de la justice et refusent toute facilité … pourtant eux aussi sont d’un côté, finalement. Et ils n’écoutent pas forcément les arguments de certains innocents, les jugeant directement coupables et n’hésitant pas à lourder un peu plus leur main pour les coups de matraque. Bref, il y a des pourris de partout mais au final certains sont très droits mais pas forcément plus justes. C’est ça qui est passionnant dans cet univers où chacun peut être perturbé par des idéaux ou des intérêts. Les hiérarchies sont indispensables pour maintenir l’ordre, même quand elles révèlent les injustices, les privilèges.

Enfin, ce monde ne serait pas le même sans les quatre mots qui dirigent tout : drogue, argent, pouvoir, sexe. Dans le monde réel, dans leur monde à eux, ces choses sont tout aussi vraies. Elles existent et régissent leur vie, surtout pour Sword, la petite frappe qui se vautre dans le succès, dans l’opulence et dans la débauche. Mais dans la prison, tout est bien plus important. Il ne suffit pas de se rendre au coin de la rue pour obtenir une dose de drogue, il n’est pas aussi facile que ça de coucher quand les matons font leur tour et que le sexe est interdit. De même, l’argent ne coule pas à flots et les billets sont des choses précieuses dans ce monde où tout se paye, alors même qu’il ne sert qu’à acheter des services. Le pouvoir, c’est la survie. Sans pouvoir, on n’est que soumis aux autres, on ne peut que subir les évolutions de tous ces décideurs. Bref on l'aura compris, le monde d’Under Grand Hotel est un univers à part, qui fonctionne en hui-clos et où tout se passe avec des répercussions démesurées.