Un carré de ciel bleu - Actualité manga
Dossier manga - Un carré de ciel bleu

De l’amnésie à la mélancolie


« Un paysage au parfum d’antan, comme si le temps avait cessé de s’écouler… »

Si on devait simplement qualifier Un carré de ciel bleu, se serait de triangle amoureux sur fond d’ambiance mélancolique. Il était en effet essentiel que pour assurer un tantinet d’originalité avec une mécanique tant utilisée, le manga s’octroie une plus valus par une thématique qui lui permettrait de sortir du lot. C’est pourquoi le titre met essentiellement l’accent sur le personnage de Miyuki Suidô, une adolescente autrefois un peu naïve, mais souriante et chaleureuse qui devint taciturne et solitaire, comme si elle était effrayée. Et la demoiselle a de quoi l’être puisque deux ans avant que débute l’intrigue du manga, Miyuki fut victime d’un accident, dont les circonstances sont au passage complètement inconnues, qui lui fit perdre une grande partie de sa mémoire. Impossible alors pour Miyuki de se remémorer les évènements des 10 premières années de sa vie, et par conséquent ses plus proches amis qui occupent une place prépondérante dans l’intrigue de ce seinen.
  
  
  
  
  
L’amnésie joue occupe ainsi une grande place dans le récit, et bien souvent de manière indirecte, rendant alors la thématique assez subtile, mais suffisamment efficace pour impacter les rapports entre les quatre individus qui composent le corps du titre. La mélancolie est la grande idée de ces quatre volumes, et elle passe dans un premier temps par l’amnésie de la demoiselle. Cette perte de mémoire va essentiellement jouer un rôle par rapport à sa relation avec Shûichi Suido et Fumika Obama, ses deux amis d’enfance. Le lien avec chacun d’entre eux s’avère vite différent grâce au contexte bien pensé de la série. Shûichi, unique (ou presque) figure masculine du récit, est resté auprès de Miyuki et lui a permis d’avoir une attache dans ce monde qui lui semblait si flou. D’un autre côté, Fumika, partie depuis 5 ans pour devenir une idole et faisant son grand retour pour retrouver ceux qu’elle aime, lui est totalement inconnue, car elle n’était pas là au moment où le « drame » s’est produit. Les interactions entre Miyuki et ses deux amis d’enfance sont ainsi complètement différents : même si elle les a tous les deux oubliés, l’un a su immédiatement lui créer un univers de confiance tandis que la seconde apparaît comme une ombre totale. La mélancolie joue alors double jeu dans le cœur de Miyuki et on apprend vite à compatir pour elle, tant dans son amour envers le protagoniste qui est le seul point d’ancrage dans ce monde inconnu, mais aussi dans sa réticence à côtoyer Fumika qui était pourtant sa meilleure amie d’enfance. A travers ce personnage, le récit a ce quelque chose de touchant et même si Miyuki peut s’avérer souvent désagréable à cause de sa manière à rejeter les évènements qui s’offrent à elle et à accabler son entourage, elle apporte une dimension hautement dramatique à travers une idée qu’on n’a peut-être pas l’habitude de voir dans une romance prenant le parti du triangle amoureux. Dans ce tumulte, on pourrait aussi revenir sur le personnage de Yuria Oda qui fera office de guide pour Miyuki, et plus globalement de soutien global des troupes malgré son caractère quelque peu excentrique.

Mais la dimension mélancolique du titre ne passe pas uniquement par le personnage de Miyuki, et fort heureusement, car cela limiterait immensément le champ d’action de l’auteur. Le titre parle de lui-même quant à son idée. « Un carré de ciel bleu », cela sous-entend qu’au milieu de toute la confusion représentée par les nuages résiderait un endroit, un moment et une personne qui permettrait à nos héros de trouver leur salut. La métaphore est joliment constituée une fois la lecture des quatre opus terminée. L’ombre des nuages peut ainsi être représentée par le passé, cette époque révolue de laquelle chaque individu a du mal à se distancer, chose anodine faisant écho à l’amnésie de Miyuki tant cette dernière aimerait bien se souvenir, elle, de son vécu. Shûici est alors un jeune homme enfermé dans un amour né il y a longtemps, mais qui ne trouve pas la volonté de se déclarer pour passer à l’étape supérieure, ou alors qui laisse sa passion pour la photographie à l’état de projet discret sans chercher à le faire évoluer. Fumika, elle, ne supporte pas la pression de sa carrière d’idole et choisit de fuir vers son passé en retournant dans sa bourgade natale pour retrouver ses amis d’enfance. Miyuki est un cas plus particulier tant elle n’a aucun souvenir de son vécu, chose qui l’effraie au plus haut point, et se retrouve ainsi involontairement piégée par son passé, et ce même si elle n’en garde pas de souvenir. Et une fois n’est pas coutume, Yuria fait office d’outsider. La demoiselle n’ayant pas grandi avec ses trois nouveaux compagnons, elle est la moins impactée par cette dimension mélancolique et fait alors office de soutien des troupes. Elle n’évitera cependant pas un rôle de victime du scénario quand, par une certaine pirouette scénaristique, elle se rendra compte à quel point il est difficile d’être attaqué par ses souvenirs.
  
  
  
  
  
Que ce soit par le personnage touchant de Miyuki qui a perdu ses souvenirs ou la psychologie de chacun qui reste piégé d’une manière ou d’une autre à sa nostalgie, la mélancolie du titre est omniprésente et teinte le récit d’une certaine douceur, tout ceci pour mieux donner une identité à l’intrigue romantique qui reste tout de même le cœur de ce seinen.
  
  
  

© SOU 2009 / HOUBUNSHA

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation