Stranger - Actualité manga
Dossier manga - Stranger

Une enquête qui n'en finit jamais de nous surprendre


Ce qui nous frappe tout de suite quand on se lance dans ce drama, c'est la qualité de son intrigue. On démarre avec une simple affaire de meurtre, qui semble se régler assez rapidement (le coupable présumé est mis derrière les barreaux dès l'épisode 1). Pourtant, va alors commencer une succession d'éléments discréditant cette thèse (le coupable se suicide, l'inspectrice Han Yeo Jin découvre des traces de sang discordantes avec le récit des faits établi...) qui vont amener à rouvrir l'enquête et à diriger l'attention de Hwang Si Mok et sa partenaire sur des affaires de corruption, d'abord dans le bureau du procureur, puis dans la police...

L'enquête va nous amener à suspecter presque tous les personnages de la série. Chacun d'eux, à un moment donné, a croisé ou côtoyé la victime et chacun d'eux a agit de manière suspecte pendant l'enquête (dissimulation de preuves ou autre..). Et quand ce n'est pas les personnes elles-mêmes qui sont impliqués, ce sont les supérieurs, et là, on voit bien que le libre-arbitre de chaque individu est malgré tout assez limité dans nos sociétés actuelles. Quand  ton supérieur te dit d'agir de telle manière, tu le fais parce que tu ne veux pas perdre ton travail, point barre. Alors, dans ces conditions, à qui faire confiance ? Hwang Si-Mok se posera très souvent la question, surtout qu'il va devoir à un moment, accorder une confiance, toute relative certes, à d'autre personnes que Han Yeo Jin pour faire avancer l'enquête. Et ce ne sera pas une mince affaire...





À noter aussi que l'intrigue ne comporte pas d'incohérences (et il faut le souligner car ce n'est pas si courant que ça...) et qu'elle reste assez fluide et claire tout du long. Mais, si l'intrigue tient de bout en bout sans difficulté, il faut remarquer un léger essoufflement vers le milieu de la série, où l'on a une impression que l'histoire n'avance plus vraiment. Ce n'est pas le cas, mais la série nous pose tellement de questions qu'à un moment, en tant que spectateur, on aimerait avoir ne serait-ce que des débuts de pistes de réponses un peu plus rapidement.

Par contre, ce drama n'est clairement pas une série qui plaira à tout le monde à cause de son côté assez complexe. En ce sens, Stranger n'est clairement pas une série policière avec beaucoup de scènes d'actions, ni de retournements de situations spectaculaires, ni de meurtriers psychopathes avides de sang... On est ici dans une série beaucoup plus intimiste, sociale et politique, avec beaucoup de dialogues (certains appelleront ça de la parlotte, à vous de voir.) et qui utilisent parfois des termes assez techniques. On parlera dans Stranger, par exemple, plus facilement de détournement de fond que de cadavre retrouvé au fond d'une poubelle. Ce n'est pas un défaut, mais pour ceux qui chercherait une série policière plus classique en Stranger, vous voilà prévenus.


La corruption, une obsession coréenne


Ce qui est assez étonnant dans les séries coréennes, c'est cette obsession de la corruption. Combien de thriller ont commencé par de simples crimes et se sont terminés sur des histoires de corruption ? (quelques exemples : 14 Days, God's Gift, Signal, Healer...) La corruption abordée dans les séries n'est pas une spécialité coréenne, mais force est de constater qu'elle y est plus fréquente et que son traitement est assez différent des séries américaines ou françaises.

Quand la corruption est abordée dans une série coréenne, l'un des points principaux est quelle se répandra partout. Que ce soit la police, le ministère publique, la presse, les hôpitaux, les tribunaux... C'est une vraie gangrène, qui semble toujours se répandre toujours de la même manière : par l'argent. L'argent amène le pouvoir, etc... D'ailleurs, souvent dans les séries qui abordent la corruption,  il y a toujours l'ombre de grands groupes qui planent. Ces grands groupes qui, soi-disant, sont absolument nécessaires à l'économie coréenne, et tout le blabla moralisateur qui suit. En fait, on a l'impression que ce que veulent nous montrer les séries coréennes, c'est un système défaillant qui touche quasiment toutes les strates de la société.
Mais le plus effrayant, c'est la manière dont en parle le procureur en chef Lee Chang Jun dans la série.

« Tout a commencé par ce repas-là. Un repas de tous les jours. Il ne nous soudoyait pas, il avait de bonnes intentions.[...]Ce jour là, je n'ai pas payé mon repas. Mais ce repas et cette boisson qu'il m'a offert m'ont empêché de refuser l'invitation pour une prochaine rencontre. »

Là, on entre dans le nerf de la guerre. Pour Lee Chang Jun, tout est parti d'un événement complètement anodin, mais que la politesse l'a ensuite empêché de sortir de ce cercle vicieux dans lequel il venait de rentrer. D'ailleurs, c'est lui qui tentera de faire rentrer Hwang Si Mok dans ce même genre d'engrenage, avec la même méthode. Ce qui nous fait le plus froid dans le dos au fond, c'est ce début qui pourrait tous nous arriver au fond. Si ce genre de méthode peut nous faire tomber dans des systèmes de corruption desquels on ne voit pas le bout, comment fait-on pour distinguer de la pure gentillesse de celle qui est intéressé ? Et comment savoir si, quand la gentillesse était désintéressée, elle ne le deviendra pas un jour ?





Ensuite, Lee Chang Jun aborde une autre partie, plus connue celle-ci, de la corruption et plus souvent traitée : les relations.

« Quand on rencontre une personne, elle intègre notre réseau. Quand on est au bas de l'échelle, les contacts sont synonymes de pouvoir. Mais ils deviennent notre faiblesse. À mesure qu'on monte... On voudrait les cacher. »

Et là, nous arrivons à une des grandes problématiques de la série : M.Park. Pourquoi est-il mort ? L'hypothèse la plus probable et qui vient quasi immédiatement à Hwang Si Mok c'est le fait qu'il faisait partie d'un réseau et que, en étant ruiné, le réseau n'avait plus besoin de lui et l'a rejeté. M.Park a donc vraisemblablement voulu se venger en donnant les informations qu'il détenait à Hwang Si Mok qui avait refuser ses « avances » quelques temps plus tôt. Et là, quand on aborde la question des relations, la problématique n'est plus forcément l'argent mais cette société d'entre-soi qui se crée. Il suffit de connaître les bonnes personnes, de venir d'une bonne famille pour accéder aux postes importants. Mais dans ce genre de société, où se trouve la question de mérite ? Peut-on vraiment encore parler d'échelle sociale ? Dans ce type de société, on comprend mieux les personnages comme Seo Dong Jae qui sont prêt à tout pour survivre et accéder à une nouvelle strate de la société.
  
  
  


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