Ringo Yuki - Actualité manga
Dossier manga - Ringo Yuki

The first love melt in ultramarine


Dans un lycée pour garçons, Kengo s’adonnait avec passion et sous les acclamations de ses coéquipiers au baseball, jusqu’à ce qu’une blessure à l’épaule l’oblige à arrêter pour quelque temps. Plutôt déprimé depuis que ce problème l’a écarté des terrains, il risque pourtant de voir son quotidien changer en croisant la route de Yoshioka dans la salle de musique de son oncle professeur. Très vite, il découvre que ce garçon est censé être dans sa classe, mais qu’il ne vient jamais en cours. La raison ? Selon son oncle, des traumatismes passés. En passant du temps avec lui, Kengo apprend à le connaître un peu plus, s’attache à lui, ressent bientôt l’envie de le protéger, et finit par s’éprendre de lui… Seulement, Yoshioka sera-t-il capable d’affronter les fantômes de son passé pour retrouver goût à la vie ?

Ringo Yuki nous l’a déjà prouvé : elle aime aborder des sujets délicats, et cette fois-ci elle s’attaque à un problème de société : le harcèlement scolaire dans un établissement pour garçons, où la présence féminine n’est pas. Entre environnement exclusivement masculin et frustrations parfois difficiles à cerner, la mangaka offre, à travers le traumatisme passé de Yoshioka, une vision du harcèlement très dure dans ce que les harceleurs ont fait subir au jeune garçon. Mais l'autrice conserve une narration sobre et un style trouvant un bon équilibre entre choc et pudeur, ainsi elle n’en fait pas trop tout en sachant aborder les choses avec force.





Ici, tout commence par une constatation cruelle et toujours d’actualité : le rejet de celui qui ne rentre pas dans le moule, mais aussi les rumeurs et l’étiquette que l’on peut coller aux gens pour en faire les victimes. Ici, le dénommé Ando entre dans tous ces poncifs, Ringo Yuki propose en lui un jeune homme dont les motivations restent délicates à cerner, et elle a le mérite de ne rien enjoliver au final, car Ando ne regrettera jamais ce qu’il a fait, et rejettera même la faute sur Yoshioka. Difficile de changer les cons… En cela, la mangaka reste, comme souvent dans ses précédentes histoires, sur quelque chose de réaliste qui est très appréciable et qui rend son œuvre plus juste. Mais qu’on se le dise, c’est bien l’espoir qui attend Kengo et Yoshioka, deux êtres ayant des douleurs intérieures bien différentes mais pouvant compter sur leur lien, sur eux-mêmes, et sur des membres de leur entourage plus bienveillants.

Une nouvelle fois, avec The first love melt in ultramarine, Ringo Yuki a toujours ce don pour rendre ses personnages poignants et attachants sans trop en faire. Ici, elle s’applique dans sa narration, avec un premier chapitre nous faisant suivre de près Kengo, un deuxième nous plongeant plus aux côtés de Yoshioka et de ses douleurs, et une suite s’appliquant à consolider l’évolution de leur lien. Evidemment, l’œuvre ne faisant qu’un volume, ça va un peu vite, mais l’essentiel passe très bien, les dialogues et les moments importants sont finement présentés, et la conclusion prend suffisamment le temps de mettre fin à ce récit qui, à son tour, est de qualité.


Goodbye Lilac


Enseignant en lycée, Kasai est un homme plutôt appliqué dans son travail et qui, sans s'en rendre compte (ou en ne voulant pas tomber dans ce piège), plaît pas mal à ses élèves féminines... mais aussi à un adolescent, Reiji Katô. Dans la classe dont il est le professeur principal, Reiji est l'élève à problèmes, celui qui est délicat à gérer concernant son assiduité en cours ou ses résultats. Pourtant, l'enseignant ne peut s'empêcher d'avoir pour ce garçon un peu perdu une certaine affection, un peu à l'image de celle que l'on peut avoir pour un petit frère à protéger. Mais Reiji, lui, voit plus en lui qu'une sorte de grand frère, cherche à se rapprocher de lui hors des cours, et finit par lui faire une déclaration d'amour... que Kasai, avec sérieux, rejette. Malgré tout, quelque chose semble avoir changé en Reiji, désireux dans ses choix d'orientation de devenir lui aussi professeur.

Quelques années passent, et avec ses collègues, Kasai évoque encore parfois le cas de Reiji Katô. Alors, quelle n'est pas sa surprise en apprenant que ce dernier fait partie des nouveaux professeurs de son lycée...

Goodbye Lilac part d'une base très classique dans le genre, à savoir une relation possiblement amoureuse entre un enseignant et son élève. Mais Ringo Yuki nous a habitués à ne jamais céder à la facilité dans ses oeuvres, et elle le prouve à nouveau en développant ici une histoire réaliste, touchante et légèrement amère parfois. Ainsi, Kasai, sérieux et incapable de profiter d'un tel cas (d'autant qu'il est hétéro), ne cédera jamais aux approches de son élève pendant ses années lycéennes, alors même que tous deux entretiennent pourtant une relation assez poussée, bienveillante et sérieuse pour Kasai (qui, par exemple, conseille à Reiji d'arrêter la cigarette), et nourrie de tout autres sentiments pour l'adolescent.





Même topo lorsque, quelques années plus tard, Reiji revient en tant qu'enseignant. Il renoue une forte relation amicale avec Kasai... mais pour espérer de l'amour de sa part, il y a encore du chemin à faire, car désormais, à force de voir les années passer, Kasai semble avoir renoncé à l'idée de se mettre en couple, que ce soit avec une fille ou un garçon. Et puis, se retrouver avec un homme décevrait probablement un peu son père hospitalisé, à qui il ne pourrait offrir de descendance... La mangaka travaille plutôt bien ses personnages, et rapidement, Kasai pourra voir que sous ses allures de jeune et beau professeur plaisant beaucoup aux lycéennes, Reiji a encore en lui des tourments qui le poussent à s'égarer dans certains milieux nocturnes... Kasai en est-il la cause ?

Difficile de ne pas apprécier ici le réalisme de personnages qui ont des hauts et des bas et qui, petit à petit, construisent entre eux un lien important. On n'en dira pas plus, pour vous laisser découvrir si Kasai, au-delà de ses doutes, finira ou pas par se découvrir des sentiments pour son attachant ancien élève qui l'aime tant.

Toujours aussi soigné, fin et mûr, le trait de Ringo Yuki accompagne efficacement le récit sans esbroufe, sur un ton lui allant très bien. Ses designs sont aussi crédibles que précis, et savent véhiculer les émotions sans exagération, comme bien souvent dans ses oeuvres.

Sur un thème de base plutôt classique, la mangaka parvient dons, une fois encore, à sortir facilement des sentiers battus en offrant une histoire assez réaliste et touchante qui ne cède jamais à la facilité.



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