Noboru Iguchi - Actualité manga
Dossier manga - Noboru Iguchi
Lecteurs
20/20

Pour quel public ?


Difficile de définir le genre de public susceptible d'apprécier les films de Noboru Iguchi. Qu'est-ce qui attire dans un film en général ? On pourrait simplifier en scindant les personnes regardant des films en deux catégories : les amateurs, qui voient les films comme du divertissement, et les cinéphiles, qui les voient comment des expressions artistiques (ceci étant dit sans élitisme aucun, la plupart des cinéphiles appartiennent par ailleurs également à la première catégorie). Quiconque cherche un film de pur divertissement peut trouver son compte dans l’œuvre d'Iguchi, c'est même là la quintessence du divertissement, tout va à l'essentiel, c'est efficace et bourré d'action. Le côté toutefois très gore et volontairement « stupide » du propos est à même d'en rebuter plus d'un. Un film avec des sushis qui mangent les gens ? Consternant.
Et il est probable que le cinéphile pense la même chose, surtout s'il s'attarde sur les qualités formelles du support, à savoir la réalisation, la profondeur du message et tout le tintouin.

Du coup, j'aurais tendance à penser que ce type de film rejette le clivage amateur/cinéphile, pour en arriver à une banalité, mais au fond la seule qui vaille : on a une appétence pour ce type de récit, ou pas (ce qui explique le cas du « fan hardcore », qui simplement adore ça).
Ce genre de film appartient sans aucun doute au genre dit du « nanar ». Encore que, selon l'ami Wikipedia, un nanar est « un film tellement mal réalisé et ridicule qu'il en devient involontairement amusant et comique », alors que les films d'Iguchi sont clairement volontairement « mauvais ». Je ne sais donc pas à quel type ils appartiennent, appelons-les les nanars assumés.

Et quel meilleur cadre que celui de la soirée entre amis pour visionner un bon gros nanar, assumé ou pas ? On se délecte d'un récit si absurde qu'il en est hilarant, d'autant plus au sein d'un groupe ou chaque composante se nourrit du rire et de l'ahurissement des autres.

Il est donc peut-être d'avantage question de cadre que de public, de très nombreuses étant finalement aptes à passer un bon moment devant la filmographie d'Iguchi, pour peu qu'on les y prépare (bien qu'il y ait évidemment des personnes qui sont si friands du genre qu'ils peuvent l'apprécier simplement pour ce qu'il est). Pour ceux qui ne visionnent ce type de film que pour l'émulation qu'il crée, il est notable que l'effet à tendance à s'atténuer avec le temps, pour une simple question de routine.


The Machine Girl

Quelques mots sur la réalisation


Je parle ici en total profane, traiter avec justesse de réalisation est l'affaire de spécialistes, et ça n'est pas mon cas. Certains éléments sont toutefois flagrants.

La réalisation d'Iguchi, comme dit précédemment, abonde en effets spéciaux numériques et mécaniques qui ne trompent personnes, mais qui participent au charme de ses films. On trouve de nombreux plans tape à l’œil où les héros ou leurs adversaires prennent des poses iconiques avant de crier le nom de la technique qu'ils comptent lancer, le tout appuyé par des effets de zoom, de ralentit, de répétition pour un résultat plus comique que classe.

Le jeu d'acteur quant à lui, est souvent mauvais, totalement surjoué (pour beaucoup d'occidentaux, les japonais en général surjouent, mais c'est de l'ordre du culturel, ici on est encore un cran au dessus), mais encore une fois ça colle avec l'ambiance générale.
  
  
  


Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
Tomoyochan

De Tomoyochan [1621 Pts], le 16 Janvier 2016 à 10h47

20/20

Merci pour ce beau dossier. J'adore ce cinéma de genre complètement barré et Noburo Iguchi en est l'actuel meilleur représentant. Le coffret de DVD Sushi Typhoon qui vient de paraître en France est un pur régal.

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation