Nausicaä - Actualité manga
Dossier manga - Nausicaä
Lecteurs
18.50/20

Une œuvre complexe, complète et encore actuelle


Une œuvre marquante et riche qui fourmille de détails impressionnants. Une œuvre mêlant les genres et les thématiques. Nausicaä aborde avec un réalisme effrayant et une logique implacable le post-apocalyptique, l’écologique, la condition moyenâgeuse des populations, la guerre, la science-fiction, le mystique, la religion ou des types  d’armes de destruction massive. Tout cela dans un tout indubitablement cohérent. C’est un titre aux sujets encore actuels, surtout lorsque l’on sait vers quoi notre propre monde se dirige. Jamais l’écologie, la pollution, la folie des hommes, la place des femmes, le terrorisme, le fanatisme ou encore les armes technologiques n’auront autant fait écho à nous. Ces thèmes sont toujours et diaboliquement d’actualité. Et c’est bien ça qui devrait nous inquiéter…





Graphisme et édition


A la grandeur de l’histoire et de l’univers de Nausicaä, Miyazaki est également venu adjoindre un coup de crayon qu’il serait dommage de laisser de côté. L’auteur s’attache à nous dépeindre, au fil des sept tomes qui composent la série, un monde riche et fourmillant de détails à l’identité graphique forte. Le trait d’Hayao Miyazaki possède des bases relativement classiques, s’inscrivant sans peine et de manière évidente dans l’époque à laquelle l’œuvre a été réalisée. Ceci étant dit, il se dégage des dessins du mangaka quelque chose de fort. Ses planches sont empreintes d’une rigueur et d’un soin qui nous immergent immanquablement dans un univers devenu palpable, devenu vecteur d’imaginaire pour le lecteur. Bien entendu, la qualité de l’intrigue n’est pas étrangère à cet état de fait. Mais l’atmosphère graphique du titre y est également pour beaucoup. Au travers de cette œuvre, Miyazaki démontre sans la moindre retenue la fertilité de son imaginaire et n’a pas son pareil pour créer, au sein de cet univers vaste qu’est celui de Nausicaä, quelque chose de cohérent et d’unique en son genre. Une ode à un monde naturel et onirique au travers d’une chronique sombre et d’une terre torturée. Et cela s’inscrit évidemment dans les thématiques écologistes chères à Miyazaki. De même, on sent le mangaka avide de créer des éléments faisant écho à ses propres passions. La diversité des engins volant et le soin qui leur est apporté en est la preuve édifiante. En outre, même dans les moments plus obscurs de l’histoire, son trait reste à propos. Il y a, entre la légèreté presque fragile avec laquelle est couchée sur papier Nausicaä, et la détermination et la force dont elle est capable de faire preuve, un équilibre parfaitement stable. Un équilibre qui rend l’ensemble encore un peu plus tangible.

C’est dans ce même esprit que les chapitres les plus noirs et guerriers de l’œuvre s’inscrivent. Hayao Miyazaki nous donne la possibilité de ressentir pleinement la dangerosité de ce qu’il se passe, la tension qui règne, l’épée de Damoclès qui plane au-dessus des habitants de ces terres en perdition. Parfois, c’est fait au travers de planches ordonnées et fournies, bien peu avares en textes et en détails, mais l’auteur n’hésite jamais à étendre le champ dans de grandes et superbes cases lorsque la situation l’impose.  Plus d’une fois, l’on restera quelques instants en contemplation devant l’une ou l’autre planche. Et cela, ce sera fait au travers d’un regard redevenu presque celui d’un enfant. Peut-être empreint de craintes et de peurs, peut-être parfois pétri d’admiration et de curiosité, mais toujours avec comme moteur un émerveillement qui ne s’estompe pour ainsi dire jamais face à tout ce qui est créé dans une fascinante minutie. Rien n’est fait gratuitement. Il n’y a pas de mise en exergue indécente de la violence, rien n’est jeté vulgairement à la figure du lecteur pour le faire réagir. Or, les thématiques abordées auraient aisément pu s’y prêter. Quoi qu’il en soit, concrètement, il n’y a, pour ainsi dire, rien que l’on puisse reprocher, d’un point de vue graphique, au chef d’œuvre dont il est ici question.





Pour ne rien gâcher, le grand format de l’édition proposée par Glénat ne fait que justice à la beauté de l’œuvre. En nous concentrant ici sur la nouvelle édition de 2009, on appréciera grandement le fait que l’éditeur se soit fortement rapproché de la version originale de Nausicaä. Nous avons dès lors droit à ce grand format, à des posters en couleurs en début de volume, une encre bien particulière (et qui contribue, d’une certaine façon, à l’ambiance se dégageant du titre), ainsi qu’une traduction des onomatopées. L’encre brune, même si il l’est fidèle à l’édition d’origine, ne sera peut-être pas au goût de tout le monde. Certains pourraient avoir l’impression d’un aspect un peu trop terne. Le tout pour un prix finalement assez raisonnable. Bref, l’édition proposée est à la hauteur, sans conteste. Et cela ne fait que renforcer encore un peu plus l’impossibilité de passer à côté de cette œuvre unique et majeure.
  
  
  


© Hayao Miyazaki / Nibariki / Tokuma Shoten

Commentaires

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puyo

De puyo, le 25 Septembre 2018 à 13h50

20/20

Un chef d'oeuvre, très bon dossier.

Dracnard

De Dracnard, le 11 Mars 2017 à 14h42

18/20

J'ose espérer que cette oeuvre d'ici les prochaines décennies pourra bénéficier d'une nouvelle adaptation animée (REMAKE/REBOOT) beaucoup plus fidèle et approfondis créé par de talentueux studios tels que CoMix Wave ou encore Ponoc à la somptueuse pâte artistique qu'il lui collerait harmonieusement. T^T

Gutsberserker

De Gutsberserker [639 Pts], le 10 Mars 2017 à 19h58

18/20

Une oeuvre magistrale, que j'ai dévoré il y a quelques années! Un must read ;) 

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