Nausicaä - Actualité manga
Dossier manga - Nausicaä
Lecteurs
18.50/20

Une nature post-apocalyptique


Une grande forêt polluée qui s’étend à des mille et des mille et déferle ses spores empoisonnés sur le monde. Attention à celui qui s’y égare ! Attention à celui qui ose user de la violence ! Ne tentez pas la colère des êtres qui y vivent ! A celui qui s’y risque, il tâtera de la fureur des insectes et des ômus. Ils ne sont point petits. Point du tout.





La mer de la décomposition


« La mer de la décomposition : tel est le nom d’un monde peuplé de nouvelles formes de vies, né sur un sol rendu désertique par la pollution due aux civilisations disparues des temps passés. Ainsi, la surface terrestre tendait désormais à être recouverte d’une forêt de bactéries géantes répandant des vapeurs empoisonnées, et où seuls vivaient des insectes. »

Cette forêt putride empêche tout homme d’y respirer à pleins poumons, sous peine de les voir réduits à l’état de moisissures en moins de cinq minutes. Pour circuler dans la mer de la décomposition, tout humain est obligé de porter un masque. Seuls les insectes qui y vivent sont capables de respirer l’air vicié d’un tel environnement. Cette forêt est née peu après la disparition des anciennes civilisations. Elle en est même la conséquence. Cette mer ne cesse de s’étendre jusqu’à engloutir des pays. Si cela continue, le continent risque d’être entièrement englouti en cent ans. Cette extension amène à des tragédies. La population humaine diminue dans tous les pays et les enfants meurent en bas-âge.

Face à ça, beaucoup de gens sont convaincus que cette mer répand ses miasmes empoisonnées. Certains, dont les prêtres dork, pensent qu’il s’agit là d’un châtiment divin. Nausicaä prouvera cependant rapidement à Yupa que ce n’est pas la forêt elle-même qui est polluée mais bien le sol lui-même. La mer de la décomposition est en réalité une forêt bactérienne terminale (qui est arrivée à la fin de toutes ses mutations). Elle est constituée de trois strates : la zone en activité, la strate fossilisée et la cavité souterraine. La forêt cristallise les poisons de la terre avant de se pétrifier pour finalement s’effondrer sur elle-même. Elle est là pour purifier le sol pollué par les civilisations des temps anciens.





Les ômus


« J’aime les ômus. A mes yeux, ils sont les êtres vivants les plus grands et les plus nobles au monde. » Nausicaä

Les ômus sont les plus grands insectes de la mer de la décomposition. Ils ont la carapace très dure et ont quatorze yeux. Certains hommes considèrent ces êtres comme sacrés. Ces derniers peuvent être considérés comme les gardiens de la forêt. Ils sont là pour maintenir l’équilibre de l’écosystème. Tout dépassement, toute violence humaine sont sévèrement réprimés par les ômus. La colère de ceux-ci s’abat sur tout agresseur. Leurs yeux rougeoient comme des rubis. Ils brûlent de colère. Par contre, si on les respecte, on peut éventuellement puiser dans les ressources de la forêt. Ainsi, les armuriers de la Vallée du vent peuvent utiliser une mue d’ômu dans l’objectif de construire du matériel, des habits ou des outils. Encore faut-il avoir de la chance.

Nausicaä possède d’ailleurs un lien particulier avec eux. Elle les aime énormément, et les ômus le lui rendent bien. Elle peut communiquer avec eux et voir potentiellement dans leurs cœurs. La fille du vent apprendra assez vite que les ômus sont en partance vers la forêt du sud. L’une des motivations de la jeune héroïne sera de savoir la raison qui pousse ses insectes à aller vers le sud.





Les autres insectes


Il existe d’autres races d’insectes au sein de la mer de la décomposition. On peut citer par exemple les yanmas royaux, des sortes de libellules géantes. A part cela, Hayao Miyazaki ne précise pas davantage l’existence des autres espèces.

L’auteur insère dans son récit l’existence des chevaux-oiseaux et du renard-écureuil. Deux rares animaux à ne pas être des insectes. Sur une terre aussi aride et néfaste, les mammifères sont en somme maudits. Les humains sont aussi des mammifères… Sont-ils également condamnés ?

 « Sur cette terre-ci, il n’y a ni batailles éclatantes, ni esclaves. On n’y trouve que des tempêtes de sable répandant la ruine et une forêt putréfiée grouillant d’insectes. » Kushana


Nausicaä et Kushana, deux femmes fortes liées mais opposées


Dans un univers post-apocalyptique et paternaliste, ce sont finalement deux femmes qui vont se révéler être la « solution » aux différents maux. La première est le futur chef de clan de la Vallée du vent. La seconde est la princesse guerrière de l’Empire Tolmèque. Opposées, ces deux femmes vont pourtant se lier d’amitié.


Nausicaä de la Vallée du vent


« Je suis Nausicaä, fille de Jill de la vallée du vent ! »

Nausicaä est l’une des héroïnes les plus complexes et accomplies de Miyazaki. A la fois simple et compliquée, c’est une jeune fille au caractère paradoxal (difficile de ne pas faire le parallèle avec Gally, l’héroïne de Gunnm). En somme, insaisissable comme le vent.  Pour la comprendre, il faut se laisser transporter par la brise qui nous guide jusqu’à ses origines.





Nausicaä est la seule survivante des onze enfants qu’a eus Jill. Depuis toute petite, elle a appris à maîtriser le vol au vent par l’intermédiaire de son moeve. C’est un appareil qui lui permet de voler sur le vent lui-même et non de le fendre comme le gunship. Elle a également un contact très fort avec la nature, plus particulièrement avec les ômus. C’est à un tel point que l’on pourrait confondre son caractère avec celui d’un ômu : noble, sensible mais capable de se mettre dans une fureur noire face à une injustice. Sous le coup de la colère, elle n’est plus elle-même. Elle ressemble à un ômu brûlant d’une rage destructrice. S’en rendant compte, Nausicaä aura rapidement peur de la haine terrifiante qui dort en elle et qui échappe à son contrôle. Mais c’est cette alchimie qui fait tout le charme de la jeune fille du vent. Cette alchimie profonde de douceur et d’intrépidité qui l’amène à bouleverser les gens qu’elle rencontre. Elle n’hésitera pas à venir à la rescousse d’un bébé ômu blessé suspendu à une jarre volante, d’un soldat tolmèque ayant respiré des spores virulentes, … C’est une femme d’action dont le regard est fixé dans le lointain. Elle est éprise des arbres, parle aux insectes et appelle le vent, tel un oiseau.

 Ce sont quelques éléments de réponse qui nous permettent d’un peu mieux saisir la femme extraordinaire qu’est Nausicaä. Pour le reste, il est difficile de saisir qui elle est vraiment. Elle est bien des choses. C’est une femme, un chef, une mère, une amie, une élue, une messagère, une fille, une héroïne, une déesse pour certains, … Seul le lecteur pourra se faire une idée de sa réelle identité. Peut-être qu’elle est juste capable de toucher le cœur des gens, de toucher leur humanité.

 « Et l’élu, vêtu de bleu, viendra à vous, descendant un champ d’or pour renouer le lien à la terre que nous avons perdu. »


Kushana, la princesse tolmèque


« Nausicaä, suis donc ta propre voie. C’est un choix de vie exaltant. Quant à moi, je suivrai mon propre chemin sanglant. Une voie maudite, qui me fera m’entretuer avec mon père et mes frères. »

La princesse Kushana est la quatrième fille de l’Empereur Vuh. Elle est en très mauvais termes avec son père et ses trois frères. C’est un fin stratège et une véritable commandante de ses troupes. C’est même elle qui a formé bon nombre de troupes impériales. Ses hommes lui vouent une très grande loyauté. Kushana le leur rend bien puisque son plus grand intérêt est le bien-être de ses hommes. Elle est même prête à faire couler le sang. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée la sorcière blanche tolmèque. Elle sait se montrer implacable et froide. Mais on aurait du mal à le lui reprocher. Elle vit en effet sous la menace permanente d’être tuée par ses proches de sang et ce, depuis sa plus tendre enfance. Elle en a pris conscience dès l’instant où sa mère a perdu l’esprit après avoir bu le verre destiné à sa fille. Ce même verre qui a été empoisonné par son père. C’est depuis ce jour-là qu’elle ne pense plus qu’à la vengeance.

C’est au contact de Nausicaä que sa vision va quelque peu s’élargir pour mieux comprendre ce qu’il y a autour d’elle. Tout en considérant le bien-être de ses hommes, elle apprendra à faire confiance et à s’ouvrir aux réels maux de son monde. La violence et/ou la vengeance ne sont pas forcément le chemin le plus sûr pour réaliser ses objectifs véritables. Un jour, elle osera même chanter calmement, tandis que les insectes déferlent leur colère sur ses hommes. Ce jour-là, elle comprendra profondément l’un des secrets de Nausicaä : « C’est effroyable… Brûler toute sa colère ni par le mépris ni par le ressentiment… seulement par la tristesse ». Cette même tristesse qui permet de ne pas se faire attaquer par les insectes. Cette même tristesse qui permet d’abandonner toute peur et toute haine.





Bien que Kushana soit l’ombre de Nausicaä, elle n’en reste pas moins son égal. Il s’agit même de la seconde héroïne de l’œuvre.

Tout cela nous démontre que l’on a affaire à deux femmes aux destinées exceptionnelles mais terriblement tristes et fatales. Deux femmes qui font de Nausicaä une œuvre complexe, complète et toujours d’actualité.
  
  
  


© Hayao Miyazaki / Nibariki / Tokuma Shoten

Commentaires

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puyo

De puyo, le 25 Septembre 2018 à 13h50

20/20

Un chef d'oeuvre, très bon dossier.

Dracnard

De Dracnard, le 11 Mars 2017 à 14h42

18/20

J'ose espérer que cette oeuvre d'ici les prochaines décennies pourra bénéficier d'une nouvelle adaptation animée (REMAKE/REBOOT) beaucoup plus fidèle et approfondis créé par de talentueux studios tels que CoMix Wave ou encore Ponoc à la somptueuse pâte artistique qu'il lui collerait harmonieusement. T^T

Gutsberserker

De Gutsberserker [639 Pts], le 10 Mars 2017 à 19h58

18/20

Une oeuvre magistrale, que j'ai dévoré il y a quelques années! Un must read ;) 

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