Mitsuko Attitude

Une série d'actualité

 
 
Avec Mitsuko Attitude, Akata poursuit dans sa ligne éditoriale de séries abordant des sujets d'actualité et proposant des visions différentes des choses. En prenant pour thème la santé sous toutes ses coutures, et à une époque où des plaies comme le cancer et la malbouffe font le sel des lobbies médiatiques, pharmaceutiques et alimentaires avec tout ce que ça implique de grands enjeux financiers, la série de Mamoru Kurihara tombe évidemment en plein dans l'actualité et nous propose des alternatives plus saines.

Ainsi, Mitsuko Attitude a la grande qualité de nous offrir une vision orientale de la santé, héritée de pratiques ancestrales. Là où les occidentaux ont pour habitude de se soigner une fois qu'ils sont tombés malades, la série de Mamoru Kurihara nous présente une conception asiatique des choses : mieux vaut prévenir que guérir, comme le dit le dicton. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas malade qu'on est en bonne santé, il ne faut pas commencer à prendre soin de son corps une fois qu'on est malade, et c'est au jour le jour qu'il faut faire ce petit effort d'attention pour ne pas se laisser bouffer d'un seul coup par les problèmes de santé.
Pour cela, il y a des choses simples. Faire quotidiennement attention à son alimentation et à ses habitudes sans pour autant se priver drastiquement de ce qu'on aime. Profiter des simplicités de la vie pour se détendre et ne pas se laisser envahir pas les nombreuses sources de stress du quotidien qui nous sont sans cesse rabâchées par les pressions du travail et des médias. Une sorte de retour aux sources à une époque où toutes sortes de problèmes nous rongent, c'est aussi ça que Mitsuko Attitude entrouvre.

Pour conclure cette petite partie, rien de mieux que ce petit message de Bruno Pham d'Akata, trouvé sur le forum du site Club-shôjo, et qui mérite bien une mise en avant tant il fait ressortir l'aspect très actuel de Mitsuko Attitude et soulève l'intérêt des alternatives proposées par la série de Mamoru Kurihara face à certains problèmes :
"Le problème dans les sociétés modernes civilisées d'aujourd'hui, c'est que le sujet de la "santé" est compliqué... La santé, c'est relié au pharmaceutique, donc à la chimie et aux grandes industries (et au pétrole). Il n'y a plus aucune objectivité à ce sujet, et les enjeux financiers sont énormissimes. Vous savez quoi ? ben, j'ai fait des études de chimie, à la base. Et les 4/5 des médicaments courants viennent... du pétrole !!! Eh oui, quand on avale un médicament, on avale un dérivé du pétrole. En réalité, la baisse du pétrole mondiale pose des problèmes bien plus cruciaux que la simple "essence" pour se déplacer. C'est pas pour rien qu'en ce moment, les grands groupes sont en train d'essayer de développer plus de médicaments à base de plantes, et tentent de piller le savoir de populations qui n'ont pas oublié leurs traditions ancestrales. C'est hélas la même chose pour l'alimentation : les lobbys de l'industrie agroalimentaire faussent complètement le débat. A moins d'être un expert en la matière, impossible de savoir qui a tort, qui a raison..."
   
  
  
 
 

Alternance des ambiances

 
 
On a déjà souligné l'importance de l'humour cracra au début de la série, puis la façon dont celui-ci passe ensuite au second plan. En fait, au fil des tomes, on constate que Mamoru Kurihara fait constamment évolue le ton de sa série, pour mieux soutenir son propos. Propos qui, nous le verrons, est loin de se limiter aux simples conseils de santé.

Ainsi la série commence-t-elle comme un manga d'humour extrême, très pipi-caca et irrévérencieux, qui permet de mettre en place les choses de manière amusante et pas pesante, avant d'évoluer assez rapidement vers quelque chose un peu plus axé tranche de vie, où l'on suit un peu le quotidien de Mitsuko, partagée entre sa vie de famille et et sa vie au lycée.
D'un côté, on la voit s'intégrer chez les Shisui, se faire à leurs pratiques, tenter avec eux des choses de tous es jours, comme faire la cuisine, ce qui lui vaudra évidemment quelques leçons.
De l'autre côté, on suit un peu sa vie de lycéenne, aux côtés de ses copines, puis de Naruto.

Tout naturellement, l'intérêt pour Naruto s'éveille chez Mitsuko au fur et à mesure qu'elle le découvre, jusqu'à la naissance de véritables sentiments. Débute alors l'indispensable romance. La série n'oublie jamais son thème de la santé, comme le prouvera par exemple les tentatives de Mitsuko de faire changer les habitudes de Naruto, et reste d'ailleurs bourrée d'humour et légère grâce à la confrontation de valeurs culinaires entre les deux amoureux, mais l'heure est alors à une ambiance un peu plus romantique, digne de nombreux shôjo, avec un héros qui se dévoile peu à peu, une héroïne qui découvre l'amour et les premiers baisers avec un peu de maladresse, et les prémisses d'un triangle amoureux qui heureusement ne prendra jamais trop de place (il est juste esquissé, de sorte à ce qu'on le devine). Une romance fraîche, légère et qui sonne vrai.

Et c'est finalement à partir de là, quand tout semble rouler pour le mieux, que la mangaka enclenche son dernier changement brut, quand un drame soudain et insondable vient plonger personnages et lecteurs dans une ambiance tragique et très réaliste, avec à la clé une vraie leçon de vie.

Cette évolution dans les ambiances est réellement appréciable, car elle varie les plaisirs et, surtout, est construite autour d'une vraie logique. L'humour extrême des débuts plante bien le décor, l'aspect quotidien et l'arrivée de la romance permettent d'approfondir un peu les personnages et de mieux s'attacher à eux. Et si l'on pouvait avoir peur que l'aspect romantique fasse retomber la série dans la banalité, on constate rapidement qu'elle ne s'étire pas plus que de raison et qu'elle a parfaitement servi à amener de façon percutante la dernière ligne droite de la série, à partir de la toute fin du tome 5.