Mitsuko Attitude

Mimi Cracra

 
 
L'une des premières choses qui frappent quand on lit le premier volume de Mitsuko Attitude, c'est son humour particulier, assez extrême.

Lorsque la série est arrivée en France, Akata la compara volontiers à Switch Girl, pour le même penchant qu'ont Natsumi Aida et Mamoru Kurihara pour faire dans l'humour irrévérencieux et un peu crade, et la comparaison trouve effectivement une justification dans le début de la série.
Là où Switch Girl déballe avec un humour sans retenue les secrets bien gardés et parfois inavouables des adolescentes d'aujourd'hui, Mitsuko Attitude se fait un plaisir de dévoiler des méthodes pour rester en bonne santé, de présenter des moyens méconnus d'entretenir son hygiène de vie, avec le même type d'humour : franc, qui donne l'impression de pouvoir tout oser.
Car Mamoru Kurihara ose effectivement aller assez loin, en réalité surtout dans le premier volume, en confrontant subitement et assez brutalement Mitsuko à un mode de vie qui n'est pas du tout le sien. Ainsi, l'une des premières images "santé" fortes qu'aura la jeune fille sera en surprenant son oncle les fesses à l'air, un tuyau enfoncé dedans, en train de se faire tranquillement un lavement. Plus loin, elle découvrira que son cousin boit sa propre urine. Et quand la petite Anju lui déballera ses problèmes digestifs en lui faisant remarquer son caca puant, notre héroïne se retrouvera à aller renifler les excréments sans odeur du chien Petit Four pour comparer. Beaucoup de chocs en peu de temps !

Sur le coup, il y a de quoi être rebuté si l'on n'aime pas l'humour pipi-caca, très présent dans le premier volume. Mais si vous êtes de ceux que l'humour du tome 1 a rebuté ou risque de rebuter, rassurez-vous, car dans les volumes suivants, Mamoru Kurihara n'abandonne pas l'humour mais atténue le pipi-caca. Et si la mangaka donne beaucoup là-dedans au début de la série, on constate que c'est surtout dans un but bien précis : marquer de façon considérable le premier choc de Mitsuko quand elle découvre les pratiques de sa nouvelle famille, pratiques pas forcément courantes dans nos régions, ou que l'on n'a en tout cas pas l'habitude de voir déballées.
On a  un humour irrévérencieux, également porté par les réactions extrêmes de Mitsuko, qui est surtout là pour souligner l'aspect extrême que peuvent avoir les pratiques de la famille Shisui au premier abord, quand on ne les connaît pas encore. Hygiène de vie "extrême", humour extrême, réactions extrêmes : tout colle. Mamoru Kurihara a choisi la solution de l'humour crade surtout pour introduire son sujet, pour qu'il ne soit pas trop lourd à lire et n'apparaisse pas comme donneur de leçons, et l'on peut se dire qu'il s'agissait sans doute de l'une des meilleures manières d'introduire les choses sans paraître trop pesant L'humour très pipi-caca des débuts passé, on sent que les choses sont bien mises en place, que comme Mitsuko on est désormais prêt à découvrir sans choc d'autres secrets de santé. Tout simplement, que l'on est désormais dans de bonnes conditions pour découvrir la suite des festivités.
    
 
     
      
 

Petit cours de santé

 
 
On peut alors se plonger pleinement dans le sujet-phare de la série, à savoir la santé, au gré des nombreux conseils et idées que Mamoru Kurihara dissémine de manière convaincante, et se basant de façon habile sur ses différents personnages.
Dans un premier temps, on constate que chaque personnage véhicule l'un des ces conseils, et permet d'en apprendre plus sur des façons parfois très différentes de préserver sa santé. Ainsi, par exemple, l'oncle de Mitsuko est l'occasion de découvrir la pratique des lavements intestinaux, tandis que Chôsuke, adepte de l'urinothérapie (l'acte de boire sa propre urine), nous permet d'en apprendre plus sur cette pratique, même si l'on pourra regretter que ce sujet soit l'un des moins abordés de la série, puisqu'il reste surtout un facteur d'humour dans les débuts de la série. Mais l'urinothérapie reste néanmoins bel et bien mise en avant, et se voit surtout explicitée sur la couverture du tome 3, qui la présente clairement en nous expliquant que dans diverses civilisations, cette pratique est reconnue pour ses bienfaits thérapeutiques sur l'hygiène de vie et les défenses immunitaires.
De son côté, un personnage comme Anju permet surtout d'insister sur différentes idées. La fillette, qui n'a pas la langue dans sa poche, permettra donc à Mitsuko d'avoir plus de précisions sur les vertus du café dans les lavements intestinaux, où sur le fait que l'odeur de ses excréments sont un témoin que quelque chose ne va pas.
De son côté, la tante permettra à notre héroïne d'en apprendre plus sur la digestion, sur les enzymes, sur la difficulté de digérer tel ou tel aliment (la digestion de certains aliments trop lourds équivalant pour l'organisme à courir un semi-marathon !).
Quant à Naruto, il permet de mettre en avant l'influence de la junk food, du tabac et des médicaments sur la santé.

Je ne cite que quelques exemples de façon artificielle pour ne pas gâcher la lecture sur les nombreuses découvertes de Mitsuko, mais il sera aussi question de testing musculaire et de la place des fruits dans l'alimentation (par exemple, contrairement à ce que l'on pourrait croire, il est conseillé de ne pas manger les fruits après les repas, pour des raisons que je vous laisse découvrir en lisant la série), de l'intérêt des smoothies et des jus d'herbes. Là-dessus, en prenant exemple sur une réalité toute bête que certains ont peut-être déjà observée (en tout cas, c'est mon cas) : peut-être vous êtes-vous déjà posé des questions en voyant votre chien manger des brins d'herbe. Ici, vous aurez quelques informations à ce sujet, quant aux vertus purificatrices de cette pratique. De cette manière, à plusieurs reprises, Mitsuko Attitude peut nous éclairer sur certaines choses que l'on a déjà pu observer, si bien que l'intérêt de la série devient certain dans son rapport à la réalité.

Ainsi les informations s'enchaînent-elles, sans jamais paraître lourdes, car la mangaka parvient à bien les disséminer sans insister lourdement dessus, en utilisant à bon escient ses personnages. Et, surtout, sans jamais se faire moralisateur, ce qui aurait rendu la lecture pesante. Tout au long de la série, la mangaka met en avant différentes pratiques pour entretenir sa santé, soulève divers problèmes et souligne certaines idées reçues non fondées, mais elle n'impose rien et n'accuse personne. Elle se contente d'ouvrir des pistes, de proposer des choses, avec pertinence, en se basant sur ses personnages et sur l'évolution d'une héroïne qui a la grande qualité d'être ouverte d'esprit.