Mes chères filles - Actualité manga
Dossier manga - Mes chères filles
Lecteurs
19/20

La haute société entre paillettes et noirceur

 
 
Comme on l’aura déjà souligné précédemment les personnages de Mes chères filles sont librement adaptés du roman Les quatre filles du Dr March de Louisa May Aleott. Normalement, l’histoire originale se passe dans l’état du Massachusetts aux États-Unis pendant la guerre de sécession. L’auteure a préféré contextualiser son action en Angleterre. De prime abord, certains se demanderont les raisons d’un tel choix. D’un autre côté, le fait que l’auteure ait expressément choisi un autre contexte que celui de l’œuvre originale lui permet de s’affranchir des structures déjà établies et de libérer sa propre imagination de la vie des quatre filles March. Il nous sera alors indispensable de s’intéresser à l’univers créé spécifiquement par la manwhaga. Bien que l’on ait affaire à une fiction, il ne faudra pas oublier non plus que l’ouvrage s’inspire directement du contexte historique de l’époque victorienne, tout en mettant pas mal d’éléments fictifs à côté de cela.

1870, Londres. Une époque où la révolution industrielle et l’impérialisme sont en pleine effervescence, cela n’est donc pas pour rien qu’on surnommait à cette époque le Royaume-Uni "le pays où le soleil ne se couche pas". En pleine période victorienne, on s’attachera plus particulièrement au quotidien de la famille March, et notamment à leurs quatre enfants. Les parents ont fait fortune dans le domaine du commerce, voyageant d’un bout à l'autre du monde. Malgré l’absence des parents, cela n’a guère empêché leurs filles de vivre confortablement et de cultiver leurs talents dans les diverses matières comme de parfaites petites bourgeoises. Et quelle meilleure façon d’approfondir les connaissances des progénitures de la haute société que de les envoyer dans une institution totalement adaptée à cela. Ainsi, tous les enfants March passeront par l’institut « Princesse », une pension privée prestigieuse et inscrite dans l’histoire et la tradition. Seuls les enfants issus de la haute société victorienne fréquentent un tel établissement. Les privilèges peuvent aller très loin dans ce genre d’école, l’un d’eux est de permettre aux élèves en dernière année ou issus de familles socialement élevées d’avoir droit à une résidence privée. Toutefois à côté de tous ses privilèges de classes, ce genre de milieu rime aussi avec discipline, traditions et hiérarchie, pour le pire comme pour le meilleur. Des concepts que l’avant-dernière fille des March, Beth, a du mal à respecter. Et le fait qu’elle n’ait pas de prédisposition particulière, voire aucune, n’arrange en rien sa place dans la haute société. A l'inverse, ces autres sœurs ont toutes des talents exceptionnels, que ce soit Meg et les langues, Jo et l’escrime ou encore Amy et sa culture générale.
 
 
 
 
 
La première fois que l’on découvre « Mes chères filles », le monde qui s'offre devant nous paraît bien ordonné, propre, construit par des règles strictes et des coutumes de bienséance perpétrées depuis des générations, permettant au bienséance et à l'étiquette d’émerger. « Il ne faut pas faire de bruit en buvant, même si le thé est chaud. Il faut éviter également de faire du bruit en tournant la cuillère dans la tasse, sinon cela devient très impoli. Lorsque vous présentez une tasse à quelqu’un, l’anse doit se trouver sur votre droite ». On peut encore citer le privilège réservé aux candidates présélectionnées pour le titre d’Estelle (= titre désignant la présidence au conseil des élèves) : chacune des trois prétendantes au titre arrive dans la salle de bal au bras d’un cavalier pour être officiellement présentée à la bonne société. Des petits exemples parmi d’autres règlements de conduite qui illustrent l’ordonnancement dans lequel vit la haute société. Beaucoup de gens de nos jours rêvent de pouvoir une fois dans leur vie observer un tel milieu, tellement celui-ci qui paraît enchanteur et dénué de tout souci. Un endroit où on ne doit plus se soucier des problèmes d’argent, où l'on peut acquérir tout ce que l’on désire… Un monde de paillettes en somme. Pourtant au fur et à mesure que l’on avancera dans le récit, le lecteur s’apercevra que cet univers est loin d’être aussi merveilleux qu’on ne le pense. Au contraire, Kim Hee-Eun nous montrera que le faux semblant et la fourberie telles des ombres sont bel et bien présents. Et au plus cela rayonne, au plus cette ombre s’épaissira à son tour.

On connaît bien évidemment certains cas de figure typiques qui existent encore dans nos propres sociétés. On peut par exemple citer le principe des compliments qui fusent devant la personne concernée mais une fois son dos tourné, place aux critiques des plus venimeuses. Meg, talentueuse professeure, sait de quoi il en retourne mais sa force mentale ainsi que son éducation lui ont permis de rester indifférente et fière en toute circonstance. Toutefois, c'est oublier que tout milieu a ses propres démons, il existera toujours des inégalités et des injustices dans toute société. Le récit de Mes chères filles va nous montrer de son côté les propres cruautés et iniquités de son époque, et plus précisément dans sa haute société, sans pour autant oublier de mettre en exergue la condition difficile de la population d’origine modeste. On pense ici au cas de Greg que l’on développera davantage par la suite mais qui, quoiqu’il fasse, ne pourra jamais atteindre les hautes sphères du monde dans lequel il évolue. De manière générale, le destin de Greg n’est qu’un parmi d’autres. Effectivement, cette tranche de la population est condamnée à se satisfaire contre son gré de son statut  et à avoir recours à des méthodes radicales telles que se jeter sous une voiture pour gagner une maigre pitance. Cela n’enlève cependant rien à la difficulté d’évoluer dans la haute société dont on parlait précédemment.
La meilleure illustration de cet état de fait est probablement le cas d’Adrien Aybury au sein de sa famille. En effet, la famille de celui-ci a une énorme influence au sein de la haute société, on pense notamment à la donation plus que généreuse dédiée à l’établissement Princesse. Cette volonté de contrôle se ressent également à travers la mainmise qu’a le patriarche de la famille Aybury sur son unique fils, Adrien. « Tu dois viser l’excellence en tout, Adrien. (…) Prouve-moi que tu es digne d’être mon héritier ». Et c’est lorsqu’il sent son emprise faiblir qu’apparait au grand jour la dureté de ses convictions. « La folie frappe l’esprit de l’enfant mais c’est le fouet qui disciplinera l’enfant », telle est la devise éducationnelle du père d’Ed. Ce dernier, blasé par ce monde sordide où règne le faux-semblant, s’est réuni avec Leonora sous une promesse commune, sans pour autant se rebeller outre mesure. Au contraire de Beth qui est en quelque sorte l’incarnation de celle qui s’oppose à toutes ces normes vieilles et figées qui paraissent plus du simulacre que du bien vivre de la bonne société.
 
 

Dear my girls © 2007 by Kim Hee-Eun / Seoul Cultural Publishers, Inc.

Commentaires

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MirandaBarma

De MirandaBarma [76 Pts], le 15 Décembre 2013 à 16h06

Ce magnifique dossier m'a donné (comme à d'autre j'ai cru voire ;) ) l'envie de lire cette série ! 

StrawberryFruit

De StrawberryFruit [629 Pts], le 23 Novembre 2013 à 13h11

19/20

Je ne connaissais pas ce manga mais à lire le dossier j'ai très envie de le lire ^^

kyllie

De kyllie [176 Pts], le 06 Avril 2013 à 12h38

19/20

Super dossier ! :D Je suis ravie de voir un dossier sur cette série qui malheuresement n'est pas très connu ! J'espère que lorqu'e ce dossier sera lu il donnera envie en tout cas moi J'aime ! x)

Cycy la vache de l'espace

De Cycy la vache de l'espace, le 19 Décembre 2012 à 15h33

19/20

Je ne m'attendais pas à découvrir un dossier sur "Mes chères filles" (injustement assez méconnu en France), et qui constitue pour moi une (très) excellente série. Merci d'avoir mis ce titre en lumière. ^^

Alixa90

De Alixa90 [584 Pts], le 09 Décembre 2012 à 12h19

Bon dossier la serie a lair bien ^^

peace

De peace [244 Pts], le 07 Décembre 2012 à 13h36

Ce dossier ma encore plus donnée envie de cette serie alors merci beaucoup pour se dossier .

Shaedhen

De Shaedhen [777 Pts], le 03 Décembre 2012 à 10h27

Voila un dossier qui donne envie de découvrir la série, même si ce n'est pas vraiment mon genre favori à la base !

 

titali

De titali [2269 Pts], le 02 Décembre 2012 à 11h48

Il est vrai qu'il est devenu difficile de trouver la série de Mes chères filles mais je voulais en partie faire ce dossier pour que les gens n'oublient pas cette série, qui risque bien d'ici un an ou deux d'aller dans les oubliettes. En somme, on peut résumer ce dossier à une sorte d'hommage!;)

Setzer

De Setzer [642 Pts], le 02 Décembre 2012 à 05h00

J'avais envie de commencer cette série, mais l'editeur Clair de Lune est loin d'etre fiable (plannings jamais respectés, qualité douteuse, etc), et de plus, certains tomes sont deja en rupture de stock.

akiko

De akiko [5480 Pts], le 30 Novembre 2012 à 16h26

Merci pour ce dossier!

Si je dois faire la série j'attendrai qu'elle se termine en France.

Vickylartiste

De Vickylartiste [375 Pts], le 30 Novembre 2012 à 14h33

19/20

Super dossier ! J'ai très envie de lire ce manga maintenant -^^-

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