Mask Girl

Un divertissement hyper efficace

Si la série a autant cartonné sur Netflix, c'est bien évidemment pour ses nombreux retournements de situations, sa construction ainsi que son rythme, très soutenu. La première chose qui m'a interpellée lors de mon visionnage, c'est le générique. La musique est tout de suite très perturbante, comme le sont les visuels. Et au début, on ne sait pas trop vers quoi cela va partir. On sent bien que le stream de Mo-Mi est suivi presque exclusivement par un public masculin qui vient chercher des moments un peu coquin. C'est pour ça qu'ils font des dons. On en aura d'ailleurs la confirmation dans l'épisode 2 (mais on y reviendra après). Mais à part ça, on sent que Mo-Mi cherche surtout à être aimée des autres, malgré son visage « repoussant » selon les codes coréens. Elle cherche l'affection de son supérieur, qui est marié mais surtout trop occupé à mater des photos de lui torse nu au travail. Puis, Mo-Mi découvre qu'il a une aventure avec la petite jeunette de l'équipe, qui s'en sort toujours grâce à son physique. Et là, c'est le début de la déchéance pour la jeune femme. Ivre, elle fait un stream où elle se déshabille devant son public, et son compte est bannie. Puis elle reçoit une photo d'elle en tenue d'Eve d'un anonyme qui semble l'avoir reconnu. Et alors qu'un de ces internautes l'invite à sortir, elle découvre encore que son visage lui fait obstacle : le jeune homme veut coucher avec elle, malgré le fait qu'il trouve son visage repoussant. Une dispute éclate, et c'est alors le début de la fin.

Si l'épisode 2, où l'on suivait Oh-Nam, le collègue de Mo-Mi, annonçait le changement de ton dans la série, c'est bien cette dispute qui va nous faire plonger dans l'horreur. Déjà, c'était vraiment glaçant de suivre Oh-Nam, incapable de prononcer le moindre mot à une vraie femme, qui se réfugie sur internet et devient un fan inconditionnelle de Mask Girl. Il n'a aucun ami, aucune relation sociale dans la vie réelle, excepté sa mère, alors quand il découvre que Mo-Mi est Mask Girl, il va essayer d'attirer son attention. Et quelle meilleure façon de le faire qu'en lui envoyant une photo d'elle nue, en Mask Girl ? (technique de drague imparable).

Il n'empêche que quand Mo-Mi pense avoir tuer son « rencard », elle appelle son collègue qui l'avait mise en garde. Et lui, par « amour » pour elle, va se débarrasser du corps. En le découpant en morceaux et en le mettant dans son frigo. Si si.

Dans cette série, tout part toujours très vite dans l'extrême, on ne va pas se mentir. Et je vous avoue que je n'ai jamais eu la moindre once de sympathie pour Oh-Nam, même s'il ne méritait pas de mourir. C'était typiquement un « incel », vivant presque dans une réalité différente de celles des autres personnages. La scène où il s'imagine Mo-Mi le remercier au bureau était à vomir. A côté de ça, malgré les choix de Mo-Mi très discutables, j'ai immédiatement ressentie de l'empathie pour elle. Elle a subi de nombreuses choses dans sa vie, et c'est plutôt sa réaction à un trop plein qui est condamnable. Et c'est pourquoi je trouve d'autant plus injuste la haine de Kyung-Ja envers elle.

Kim Kyung-Ja est la mère de Oh-Nam, et quand celui-ci disparaît, elle part à sa recherche. Elle découvre l'intérieur de l'appartement de son fils avec des policiers (glauque au possible l'endroit), dont le frigo avec le corps. Et à aucun moment, elle ne se pose de question sur son fils, et reporte tout sur le dos de Mo-Mi. Et bon, son histoire est d'autant plus ironique quand, des années plus tard, elle continue de tout faire pour se venger de Mo-Mi, en se rapprochant de sa fille Mi-Mo, qui est également la fille de son « Oh-Nam chéri ». Donc sa petite -fille. Je me suis demandée tout du long quand elle le découvrirait, et finalement, ça n'est jamais arrivé.

Pour vous faire un petit résumé : le premier épisode est une sorte de drame social, le deuxième nous plonge dans l'horreur et l'angoisse. Dans le troisième épisode, on est parti dans un thriller, dans le quatrième, une chasse à l'homme tandis que les trois derniers, on alterne entre série carcérale et drame familiale et scolaire, avec la question du harcèlement. Et tout ça, dans une seule série, en gardant énormément de cohérence. On a donc un produit fini vraiment original, prenant et surprenant surtout. Et le fait que la série soit assez courte est vraiment en sa faveur. Comme ça, on a pas le temps de s'ennuyer, de se dire que ça fait trop. On est vraiment sur une mini série très efficace et de qualité, qui a su nous offrir un très bon divertissement, et je pense que la série me restera longtemps en tête.