Dossier manga - Love to Hate You

Un propos malgré tout d'actualité et important


Malgré ce ton et cette mise en scène somme toute assez ridicule, « Love to hate you » nous parle avant tout de la cause féminine, et notamment de la société coréenne hautement patriarcale. On le voit incarné par le père de= notre héroïne, qui n’accepte pas la moindre rebiffade de sa fille, mais également de sa compagne. Il voit chaque prise de confiance des deux femmes comme une atteinte à son honneur, à sa petite fierté mesquine. Le personnage n’est peut-être pas très présent dans la série, mais son ombre est toujours plus ou moins présente, notamment au dessus de notre héroïne.



Excepté le père de notre héroïne, on voit que loa plupart des autres hommes de la série ne vont pas vraiment contredire Yeo Mi-Ran. La première grande déception : l'ancien patron de notre héroïne qui semblait inoffensif, qui voulait même séduire la meilleure amie de cette dernière. Mauvaise pioche : il avait une fiancée dans sa campagne, qui va venir lui rappeler sa place. Quand elle intègre son nouveau cabinet d'avocat, elle y retrouve son ex qui l'avait trompée, en même temps qu'elle l'a trompé d'ailleurs. On se rend compte qu'elle arrive dans un cabinet s'occupant exclusivement d'égéries, et qu'elle n'a été engagé que pour une seule raison : une actrice en pleine affaire de divorce voulait une avocate, pensant que celle-ci la comprendrait mieux que les vieux grattes papiers qu'elle côtoie à longueur de temps. Si le personnage semble d'un premier abord très superficiel, on comprend rapidement que c'est une femme en souffrance. C'est un coeur d'artichaut qui a souvent fait confiance aux mauvaises personnes, et c'est le cas avec son mari actuel. Il va l'accuser de tromperie (alors que c'est lui qui l'a fait), il va ruiner son image et ses possibilités de carrière. Bref,rien de surprenant de la voir péter un plomb et finir en prison du coup, non ?   

Autre exemple de misogynie dans la série : et bien tout le cabinet d'avocat ! Excepté Mi-Ran, le cabinet ne compte que des hommes, sous prétexte que pour les stars, il faut être disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Et c'est bien connu qu'une femme ne peut pas vraiment l'être, n'est-ce pas ? Bon, pas de pot, Mi-Ran va leur prouver le contraire sans arrêt. Après tout, elle a un sacré caractère, elle est experte en arts martiaux, elle assume complètement son style de vie et sa sexualité... D'ailleurs, il est assez rare, dans un drama coréen (je précise), de découvrir un personnage féminin comme cela. Dans la plupart des comédies romantiques à la coréenne, les héroïnes restent assez stéréotypée : soit une jeune fille douce et rêveuse, soit au fort caractère, soit carriériste... Mais le point commun entre toutes ces "catégories" de stéréotypes, c'est qu'elles sont toujours fidèles en amour, et ce dernier est toujours primordiale. La différence avec Mi-Ran, c'est qu'elle voit ses relations amoureuses avec beaucoup de légèreté. D'ailleurs, plutôt que de l'amour, on devrait plutôt appeler ça des flirts. Elle aime s'amuser, papillonner. Elle a une vision des relations qui est normalement celle qu'on attribue aux hommes. Ce qui est une véritable hérésie pour les hommes coréens. Quand sa relation avec Gang-Ho prendra une autre tournure, et que son passé apparaîtra sur les réseaux, c'est cette manière de vivre qui sera critiquée. C'est assez paradoxale d'ailleurs, car les premières qui s'en révolteront, se seront les fans féminines de Gang-Ho, accusant Mi-Ran de l'avoir séduite, et de ruiner sa réputation. C'est d'ailleurs souvent le problème avec les stéréotypes de genres. On invite les gens à s'en défaire, mais s'ils le font trop, on estime qu'ils sont trop en dehors des clous. Un homme ne doit pas montrer sa vulnérabilité : Gang-Ho en fera les frais en tentant de cacher sa maladie envers et contre tous. Une femme doit rester à sa place : Mi-Ran se battra bec et ongles pour se défaire de se carcan autoritaire du patriarcat, en embarquant sa mère dans l'aventure.


D'ailleurs, autre point intéressant sur le mode de vie de Mi-Ran : comme elle se contente de papillonner, jamais aucune relation n'a été vraiment sérieuse, et on sent la société (parents, amis...) qui commence à la soumettre à l'injonction de se marier. Pourquoi, mais pourquoi est-ce que la question d'être mariée ne pose problème qu'aux femmes célibataires qui prennent de l'âge ? Et quand je dis ça, cela veut dire 25 ans et plus. Par contre, un homme célibataire qui plus de 30 ans, ça ne pose aucun problème. Hum. Je crois que nous avons encore quelques années de progrès à faire.



Même si ce drama est avant tout une comédie, il n'empêche que la cause des femmes est au coeur de son propos. Et je dirais même qu'il essaie de casser la plupart des stéréotypes de genre. Évidemment, on reste sur un ton bon enfant, mais c'est toujours sympa de voir ce genre de thématique au coeur de série assez grand public comme celle-ci.


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