Quand le ridicule ne tue plus...
Love to Hate You est un drama qui m'aura laissé une impression bien étrange. Ce n'est vraiment pas le meilleur que j'ai vu ces derniers temps, c'est évident, mais il me restera un moment en tête, c'est certain. Car c'est sans doute le premier drama a avoir réussi à me garder jusqu'au bout, alors que j'ai voulu l'abandonner plusieurs fois. Un sacré tour de force. Un véritable jeu d'équilibriste, en fait. Mais alors pourquoi ? Laissez-moi vous expliquer.
Dans ce drama, nous allons suivre l'histoire d'amour entre une jeune avocate croqueuse d'homme et d'un acteur qui les méprise. Enfin, c'est un peu plus compliqué que ça. Notre joli cœur ne supporte pas de toucher une femme, et Mi-Ran n’arrive pas à avoir une vraie relation sincère avec les hommes. Autant dire que la tâche s’annonce ardu pour nos deux protagonistes qui risquent fort bien de voir leurs propres sentiments les surprendre plus qu’autre chose…
Un postulat assez classique me direz-vous ? C’est vrai. Mais alors, qu’est-ce qui serait aussi clivant dans cette série ? C’est simple : le ton. Et le jeu d’acteur.
On sent vraiment que le jeu des acteurs est toujours sur le fil : celui du ridicule. Une fois sur deux, on a l'impression qu'ils ne jouent pas juste, et nous donne cette impression vraiment étrange de regarder un nanar. Au début, je me suis dit que les acteurs n'étaient pas bons, je n'en connaissais quasiment aucun. Mais, au fur et à mesure que l'histoire avançait, mon avis a changé, petit à petit. Car ce côté un peu "nanardesque" était un peu trop bien provoqué, et certains moments étaient vraiment drôles. A croire que... Cela était voulu. On sent que le réalisateur a voulu pousser ses acteurs à aller vers un humour "malaise". Petit exemple assez significatif : la scène finale où l'on retrouve nos deux couples qui se retrouvent pour aller boire un coup ensemble. Mi-Ran et Yeo-Eun sont interpelléEs par deux hommes d'un certain âge assez éméché. Leurs compagnons s'interposent, mais Mi-Ran décide quand même de les poursuivre. Et on assiste là à un scène surréaliste. On voit Mi-Ran partir en courant derrière les deux hommes, en criant de manière assez ridicule tandis que Gang-Ho la suit. Rien en va dans cette scène. On a d'abord le jeu assez exagéré des hommes alcoolisé, qui font des coeurs avec leurs doigts. On a Won-Jun qui s'énerve de manière disproportionné, avec le bruitage de rugissement qui se déclenche juste derrière ses cris. On a Na-Eun qui surjoue la demoiselle en détresse. Enfin, on a Mi-Ran qui s'énerve tout de suite, et si on y croit au début, la scène nous balance la scène de course poursuite la plus "lame" que je n'ai jamais vu en écran, avec des plans vraiment fait pour enlever toute idée de "badassitude" chez nos personnages pour garder une réalité assez... Triste. Mi-Ran hurle comme une dératée mais ne semble pas courir assez vite pour les rattraper, tandis que Gung-Ho la suit sans trop vouloir la rattraper. Cette scène est vraiment représentative de l'humour "malaise" présent dans toute la série. D'autant plus que la scène marche. Pour ceux qui, comme moi, consomme pas mal de contenus Twitch, cela vous parlera si je compare cela à l'humour de l'émission Zen. On est à peu près sur la même ligne. Le but ici est de créer une sorte de dissonance entre le jeu des acteurs, le scénario et la réalisation. Dans un drama ordinaire, cette scène nous montrerait Mi-Ran sur un plan rapproché, avec une musique épique, et on pourrait imaginer des effets spéciaux pour nous faire croire qu'elle court assez vite. Une sublimation de notre héroïne en gros. Ici, on a tout l'inverse. Et c'est le même genre de procédé qu'on retrouve sans cesse dans la série.
Là où le bât blesse, c'est que cet humour malaise ne marche pas toujours. Et cela nous donne une série en dent de scie, avec une blague sur deux ou trois qui ne marche pas. Et si la série vaut le coup d'oeil pour son originalité, l'exercice n'est malheureusement pas toujours concluant. Je vous conseille malgré tout de tenter l'épisode un, même si ce genre d'humour ne vous parle pas forcément, parce que vous êtes obligés d'y concéder tellement il peut être efficace. D'autant plus que la série parle quand même d'un sujet d'actualité: la misogynie systémique en Corée du Sud, et les violences faites aux femmes.
