L'île de Hôzuki - Actualité manga
Dossier manga - L'île de Hôzuki

La patte graphique du mangaka


Comme tout mangaka, Kei Sanbe a un style qui a évolué et qui a gagné en identité. Quand on le découvre en France avec Testarotho en 2003, on découvre un trait qui présente des similitudes avec son style actuel mais qui s’avérait encore imparfait. Il ne de démarquait pas vraiment et restait finalement sur une gamme de ce qu’on trouvait largement durant les années 90. Avec L’Île de Hôzuki, nous découvrons une patte différente, qui se rapproche davantage de ce que l’auteur propose désormais, avec Erased par exemple. Son coup de crayon s’est affiné, déformé et est maintenant reconnaissable entre mille, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant.

On le remarque notamment sur les personnages qui, dans le présent manga et dans les œuvres qui suivront, sont représentés sous des proportions très arrondies. Les corps sont très peu anguleux, ce qui confère à première vue une aura légère si bien que le style graphique de l’auteur se prête parfaitement à la comédie ou au récit scolaire. Néanmoins, dans L’Île de Hôzuki, il s’agit de représenter de la tension et de l’angoisse. L’expression flagrante des visages chez Kei Sanbe est son atout afin que son character-design s’adapte à l’œuvre, on se retrouve ainsi avec une palette de personnages aux mines particulièrement sombres quand le récit l’impose, ce qui créer un contraste avec les formes des personnages et correspond à l’ambiance horrifique que le titre cherche à représenter.

Le trait de l’auteur est ainsi modulable. Il paraît guilleret sur les premières pages mais peut aussi de révéler inquiétant. Dans la manière que le dessinateur a de représenter la gente féminine, en accentuant notamment certaines formes comme la poitrine et les fessiers, il inclut une touche d’érotisme, l’accentuant par une pointe glamour sur les faciès des personnages féminins. Kei Sanbe fait donc beaucoup de choses à partir de son coup de crayon, si bien qu’il semble difficile de lui imposer des limites visuelles.





Toutefois, comment l’auteur travaille l’ambiance oppressante de son récit à partir de son dessin ? Le travail sur les personnages est dominant chez le mangaka, dans cette optique. C’est même l’élément essentiel qui garantit le frisson dans L’Île de Hôzuki. Kei Sanbe ne fait pas semblant quand il cherche à présenter certaines figures sous un jour maléfique, notamment le psychopathe Kuwadate, ceci à travers des teintes d’ombre sur les visages qui fait son effet, permettant au lecteur de douter sur la nature de tout personnage et donc de le craindre. Car sur le plan de la mise en scène, l’auteur n’est pas spécialement audacieux. Ses cases sont joliment construites, insistant notamment sur les paysages qui donnent lieu à des vues sinistres comme les forêts baignées dans la nuit, et c’est là aussi sur des effets de noirceur que se jouera toute l’ambiance du titre. Le regard de l’auteur n’est donc pas forcément cinématographique, dommage pour un récit qui se rapproche beaucoup du film d’horreur.

Néanmoins, c’est sur les illustrations individuelles que l’auteur arrive à représenter l’angoisse de son titre. Les couvertures de L’Île de Hôzuki sont ainsi assez glaçantes et on trouve aussi dans chaque opus des illustrations, en couleur ou non, où l’artiste s’exerce à dépeindre l’horreur qui teinte son récit. Cela créé même une sorte de conflit avec son style habituel arrondi, aux allures paisibles.


Adaptation


Ki-oon a pour particularité de garder une constante dans l’édition de ses ouvrages en terme de fabrication. Comme souvent, nous retrouvons ainsi les agréables éditions au papier épais et à l’impression de qualité, garantissant des pavés plus volumineux que chez d’autres éditeurs et donnant une belle tenue en mains. Ki-oon n’oublie pas les pages couleurs systématiques à chaque début de tome, un petit plus toujours appréciable tant la colorisation donne une autre dimension au dessin de Kei Sanbe.

A la traduction, nous retrouvons le nom de David Le Quéré, un habitué de l’éditeur qui s’est chargé d’autres séries horrifiques comme Judge, mais aussi des thrillers comme certains de Tetsuya Tsutsui, ou encore le récent My Hero Academia. Tant d’œuvres aux registres différents qu’arrive à explorer M. Le Quéré, et force est de constater que son adaptation est ici efficace, en phase avec l’ambiance oppressante du titre. On pourrait peut-être reprocher un parler peu naturel chez les enfants mais ici, la faute reviendrait peut-être plus aux dialogues écrits par Kei Sanbe.
  
  
  


© Kei Sanbe / SQUARE ENIX

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