The Last Elf, le Salut des Esprits Vol.1 - Actualité manga

The Last Elf, le Salut des Esprits Vol.1 : Critiques

Saigo no elf

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 30 Juin 2025

Déjà connu en France pour son efficace adaptation manga de Skeleton Knight in Another World (éditions Meian), le mangaka Akira Sawano est arrivé au mois de mai dernier dans le catalogue des éditions Komikku avec The Last Elf - Le Salut des Esprits, sa dernière série en date, pour laquelle il est seul aux commandes. De son nom original "Saigo no Elf" (littéralement "la Dernière Elfe", le titre anglais/international étant donc très fidèle), cette oeuvre compte deux volumes à ce jour, et a été lancée au Japon en 2024 dans le magazine Comic Gardo de l'éditeur Overlap, magazine dans lequel l'auteur propose aussi sa version manga de Skeleton Knight in Another World.

On plonge ici dans un monde de fantasy où, autrefois, une longue guerre ensuite appelée la "guerre de cent ans" a violemment opposé le Saint-Empire de Shamar et l'Empire de Darom. Grâce à leur utilisation des esprits en tant qu'alliés, ce sont finalement les forces de Shamar qui l'ont emporté. mais après cette victoire, plus le temps passa et plus l'Empereur se mit à craindre à craindre le pouvoir des esprits qui lui fut pourtant si utile, si bien qu'il organisa leur disparition. Non seulement en brûlant tous les documents mentionnant leur existence, afin qu'ils disparaissent tout naturellement avec le temps. Mais aussi en commanditant l'extermination entière d'une ethnie très proche des esprits: les elfes.

Depuis cette période trouble, 200 ans se sont écoulés, et les esprits tout comme les elfes sont considérés comme éteints voire comme de pures légendes n'ayant jamais existé, d'autant plus que pendant cette longue période le Saint-Empire a connu une révolution industrielle avec tout ce que ça implique d'innovations: l'armée s'est tant renforcée que les aventuriers et leur guilde sont devenus anecdotiques pour lutter contre les monstres et autres dangers, des innovations comme les trains sont à présent solidement installées... bref, tout semble mener à une constatation: devenus inutiles à tel point qu'on ne sait même plus qu'ils existent, les esprits disparaissent peu à peu, naturellement, ou deviennent agressifs, en guise de derniers sursauts à une époque où leur raison d'être est révolue. Et pourtant, dans ce contexte qui a tant changé en deux siècle, erre depuis tout ce temps une âme qui s'est fixée pour mission de guider (et d'apaiser si besoin) les esprits pour leur offrir le salut en les renvoyant d'où ils viennent. Elle s'appelle Ahal, elle est ce qu'on appelle une "passeuse d'esprits", et elle est la dernière elfe encore en vie, ayant échappé au massacre d'autrefois...

Au fil de première petites affaires occupant Ahal, Akira Sawano pose petit à petit une histoire qui, au-delà de ses quelques phases de tension voire d'action, a surtout pour elle, dans ces débuts, un atmosphère assez douce-amère voire mélancolique ou nostalgique, puisque l'on suit une héroïne qui, en plus d'être vraisemblablement la dernière représentante de son espèce depuis 200 ans, parcourt le monde depuis tout ce temps avec son petit acolyte Glyphe (une sorte de piaf) dans le seul but d'offrir un salut décent aux esprits qui furent pendant si longtemps ses amis... et non sans l'espoir de, peut-être, tomber un jour avec d'autres elfes qui auraient survécu de leur côté. En ancrant son récit dans un monde de fantasy qui a muté, où la magie et les croyances d'autrefois ont peu à peu perdu leur place face à la révolution industrielle et à la science, le mangaka accentue très bien cette ambiance à-part, en plus d'amener ainsi à son oeuvre une part d'originalité, si bien que l'on s'y laisse très facilement emporter.

Mais loin de jouer uniquement là-dessus, Sawano sait déjà fort bien installer des éléments de background et des enjeux qui viennent peu à peu enrichir l'univers et promettre des choses qui ne se limiteront pas du tout au simple enchaînement de mission de passeuse d'esprits pour Ahal. Bien sûr, il y a d'emblée l'espoir en elle d'un jour retrouver d'autres elfes en vie, mais on pense aussi aux velléités de l'armée du Saint-Empire de Shamar qui se met sur les traces de notre héroïne, et plus encore au lien complexe qui pourrait se mettre en place avec la dénommée Shien, jeune fille victime malgré elle d'une malédiction, et normalement ennemie héréditaire d'Ahal au vu de son rôle de "pourfendeuse d'esprits" (au lieu de leur apporter le salut comme le fait Ahal, elle doit purement les exterminer) et de ce que ses ancêtres ont autrefois fait aux elfes... mais Shien peut-elle quelque chose à son "héritage" familial ? A-t-elle le choix au vu de sa malédiction ? La haine d'autrefois sera-t-elle forcément entretenue par ces deux filles qui n'ont rien demandé ? Seule la suite nous le dira, mais une chose est sûre: l'implication de l'armée entre elles risque de compliquer les choses...

Enfin, sur le plan visuel, saluons le bon travail d'un auteur qui confirme les bonnes choses déjà montrées dans Skeleton Knight in Another World: en plus d'un découpage et d'un rythme limpides, Sawano livre des planches assez riches, que ce soit dans les designs classiques mais soignés des personnages, dans l'expressivité, dans le bestiaire, ou surtout dans les contrées traversées par Ahal (nature sauvage comme villes).

Voici donc un premier volume très prometteur dans sa catégorie. Tout en sachant poser avec soin toutes les bases de son récit, Akira Sawano apporte une réelle saveur assez différente à son univers de fantasy où les avancées technologiques ont relégué les esprits au dernier plan, et sait en profiter pour entretenir une ambiance assez douce-amère et mélancolique qui, parfois, pourrait presque rappeler un peu Frieren bien que le contexte soit différent. On lira la suite avec beaucoup de curiosité et d'attentes, même s'il y a de quoi regretter que le tome 2, prévu en France en cette première semaine de juillet, nous fasse déjà rattraper le rythme de parution nippon.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction