La révolution des jeux Pokémon de 2019 à 2022 - Partie 1 : Pokémon Épée et Bouclier - Actualité manga
Dossier manga - La révolution des jeux Pokémon de 2019 à 2022 - Partie 1 : Pokémon Épée et Bouclier

Quand Pokémon cède aux DLC


Car en effet, Pokémon Epée et Pokémon Bouclier. ont marqué une grande première (et pas forcément bien vu ce que l'on pense généralement de ce système pompant toujours plus de fric) dans la saga, à savoir l'arrivée du concept des DLC.


L'étape de transition pour la saga s'annonçait cruciale avec cette génération, puisque pour la première fois dans l'histoire de la saga des opus canoniques n'étaient pas proposés sur une console purement portable, la Switch pouvant aussi faire office de console de salon. Comme toujours avec Pokémon, les attentes furent nombreuses, autant pour les raisons habituelles (la découverte de la nouvelle région et des nouvelles créatures...) que pour certaines promesses esquissées à travers des bandes-annonces, notamment l'arrivée de cet espace plus ouvert et propice à l'exploration qu'étaient les Terres Sauvages, ou le concept des Dynamax et de ses raids inspirés de Pokémon Go. Mais à l'arrivée, soyons honnêtes, et même si l'auteur de ce dossier a passé un très bon moment sur Epée/Bouclier, c'est un euphémisme de dire que les jeux ont divisé, sans doute plus encore que tout autre opus des générations précédentes. Malgré des environnements variés et très jolis avec des ambiances franchement réussies, des nouveaux concepts assez intéressants et une petite histoire classique mais bien campée et portée par quelques personnages très attachants, comme on a pu le voir dans les parties précédentes, le constat était sans appel: une technique à la ramasse par rapport aux possibilités de la Switch (ce qui nous rappelait bien que Game Freak n'était pas ou pas encore un développeur fait pour les consoles de salon), une durée de vie vraiment courte pour du Pokémon, un post-game pauvre une fois l'épilogue bouclé, le rendu des Terres Sauvages vivement critiqué et moqué pour différentes raisons plus ou moins justifiées... sans oublier le choix de ne pas rendre accessibles tout de suite tous les pokémon des générations précédentes, avec des justifications peu convaincantes de la part des équipes.

Bref, Epée et Bouclier, ce sont apparemment un peu les jeux que soit on aime, soit on déteste, tout dépendant de ce que vous attendez en premier lieu de jeux Pokémon. Suite au sentiment mitigé de nombre de joueurs, les développeurs devaient donc forcément "se racheter"... mais de quelle manière ? Allaient-ils opter pour la même solution que la 7e génération, avec Pokémon Ultra-Soleil et Ultra-Lune qui étaient sortis seulement un an après Soleil et Lune et qui obligeaient les joueurs à repayer plein pot le jeu sans que cela ne se justifie au vu du relativement peu de grosses nouveautés ?

Finalement, la réponse fut la sortie d'un DLC en deux parties et vendu 29,99€, une première puisque jusqu'à présent les développeurs s'étaient passés de cette possibilité si souvent exploitée (et critiquée) depuis plusieurs années. Furent donc au programme, la partie 1 "L'île solitaire de l'Armure" en juin 2020, puis la partie 2 "Les terres enneigées de la Couronne" arrivée en octobre 2020.



Continuant de s'inspirer des îles britanniques pour cette 8e génération, les développeurs, après avoir réexploité à leur sauce l'Angleterre pour Galar (en inversant la géographie du pays), nous convient dans un premier temps sur Isolmarmure, une petite île inspirée dans les grandes lignes (pour les environnements) de l'île de Man, une île autonome de la Couronne britannique normalement située entre l'Angleterre et l'Irlande, donc à l'ouest, mais que les développeurs ont préféré ici situer à l'est de Galar (histoire de continuer leur petit jeu d'inversions géographiques). Ce nouveau territoire insulaire devient accessible dès la première gare de Galar croisée dans le jeu, et il est donc bon de noter que si vous y allez alors que vous venez de commencer Pokémon Epée ou Bouclier, le niveau des Pokémon sur Isolmarmure s'adaptera à votre progression à peine entamée, en étant plus faible. En revanche, attendez-vous à plus de challenge (enfin, c'est vite dit...) si vous faites partie de celles et ceux ayant déjà bouclé l'aventure d'Epée/Bouclier et son épilogue, dans la mesure où tous les pokémon sauvages (ou presque) croisés à Isolmarmure seront au niveau 60. Notons qu'il n'y a pas de "niveau intermédiaire" où les créatures sauvages seraient "moyennement fortes" (genre, au niveau 30, 40... pour s'adapter à votre progression dans le jeu principal), ce qui aurait été inutile vu que, de toute façon, le scénario de ce 1e DLC ne peut être bouclé avant d'avoir terminé l'histoire du jeu principal. En somme, avoir accès à Isolmarmure dès le début du jeu principal, cela servait surtout aux néophytes qui auraient voulu capturer des espèces supplémentaires en vue de leur progression dans Epée/Bouclier.



Isolmarmure est donc, avant toute chose, un nouveau territoire, et qui dit nouveau territoire dit nouveaux environnements et nouvelles explorations. De ce côté-là, les développeurs semblent avoir voulu tenir compte des critiques des joueurs concernant les Terres Sauvages, leur étroitesse et leur aspect géographiquement foutraque, en proposant ici une île entièrement ouverte ! Une initiative plaisante, car même si le petit scénario de ce DLC reste somme toute linéaire et dirigiste, il est possible de partir explorer l'intégralité de l'île avant de s'attaquer à l'histoire. Et de ce côté-là, là où les Terres Sauvages restaient plutôt austères, ici la composition des lieux a été mieux pensée. Plaine, forêt, petite grotte, désert, falaises, et bien sûr abords maritimes sont de la partie, pour un rendu assez diversifié, faisant belle impression dès le départ avec son imposant Wailord au loin que l'on peut aller capturer, et doté de zones mieux achalandées et globalement plus logiques (pas comme les Terres Sauvages, quoi).

Bien sûr, au sein de ces contrées ouvertes, on retrouve les spécificités des Terres Sauvages, avec des pokémon qui poppent, le campement, des PNJ parfois bien utiles, la possibilité de participer à des raids en multijoueurs ou de croiser d'autres joueurs qui vous donneront des objets en leur parlant... En somme, rien de neuf dans l'exploration de ces terres, hormis le fait qu'elles soient mieux pensées, et la possibilité de laisser le premier pokémon de votre équipe sortir de sa poké ball pour vous suivre dans votre aventure. Un petit plus qui avait été oublié depuis quelques jeux (si l'on excepte les jeux Let's Go), pas spécialement utile, mais faisant toujours plaisir (mais si, c'est cool de se faire courser en continu par un Rhinastoc... non ?). Néanmoins, chaque pokémon ayant son allure, tous ne sauront pas vous suivre parfaitement, et il arrivera qu'ils se "téléportent" pour vous rattraper...

Bref, Isolarmure est une île qui, même si elle souffre du même retard technique que le jeu principal, est agréable à parcourir... mais cela suffit-il à la rendre passionnante ? Eh bien, la réponse est malheureusement non, en premier lieu parce que chaque environnement (en particulier la grotte, ridicule) reste petit, et qu'on fait donc assez vite le tour de tout ceci. Qui plus est, cette île censée être propice à l'entraînement manque cruellement de dresseurs contre lesquels se battre sur les routes, puisque ceux-ci sont tout bonnement totalement absents. Alors, que reste-t-il à faire dans ces contrées, hormis des raids entre autres ? Eh bien, éventuellement, capturer la grosse centaine de bestioles des générations précédentes venues enrichir le casting (heureusement qu'à l'époque où ils ont annoncé l'absence de nombre de Pokémon à Galar, les équipes des jeux avaient justifié ça en disant qu'ils ne pouvaient pas tous les inclure, au moins on a ensuite compris pourquoi...), si tant est que vous ne préfériez pas "gagner du temps" en important plutôt vos pokémon des précédents jeux dans le Pokémon Home. Ou alors, vous lancer dans une quête de Taupiqueur d'Alola cachés sous terre (seuls leurs 3 cheveux dépassent) pour ensuite récupérer des formes d'Alola disponibles dans le jeu uniquement par ce moyen. Un concept reposant sur le même principe que la recherche d'emblèmes et de cellules de Zygarde dans la 7e génération, qui est amusant au départ en poussant à l'exploration d'Isolarmure avec un objectif plus concret, mais qui peut finir par gonfler quand il ne reste quasiment plus de Taupiqueur à dénicher.



Passons désormais au scénario... si l'on peut appeler ça comme ça, tant l'histoire de L'île solitaire de l'Armure repose sur trois fois rien. Arrivé sur l'île, votre quête principale sera d'atteindre le dojo de l'île, où Mustar, un ancien maître de la ligue, fait suivre ses entraînements à ses disciples. Pour faire vos preuves, préparez-vous donc à... courser des Ramoloss, cueillir des champignons, et trouver du miel non sans venir en aide à une Fragilady et son petit. Si si. Particulièrement anecdotiques, ces petites missions sont parfois certes bien mignonnes, mais n'ont rien de palpitant et se bouclent en peut-être une heure.

A part ça, vous aurez droit quand même à quelques combats, fort heureusement, dont un avec possibilité de gigamaxer. Dans cette optique, les développeurs ont cru bon de vous faire subir un nouveau rival, Saturnin, un spécialiste des pokémon Psy hautain et insupportable, qu'on est bien content de ne devoir supporter que quelques heures tant il n'a aucun intérêt (notons que dans la version Epée ils 'agit d'une autre rivale, Sophoroa, une spécialiste Poison apparemment tout aussi irritante). On préférera donc retenir Mustar lui-même, ce vétéran étant évidemment le plus redoutable combattant de l'île, et étant plutôt fun en renouant souvent avec l'humour un peu décalé/crétin que l'on retrouve régulièrement dans les jeux Pokémon (mais qui était un peu absent de cette 8e génération jusque-là).

Néanmoins, cette petite histoire semble surtout être un prétexte pour introduire le nouveau pokémon vedette d'Isolmarmure: le légendaire Wushours, unique nouvelle bestiole de ce DLC (on ne va pas compter le Ramoloss de Galar, hein, seule autre "nouveauté" côté créatures...). Un nouveau pokémon de type combat, qui ne pense qu'au combat avec des valeurs typiques d'un dojo de samouraï bien sûr, mais solitaire et manquant d'expérience, et qui vous sera donc confié par Mustar. Le but est simple: se lier d'amitié avec lui et l'entraîner pour qu'il devienne assez fort afin d'ensuite combattre dans l'une des deux tours du jeu (Eau ou Ténèbres) afin de faire évoluer l'animal dans l'une de ses deux formes (correspondant à la tour choisie, donc dites-vous qu'il n'est pas possible d'avoir les deux forment de l'évolution de Wushours dans le même DLC). En proposant un légendaire qui non seulement évolue, mais qui en plus est présent deux fois dans le jeu (Mustar ayant le sien), on notera que Game Freak continue d'étirer un peu selon ses besoin son concept de légendaires. A part ça, Wushours est une petite bête facilement attachante le temps de ces quelques heures, et dotée d'une évolution qui a vraiment de l'allure, même s'il faut avouer que le besoin de le faire monter de niveau en vue de l'épreuve de la tour est un moyen grossier pour essayer de rallonger la durée de vie. Plutôt que de passer des heures à farmer l'animal, nul doute que beaucoup ont préféré le gaver de bonbons d'expérience, facilement trouvables.



Bien sûr, il y avait pas mal d'autres petites choses à découvrir dans ce DLC, comme de nouveaux Gigamax, la récolte des éléments nécessaires à l'évolution de Ramoloss de Galar, les améliorations (peu utiles) du dojo, ou la présence de nombreux objets d'amélioration pour les pokémon, ce qui faisait d'Isolarmure un endroit particulièrement intéressant pour peaufiner vos bestioles de manière stratégique. Mais en dehors de ça... eh bien, L'île solitaire de l'Armure, c'est pauvre. L'île est bien plus chouette que les Terres Sauvages mais encore trop petite, le scénario se boucle en à peine 3h et est totalement basique (peut-on vraiment appeler ça un scénario ?), la part d'exploration ne propose pas assez de richesse... si bien que le sentiment de trop vite faire le tour du truc est inévitable. On passe éventuellement un bon petit moment, mais c'est malheureusement un peu trop vide pour le prix, et c'est donc vraiment la 2e partie, "Les terres enneigées de la Couronne", qui a décidé si ce DLC vaut vraiment le coup.

  

Alors justement, qu'en a-t-il été de la deuxième extension sortie en octobre 2020 ? Eh bien globalement, on peut dire qu'à côté d'elle, la 1e extension n'était vraiment qu'un hors d'oeuvre.

Tout en bénéficiant de cadres naturels mieux achalandés que dans les Terres Sauvages, tout comme ce fut le cas à Isolarmure, le territoire de Couronneige s'est révélé déjà beaucoup plus riche car plus grand, avec un scénario toujours aussi basique voire irritant (à cause du PNJ vous accompagnant, complètement neuneu)  mais plus présents, l'arrivée de deux nouveaux légendaires (en réalité trois, puisqu'il faut choisir entre deux formes à un moment) au concept de fusion intéressant, et la possibilité de capturer plus de pokémon différents dont plusieurs légendaire des générations précédentes et mêmes les formes de Galar des trois oiseaux légendaire de la toute première génération. Et il n'y a pas forcément grand chose à dire de plus sur cette deuxième extension, dans la mesure où elle est exactement dans la même veine que la première: au-delà des richesses un peu plus présentes (ce qui monte aussi la durée de vie), c'est du kiff-kiff niveau textures pauvres des graphismes et aspect soporifique du petit semblant de scénario.


Reste le Tournoi des Champions, rendu accessible une fois le "scénario" à Couronneige achevé. Au programme, un tournoi en équipe de deux entre les différents champions et autres challengers de la région de Galar, ou vous avez le choix entre les différents PNJ combattants pour être votre partenaire. L'intérêt vient surtout de la réunion de l'efficace casting des jeux et de la possibilité de gagner beaucoup d'argent, mais on en fait très vite le tour.



A l'arrivée, ces deux parties du DLC peuvent surtout donner le même sentiment que les remakes Ultra-Soleil/Ultra-Lune pour les jeux Soleil/Lune: on a fortement l'impression que les équipes de Game Freak, sans cesse pressées par The Pokémon Company pour sortir le jeu Pokémon annuel, n'ont pas eu suffisamment de temps pour peaufiner intégralement leur jeu, et qu'elles doivent ensuite se rattraper comme elles peuvent en sortant des remakes ou des DLC. Reconnaissons quand même un mérite à ces deux extensions: elles ont sans doute permis aux développeurs de s'exercer un peu plus dans la conception et l'agencement de territoires en monde ouvert, quand bien même ces mondes à explorer restent microscopiques par rapport à bien d'autres jeux.



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